De fonctionnaire à entrepreneuse

Photo de Frederic Marcoux
Par Frederic Marcoux
De fonctionnaire à entrepreneuse
Émilie Langlois. (Photo : Ghyslain Bergeron)

L’EXPRESS MAGAZINE. Quitter la vie de fonctionnaire pour se lancer en affaires. C’est ce qu’a fait la propriétaire des Confections Lili, Émilie Langlois, du jour au lendemain, sans même le réaliser pleinement, en se trouvant une vocation à l’aide des couches lavables.

«J’ai étudié en intervention en milieu carcéral. Je postulais pour être fonctionnaire au gouvernement. Je ne suis plus là du tout, souligne la principale intéressée avec le sourire. Ç’a été long avant que je me dise : “je suis une entrepreneuse”.  Dans ma tête, ça fait juste un an et demi que je l’accepte. Je ressentais le sentiment d’imposteur, d’une certaine façon. Je n’étais pas sûre de ce que je ferais avec ce projet.»

En 2015, après la naissance de son premier enfant, Émilie Langlois voulait absolument utiliser des couches réutilisables pour faire sa part sur le plan environnemental. Hors de question pour elle de contribuer aux 600 millions de couches jetables envoyées dans les sites d’enfouissement chaque année au Québec, un des déchets les plus présents dans les dépotoirs. Bourreau de travail, elle a franchi plusieurs obstacles alors qu’elle était en congé de maternité.

L’entreprise drummondvilloise existe depuis bientôt quatre ans. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Je voulais utiliser des couches lavables, mais elles étaient toutes trop grandes. J’avais des notions de base de couture et j’ai commencé à les faire. Elles étaient belles et j’en vendais aussi à des amies. Je voulais m’occuper, lors de mon congé de maternité, et ç’a continué de grossir. J’ai décidé de voir où cela pourrait me mener», raconte Émilie Langlois.

Bingo! L’entrepreneuse déterminée venait de trouver sa niche avec un produit lavable et évolutif, qui s’ajuste selon la croissance du nouveau-né. Dans un petit local de la Société de développement économique de Drummondville (SDED), le projet qu’elle a vu naître croît encore plus rapidement que les tout-petits . Elle affirme être en mesure vivre de son entreprise depuis dix mois. Maintenant, tous les rêves sont permis. Sa compagnie produit désormais 300 couches sur une base hebdomadaire. Certains acheteurs en ligne sont européens.

«Ce que j’aime de l’aspect entrepreneurial est la satisfaction du travail accompli, informe-t-elle. C’est concret, c’est créatif et c’est stimulant. Le stress et tout ce qui vient avec ça, comme le manque de sommeil, en valent vraiment la peine!»

Encore aujourd’hui, la dame âgée de 28 ans ignore le plein potentiel de son produit conçu en polyester. Elle est récemment parvenue à acquérir la compagnie Dahlia wrap spécialisée dans les écharpes portatives pour bébé.  Même si elle ne sait pas quel chemin prendra Les Confections Lili dans les prochaines années, la Drummondvilloise est certaine d’une chose : le côté écologique sera toujours mis de l’avant dans ses projets.

Lutter contre les préjugés

(Photo Ghyslain Bergeron)

Émilie Langlois insiste sur la nécessité de démystifier les idées préconçues des couches réutilisables. Si elles évoluent, la mentalité des consommateurs devra en faire autant.

«Il faut simplement les intégrer à notre routine, juge-t-elle. Les couches vont dans la laveuse et la sécheuse. Tu dois les entreposer au sec et ça demande deux brassées par semaine. J’envoie le plus gros des selles dans la toilette après chaque utilisation. Il ne s’agit plus de langes de coton difficiles à attacher. Il n’y a plus de trempage dans l’eau de javel à faire non plus. Il y a encore beaucoup de tabous à briser.»

Fabriqués avec des fibres de chanvre, les inserts des couches, qui servent d’absorption, limitent les odeurs nauséabondes.

Une couche lavable peut coûter entre 35 et 40 $ l’unité. Un parent doit donc débourser plusieurs centaines de dollars pour les acquérir, mais il économise à long terme, puisque des couches jetables peuvent coûter jusqu’à 2000 $ par bébé. Pour réduire la quantité de déchets à long terme, 250 municipalités québécoises subventionnent les familles pour les aider à acquérir ce produit écologique, comme la municipalité de Saint-Guillaume.

Partager cet article