Le manque de personnel affecte le service chez Taxi Central

Le manque de personnel affecte le service chez Taxi Central
Charles Lambert, propriétaire, explique que le mauvais service chez Taxi Central est dû au manque de personnel. (Photo : Ghyslain Bergeron)

TAXI. Les heures d’attentes interminables chez Taxi Central ne sont pas un mythe. Même le propriétaire Charles Lambert reconnaît la situation, qui est hors de son contrôle. Il a de la difficulté à trouver des conducteurs pour ses voitures et ainsi répondre «aux milliers d’appels hebdomadaires.»

«Effectivement, nous avons des problèmes avec les temps d’attentes, avoue Charles Lambert. C’est arrivé malheureusement que les clients patientent une heure plus.»

Ce dernier est bien conscient de la situation et des critiques logées envers son entreprise. C’est que Taxi Central «n’arrive pas à répondre à la demande» de ses clients, à cause du manque de main d’œuvre.

Même s’il détient 35 permis, il faut comprendre qu’il n’y a jamais 35 conducteurs sur la route en même temps. «On roule au maximum que l’on peut. C’est évident que je ne laisserais pas un taxi dans la cour pour le plaisir. Si je pouvais avoir 35 taxis sur la route, je le ferais», lance-t-il au bout du fil.

Selon le propriétaire de Taxi Central, le recrutement de nouveaux employés est une tâche colossale.

Un long processus d’embauche

Avant d’embaucher un nouvel employé, Charles Lambert doit lui faire passer un examen médical, un examen de la vue, un examen à la SAAQ et il doit faire examiner son dossier criminel par la Sûreté du Québec .

«Ce processus peut durer jusqu’à six semaines. Lorsque je suis prêt à finalement embaucher la personne, elle s’est déjà trouvé un autre emploi. Qui attendrait six semaines alors qu’il a des jobs partout à Drummondville? C’est un gros frein pour moi», explique-t-il.

Qui plus est, Charles Lambert reconnaît que les heures de nuit sont les moins populaires auprès de ses chauffeurs. Les fêtards sont une partie du problème.

«Les chauffeurs ne veulent pas travailler la nuit parce que c’est juste des insultes, des menaces, du vomi et des gens qui lancent leur argent par la tête de ceux-ci. C’est surtout ça la clientèle de nuit. C’est bien compréhensible que personne ne veut travailler dans ces conditions», admet-il.

Il se pourrait bien que des changements soient apportés prochainement aux heures d’ouverture de Taxi Central (NDLR : au moment d’écrire ces lignes, la décision d’apporter des changements aux horaires n’était pas encore finale).

«Nous allons probablement revoir nos horaires afin d’améliorer le service à la clientèle. Il y a certaines villes sur la Rive-Sud, comme Candiac, qui n’offrent pas de service de taxi la nuit en semaine. On n’est pas un service essentiel. On l’est juste dans la tête des gens. Au niveau administratif, on subit les lois comme tout le monde», a-t-il laissé sous-entendre.

Réduire ses heures d’ouverture lui permettrait «d’offrir quelque chose de plus intéressant à ses chauffeurs» et il espère ainsi avoir plus de facilité à embaucher.

Des salaires peu attrayants

Du point de vue d’un chauffeur de taxi de Drummondville – qui a préféré taire son identité – les salaires peu élevés dans l’industrie ne sont pas très attirants pour les nouveaux employés. D’ailleurs, ce dernier possède un deuxième emploi pour subvenir aux besoins de sa famille.

«Je pense qu’à Drummondville, quelqu’un qui veut vivre du taxi doit faire au moins 70 heures par semaine», croit-il. Les conducteurs font leur salaire grâce à un pourcentage sur le minuteur ainsi qu’avec les pourboires que laissent les clients.

Ce dernier est bien conscient que les temps d’attente pour les clients sont parfois très longs, surtout les weekends. Heureusement, il reconnaît que les clients, même s’ils ont attendu longtemps avant d’avoir un taxi, sont très compréhensifs. «Les clients chialent un peu, mais ils comprennent bien que ce n’est pas de notre faute.»

Puis d’un autre côté, ce sont plutôt les employés qui doivent parfois patienter, particulièrement les jours de semaine.

«Ça arrive que l’on ne reçoive pas d’appels pendant de longs moments en semaine. Donc s’il y a davantage de voitures en circulation, ça devient encore moins payant pour nous. Bref, c’est un couteau à double tranchant», explique-t-il.

Il voit souvent de nouveaux employés quitter leur travail de conducteur de taxi «après deux semaines, à cause du salaire.»

Les appels reçus à Longueuil   

Depuis près d’un an et demi, les appels qui entrent chez Taxi Central sont répartis par une entreprise de Longueuil. Charles Lambert a pris cette décision en voyant son nombre de répartiteurs diminuer à vue d’œil. Ce dernier ne voit que du positif, ou presque, à cette nouvelle façon de procéder.

«On a innové beaucoup de cette façon. Leurs systèmes sont informatisés, ils ont des géolocalisateurs sur les voitures et les appels sont répartis électroniquement», explique-t-il.

Le propriétaire ne voit qu’un seul inconvénient. «Les clients doivent donner une adresse précise. Ils ne peuvent pas dire qu’ils sont par exemple au parc Woodyatt.»

Sauf que, d’après le conducteur de taxi rencontré par L’Express, cette nouvelle façon de procéder n’a rien de révolutionnaire. «Au début c’était le bordel, car les répartiteurs à Longueuil ne connaissent pas Drummondville. Ç’a pris un moment d’adaptation. Je pense que d’envoyer les appels à là-bas, ça permet tout simplement de sauver de l’argent à la compagnie», pense-t-il.

Ce dernier se fait souvent raconter, par ses clients, que les répartiteurs n’offrent pas un service acceptable. «Les gens se font crier après au téléphone ou on leur raccroche la ligne au nez. Ils se font aussi dire d’appeler une autre compagnie s’ils ne sont pas satisfaits, sauf qu’il n’y a qu’une seule compagnie à Drummondville», met-il en relief.

L’Express a rencontré de nombreux utilisateurs du service de taxi qui ont rapporté des situations semblables.

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