«Dévier un cours d’eau n’est pas une chose qui arrive souvent»

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Par Jean-Pierre Boisvert
«Dévier un cours d’eau n’est pas une chose qui arrive souvent»
Le cours d’eau dévié dans le Domaine du Centre. (Photo : (Photo gracieuseté - Jean-Philippe Gagnon))

ENVIRONNEMENT. La conscience environnementale est telle aujourd’hui qu’aucune action, provenant d’un promoteur domiciliaire ou d’un industriel, ne peut être posée sans que les autorités ministérielles et locales ne l’autorisent, comme c’est le cas pour la déviation d’un cours d’eau dans le Domaine du Centre, secteur Saint-Nicéphore.

Dévier un cours d’eau, pour construire un développement résidentiel, n’est pas une affaire banale. Le promoteur Rouick a dû faire la demande et déposé les documents nécessaires, dont une étude d’impact, auprès du ministère de l’Environnement pour obtenir l’autorisation de détourner un cours d’eau, sur une distance de 600 mètres, dans le développement du Domaine du Centre, un projet de 21 hectares. Ce qui n’a pas manqué de soulever un questionnement, voire une inquiétude, chez certains résidents du secteur, dont Jean-Philippe Gagnon, ingénieur de profession.

«Quels sont les impacts quand on fait dévier un cours d’eau, surtout quand on sait que des maisons seront construites au-dessus de l’ancien tracé?, demande M. Gagnon, supputant que l’eau pourrait peut-être un jour réapparaître sournoisement dans son ancien tracé et se faufiler jusque dans les sous-sols.

La question est pertinente et nous l’avons posée au directeur du Service du développement durable et de l’environnement de la Ville de Drummondville, Roger Leblanc.

«Il est vrai que dévier un cours d’eau n’est pas une chose qui arrive souvent, convient-il. Pour qu’un promoteur, dans ce cas-ci Rouick, obtienne la permission d’intervenir, il doit obtenir l’autorisation du ministère de l’Environnement ou de la MRC, qui a aussi la juridiction sur les cours d’eau sur son territoire. Il doit fournir des études qui sont analysées de près par le ministère. C’est celui-ci qui accorde l’autorisation et c’est la Ville qui donne le permis. Le promoteur Rouick a obtenu toutes les autorisations».

Roger Leblanc tient à souligner qu’il n’y a aucune inquiétude à y avoir à propos d’éventuelles conséquences découlant du changement de tracé. «Non, l’eau ne reviendra pas dans l’ancien tracé, d’autant plus que l’eau est dévié en amont. Et c’est une rue qui sera construite au-dessus de l’ancien tracé. La méthode est proposée par le ministère de l’Environnement, le procédé est connu et fiable. La transition se fera de manière à redonner au cours d’eau son caractère naturel».

Bassin de rétention

Non loin de là, un bassin de rétention d’eau, situé sur la rue Clair, est aussi source d’inquiétude pour certains résidents du secteur du parc Boisbriand qui souhaitent qu’il soit clôturé.

Le citoyen Léo Tremblay est l’un d’eux.

«Les bassins de rétention d’eau, vers lesquels sont dirigées des conduites pluviales, ont un rôle à jouer pour ralentir l’eau qui s’en va vers les cours d’eau», d’expliquer Roger Leblanc, signalant qu’il y en a plusieurs à Drummondville, dans les nouveaux quartiers.

Le bassin de rétention d’eau de la rue Clair. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Ce bassin est une infrastructure permanente située sur une propriété municipale qui n’est pas un espace vert. «Je sais que des citoyens réclament que soit érigée une clôture, question de sécurité. Mais, on n’installe pas une clôture tout le long de la rivière parce que c’est dangereux. C’est la première génération de bassins de rétention d’eau et il y aura certainement lieu de penser à les aménager avec un meilleur design environnemental, tout en conservant leur rôle utilitaire», de faire valoir le directeur du Service de l’environnement.

La question d’aménager une clôture autour du bassin, comme on doit le faire pour une piscine privée, est plutôt d’ordre politique. Elle ne relève pas du Service de l’environnement ni de l’urbanisme, mais bien du conseil municipal.

En ce sens, Thomas Roux, du Service des communications, indique qu’il a été «prévu d’installer une clôture entre le bassin et le chemin qui le longe depuis la rue Clair. Aussi, une végétation dense sera installée entre la rue Clair et le bassin, ce qui en empêchera l’accès. Enfin, le côté opposé, qui sera adossé à de nouvelles résidences, sera lui aussi fermé par de la végétation haute et dense qui bloquera l’approche du bassin. Enfin, les voies d’accès aménagées pour les véhicules de service sont, elles, clôturées comme pour tous ces types de bassins afin que personne ne s’y aventure».

Il ajoute que les «bassins sont conçus avec des pentes relativement faibles pour conserver un faible niveau d’eau (quelques pouces), sauf lors des périodes de précipitations, mais l’eau s’évacue tout de même rapidement. L’accès à ce type de bassins d’eau est formellement interdit et les gens qui circulent au pourtour doivent connaître les dangers et ainsi prendre des précautions particulières».

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