Une miraculée au camp du GTI de la Sûreté du Québec

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Par Ghyslain Bergeron
Une miraculée au camp du GTI de la Sûreté du Québec
L’agente Sabrina Cheeney est la première femme a avoir été sélectionnée pour le camp d’entraînement du GTI de la Sûreté du Québec. (Photo : Ghyslain Bergeron)

POLICE. Le Canal D propose depuis le 26 août un documentaire sur les dessous du camp de sélection du Groupe tactique d’intervention (GTI) de la Sûreté du Québec (SQ). L’agente Sabrina Cheeney du poste de Drummondville est la première femme à avoir franchi l’étape de sélection. Et comme si cela n’était pas suffisant, elle a été admise au camp d’entraînement seulement trois ans après un terrible accident de voiture qui lui a fracturé 7 vertèbres.

C’est tête première que l’agente Cheeney s’est lancée dans l’aventure. La policière, qui avoue aimer les défis qui sortent de l’ordinaire, n’était pas stressée de faire partie du camp.

«Je n’ai pas peur, j’aime foncer et être sur le terrain. À la suite de mon accident, c’était un beau défi que je m’étais lancé», a-t-elle exprimé.

L’agente Cheeney portait le numéro 50 lors du camp du GTI.

Avant de pouvoir faire son entrée dans le groupe sélect des agents du GTI, Mme Cheeney a dû participer aux tests physiques qui se déroulaient en mai 2018. «Je n’avais pas de doute sur ma forme physique, mais dans ma tête, j’étais trop jeune en ancienneté pour être acceptée. Alors, quand j’ai appris par courriel que j’étais sélectionnée, il y a eu ce mélange d’excitation et de stress, surtout lié à l’inconnu, car en étant la première femme à intégrer le groupe, je n’avais aucune référence», a affirmé la femme de 29 ans.

C’est en octobre 2018 que la cinquantaine de policiers et d’enquêteurs s’est présentée au camp de recrutement du GTI. Sans rien savoir, devant l’inconnu total, la ‘’game’’ mentale s’est amorcée avec l’accueil des prospects.

«C’était un bon stress. On ne savait jamais à quoi s’attendre et encore moins quand ça allait se terminer. Est-ce que la simulation va durer 15 minutes ou trois heures… en fait, c’était comme dans la réalité. Le plus difficile c’était de ne pas avoir de compte rendu de nos performances. Il n’y avait pas de moyen de savoir si on avait bien fait ou non», a expliqué Mme Cheeney qui avoue avoir complètement oublié l’équipe de télé lors de son entraînement. Justement, dans le premier épisode du documentaire présenté le 26 août dernier, les candidats étaient placés devant une situation perdante sur toute la ligne afin de voir leurs réactions. Malgré tout, les simulations ont permis aux candidats d’acquérir des outils qui pourront leur servir au quotidien dans leurs fonctions respectives.

Au cours de la dizaine de jours d’entraînement, des épreuves ont été plus difficiles que d’autres. Pour l’agente Cheeney, la chambre à gaz semblait être le plus grand défi à relever. «J’anticipais beaucoup que ce soit le pire moment de mon expérience, car on en avait entendu parler. Mais ça super bien été. Je me suis vraiment bien contrôlée. Par contre, la piscine, avec la fatigue mentale et physique, a été un gros morceau. Après deux jours, j’avais l’impression d’avoir vécu une semaine complète d’entraînement!», a raconté l’agente qui possède sept années d’expérience au sein des services de police

L’agente Cheeney patrouille à Drummondville.

Reste à savoir si Sabrina Cheeney a pu tenir le coup lors du camp d’entraînement du GTI. La boîte de production Pixcom nous assure que l’agente est bien présente au cours des quatre premières semaines de diffusion.

«Elle est un personnage important pour nous. Je crois que toute l’équipe a été impressionnée par sa performance. Ç’a été épuisant pour nous aussi, mais notre expérience a fait la différence lors du tournage. C’est tout de même un an de préparation afin de pouvoir produire un documentaire de la sorte», a exprimé Isabelle Ouimet, productrice chez Pixcom.

