Agressions sexuelles : l’occasion pour les hommes de briser le silence

Photo de Frederic Marcoux
Par Frederic Marcoux
Agressions sexuelles : l’occasion pour les hommes de briser le silence
Sophie Bergeron et Karine Beaulne. (Photo : Frédéric Marcoux)

CAVAC. Les hommes victimes d’abus sexuels durant leur enfance pourront de nouveau profiter d’un groupe de soutien à Drummondville pour les aider à combattre leurs démons.

La mesure d’aide est dirigée conjointement par le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) et par le Centre de ressources pour hommes Drummond. Ce dernier tiendra une séance hebdomadaire pendant dix semaines. Un homme et une femme animeront les séances qui aborderont plusieurs thèmes reliés aux conséquences d’une agression sexuelle comme la sexualité, les relations interpersonnelles et les émotions.

«Ça permet aux hommes de briser le silence, de réaliser qu’ils ne sont pas seuls et que d’autres victimes vivent exactement les mêmes conséquences qu’eux. La plupart des hommes taisent leur agression entre 30 et 45 ans», constate Karine Beaulne, une intervenante au CAVAC.

Le groupe de soutien est de retour après une année d’absence. Le défi de rassembler suffisamment d’hommes est toujours présent.

«Il y a encore plein de gars qui pensent qu’ils n’ont nulle part où aller pour se faire aider et que le CAVAC est uniquement pour les femmes, explique la directrice de l’organisme, Sophie Bergeron. C’est un défi pour nous de rejoindre les hommes de la région, car ils n’ont pas souvent le réflexe d’aller chercher de l’aide.»

Même s’ils pensent que leur situation est unique, ils vivent tous les mêmes défis, selon Karine Beaulne.

«Dans tous les cas, les hommes ont éprouvé de la honte, un sentiment de culpabilité, en plus d’avoir des pensées suicidaires. Tous, sans exception, même si j’aimerais dire le contraire», a-t-elle insisté.

Impacts positifs

Ayant dirigé trois groupes de soutien depuis 2016, Karine Beaulne se souvient d’un homme qui a assisté aux rencontres, mais qui se montrait très peu bavard. Rappelons que les ateliers offrent parfois une tribune aux hommes qui ressentent le besoin de raconter leur expérience.

«Il m’a dit que le simple fait d’entendre ce que les autres vivaient lui a permis de réaliser qu’il n’était pas fou, raconte-t-elle. Il se sentait libéré, moins coupable et moins honteux. Ça ne règle pas tout ce qu’on fait, mais on défait des tabous et on brise des mythes. On veut que les hommes parviennent à faire du ménage au chapitre des conséquences des agressions dans leur vie.»

Dans un autre cas, le soutien du CAVAC a permis à un homme de changer sa vision des choses. À l’origine, il ne voulait pas d’enfant, de peur de devenir un agresseur, puisqu’il a été victime d’abus sexuels durant son enfance. Après avoir été chercher de l’aide, il est aujourd’hui père de trois enfants.

«On n’a pas de baguette magique. On veut juste faire en sorte que le boulet soit moins lourd à porter», image Karine Beaulne.

Le groupe de soutien commencera le 1er octobre au Centre de ressources pour hommes Drummond. Les rencontres sont confidentielles. Karine Beaulne a bon espoir de rassembler une dizaine d’hommes dans son groupe. Les intéressés peuvent la contacter par courriel au kbeaulne@cavaccdq.ca ou par téléphone au 819-472-1110 et composer le 4, suivi du 1, un peu plus tard, pour discuter directement avec elle.

Partager cet article