L’appel de la montagne

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Par Frederic Marcoux
L’appel de la montagne
Carl Giroux durant l’une de ses ascensions. (Photo : Gracieuseté)

MAGAZINE. Carl Giroux est tombé dans la potion magique de l’escalade à l’âge de 14 ans. Sa passion l’a dirigé tout naturellement vers l’alpinisme, un sport qui lui permet aujourd’hui de découvrir le monde… de haut.

Quelques mois après avoir découvert ce sport, à l’école La Poudrière de Drummondville, Carl Giroux est sorti à l’extérieur pour vivre sa passion, puisque «la vraie vie, c’est dehors que ça se passe», comme il se plaît à répéter à qui veut bien l’entendre. Le mur d’escalade intérieur a donc rapidement cédé sa place à des paysages grandioses. En passant par l’Alaska, le Pérou, l’Équateur, l’Ouest canadien et américain, le passionné en a fait du chemin… et il en a monté des montagnes!

«Je ne mise pas sur la performance, j’essaie simplement de voyager chaque année. C’est tripant de vivre sa passion en découvrant d’autres cultures. Quand je fais de l’alpinisme, je suis dans ma bulle. Je <@Ri>focusse<@$p> à 100 % sur la montagne et j’oublie le stress du quotidien. Les voyages, ce sont des parenthèses dans ma vie», image Carl Giroux.

Lorsqu’il part en expédition, toujours avec un coéquipier, il ne vise pas nécessairement le sommet à tout prix. Même qu’il s’agit d’un objectif bien secondaire pour ce père de trois enfants.

Carl Giroux et sa famille au sommet du mont Lafayette.

«Je ne recherche pas un chiffre magique et je n’ai pas en tête d’atteindre les sommets de chaque continent (les sept sommets), précise-t-il. Il y a des monts qui, même s’ils font partie des hauts sommets, ne sont pas très intéressants. Je recherche une montagne qui est belle et qui est le <@Ri>fun<@$p> à grimper. Vous savez, les gens font la queue au sommet de l’Everest. C’est complètement hallucinant de voir à quel point c’est dangereux. Pour ma part, j’essaie de trouver des montagnes plus tranquilles.»

L’entêtement n’a pas sa place

Aux yeux de celui qui est également paramédic, la sécurité prime lorsqu’il pratique son sport. En 2016, alors que son coéquipier a été affecté par le froid et l’altitude, Carl Giroux a dû lancer la serviette à 300 mètres d’atteindre le sommet du mont Denali en Alaska, la plus haute montagne de l’Amérique du Nord. Celle-ci culmine à 6194 mètres d’altitude. Même s’il venait de passer près de 15 jours sur la montagne, Carl Giroux a le sentiment, encore aujourd’hui, que la décision qu’il a prise à ce moment-là était la bonne.

«J’y retourne en 2020. La dernière fois, on s’est rendu à 5900 mètres quand on a décidé de revenir sur nos pas pour sauver les doigts et les orteils de mon coéquipier. On s’était dit que la montagne serait toujours là et qu’on allait y retourner. C’était une décision crève-cœur, car on a passé un an à se préparer et à rêver de cette expédition. Il faut apprendre à ne pas s’entêter. Pour que l’ascension soit réussie, il ne faut pas seulement atteindre le sommet, il faut revenir vivant.»

«Atteindre un sommet, c’est tripant, mais il n’y a pas juste ça, poursuit le Germainois. Quand on passe 20 jours sur une montagne avec un partenaire, on s’amuse, on rit et on prend de magnifiques photos. Il y a des gens qui veulent grimper à n’importe quel prix, mais ce n’est pas mon cas. L’expérience humaine est importante et je dois avoir confiance en mes partenaires.»

D’ailleurs, quelques jours avant l’heure de tombée de L’Express Magazine, Carl Giroux comptait monter le mont Rainier, un stratovolcan de l’État de Washington, à 100 kilomètres de Seattle, aux États-Unis.

Popularité croissante dans la région

Dans la région, l’escalade de blocs, une activité qui se pratique à l’intérieur, est accessible au public depuis 2017, précisément au centre L’Escarpé, situé rue Demers à Drummondville.

Carl Giroux sur le mont Denali, en Alaska.

«L’escalade de blocs s’est beaucoup développée au cours des dernières années, soutient Lysandre Beauchemin, copropriétaire. Tranquillement, on voit plus de gens qui s’y intéressent.»

L’Escarpé accueille près d’une cinquantaine de visiteurs quotidiennement. Le personnel en place déploie un effort constant afin de se faire connaître auprès de la population.

«Les gens qui étaient intéressés par l’escalade nous attendaient depuis très longtemps, exprime Mme Beauchemin qui a découvert cette activité à l’université. Je souhaite que les gens réalisent à quel point elle peut enrichir une vie. Elle peut nous mener à nous entraîner, à grimper dehors et à voyager!»

Son partenaire d’affaires, Simon-Louis Pépin, abonde dans le même sens.

«Les gens qui découvrent l’escalade peuvent réaliser à quel point c’est facile de s’initier au sport et il y a plein d’opportunités. Il y a des défis pour tout le monde», dit-il.

Les partenaires d’affaires ont particulièrement hâte aux prochains Jeux olympiques d’été qui ouvriront la porte à ce sport pour la toute première fois.

«J’espère que les Jeux olympiques briseront les mythes et les préjugés, laisse entendre la femme d’affaires. L’escalade est beaucoup plus accessible qu’on le pense. Il n’y a pas juste les gars <@Ri>top shape<@$p> qui peuvent bien faire. Les filles peuvent très bien se démarquer aussi. Et le sport est plus sécuritaire et accessible qu’il ne l’était à l’époque. On est rendu à un autre niveau!»

Sport olympique

Selon Carl Giroux, l’escalade et l’alpinisme ont tout pour séduire les jeunes et les moins jeunes. Ces sports exigent néanmoins certaines aptitudes, comme celle d’être capable d’analyser rapidement différentes situations. Pour ce qui est de l’escalade de vitesse, la discipline sera de la programmation des prochains Jeux olympiques d’été, à Tokyo, en 2020.

Les parents qui voudraient d’ailleurs y initier leurs enfants n’ont rien à craindre.

«C’est sécuritaire, assure Carl Giroux. Les parents n’ont pas à s’inquiéter, puisqu’il y a des normes à respecter. À certaines hauteurs, les jeunes doivent s’attacher et il y a des matelas à l’intérieur en cas de chute. Les centres d’escalades offrent une formation et expliquent comment tomber sans se blesser. Il faut y aller étape par étape. J’ai commencé à l’intérieur, avant de grimper dehors. La passion que j’avais à 14 ans est toujours la même aujourd’hui, à 39 ans.»

Les prochains Jeux olympiques d’été se tiendront du 24 juillet au 9 août 2020, à Tokyo, au Japon.

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