Une épreuve de courage

Avant d’enfiler le dossard numéro 50 du camp de formation GTI, Sabrina Cheeney a dû se relever d’un accident de voiture majeur survenu, il y a à peine quatre ans, le 28 octobre 2015. Alors qu’elle se rendait au travail vers 14 h 30, elle a fait une embardée dans une bretelle de l’autoroute 55, à la hauteur de Bromptonville. «On ne sait pas trop ce qui est arrivé. Sois je me suis endormie ou j’ai eu un malaise. Ma voiture a fait des tonneaux. Ça, c’est certain. J’ai perdu connaissance. Quand je suis revenue à moi, j’ai vite réalisé ce qui m’arrivait. J’ai bougé mes pieds et mes mains afin de m’assurer que je n’étais pas paralysée, mais je croyais être aveugle d’un œil, car il y avait beaucoup de sang qui coulait de ma tête et ça troublait ma vision. Je ne suis pas croyante, mais j’ai prié», a raconté Mme Cheeney.

Sabrina Cheeney a dû porter un corset de type «Halo» pendant deux mois à la suite de son accident.

Rapidement, des passants, dont un camionneur, sont venus à son secours. Par la suite, les services d’urgence sont arrivés pour l’extirper de la carcasse de son véhicule.

«Je dois dire que les ambulanciers, les pompiers et même mes collègues policiers ont fait un travail exemplaire pour me stabiliser. Avec un traumatisme crânien qui m’a valu une cicatrice de sept ou huit pouces de long et sept vertèbres fracturées, c’est un miracle que je puisse bouger aujourd’hui», a-t-elle expliqué.

L’opération pratiquée en soirée aura duré plus de quatre heures. Même si les médecins jouaient de prudence quant à l’avenir de l’agente, ils ont réussi l’impossible. «Au réveil, j’ai demandé aux intervenants si je pourrais jouer au hockey avec mes amis… J’avais un excellent mental. J’ai su voir le positif à travers cette épreuve et j’ai décidé de faire confiance à la vie. J’étais bien entourée. Mes proches et mes collègues n’ont jamais cessé de m’encourager. Sur mon lit d’hôpital, je me voyais déjà retourner sur la route. Ce but que je m’étais donné m’encourageait et me motivait», a tenu à mentionner Mme Cheeney.

Qualifiée de miraculée par les différents intervenants lors de son hospitalisation, elle aura déjoué tous les pronostics émis par les professionnels.

L’agente Cheeney a repris l’entraînement rapidement.

«J’ai porté un corset de type «Halo» (appareil qui immobilise la tête à l’aide d’un cerceau et de vis) pendant deux mois. Je suis sortie des soins intensifs seulement un jour après l’opération et de l’hôpital après six jours. Quelques semaines plus tard, j’ai demandé à mon médecin si je pouvais reprendre l’entraînement. J’étais vraiment motivée», a ajouté la policière originaire de Saint-Damase, en Montérégie.

Après avoir réussi différents examens médicaux de la Sûreté du Québec et obtenu de nouveau des certifications à la SAAQ, Sabrina Cheeney a repris du service graduellement en juillet 2018.

«Ç’a changé ma vision de la vie. Je ne chiale plus pour rien, car tout peut basculer en un rien de temps. Je ne me serais pas vu faire autre chose, car j’ai ma place au sein des forces policières. J’encourage les femmes à foncer dans des milieux masculins et ne pas avoir peur», a-t-elle lancé.

Sabrina Cheeney s’implique aussi comme ambassadrice et agente recruteur au sein de la Sûreté du Québec.

Le GTI en chiffres

  • 300 candidatures
  • 55 candidats retenus pour le camp GTI
  • 10 jours de camp d’entraînement
  • Les candidats qui terminent le camp se comptent sur les doigts d’une main
  • Les élus doivent se soumettre à une autre formation d’une durée de 5 semaines
  • Le camp de sélection se déroule une fois aux quatre ans

    La policière de 29 ans a subi un traumatisme crânien.
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