Tanzanie ma nouvelle amie

Photo de Jean-Pierre Boisvert
Par Jean-Pierre Boisvert
Tanzanie ma nouvelle amie
Le mont Méru est un volcan, tranquille pour le moment, qui surplombe la ville d'Arusha, culminant à 4 565 mètres d'altitude. (Photo : Photo – Gracieuseté Gilles Allard)

COMMENTAIRE. On ne revient pas de la Tanzanie comme on y est parti.

Ce pays de l’Afrique orientale, réputé bien sûr pour ses vastes régions sauvages et son légendaire Kilimandjaro, est attachant quand on a la chance de le connaître de l’intérieur. C’est ce qui m’a été donné de vivre en rendant visite à mon neveu et ami, Gilles Allard, ingénieur et chargé de projet visant à faire connecter avec le Kenya un important réseau de transport d’électricité.

Une fois passé le premier choc culturel qu’est la conduite à gauche, ce qui est assez terrifiant au début, la première impression est de constater la pauvreté de laquelle découle une extrême simplicité du mode de vie. Les gens ne semblent pourtant pas vivre de grandes privations. Ils sont dignes dans leur comportement. Il y a en a qui se déplacent à pied, souvent avec un panier sur la tête, mais ils sont souriants et n’hésiteront pas à vous dire bonjour (jambo en swahili). Les Tanzaniennes s’habillent avec goût et, comme on le sait, les couleurs africaines sont étincelantes. Dès lors que l’on quitte les rues principales d’Arusha, on arrive sur des chemins de terre battue et les demeures sont réduites au minimum.

Et vous savez quoi, même s’ils possèdent moins de cossins, moins de facilités technologiques tel un lave-vaisselle, ils sont heureux. Moins de bébelles, moins de choses qui brisent, moins de stress.

S’il y a une chose que la Tanzanie m’a enseigné, c’est bien d’apprendre à vivre à vitesse humaine. Ce n’est pas parce que tu vas moins vite que t’es moins heureux! Vous n’aurez pas peine à croire qu’il se vend moins d’anti-dépresseurs là-bas.

Je vais vous avouer qu’au retour à Drummondville, j’ai trouvé certains de mes compatriotes inutilement énervés. Autant sur la route que dans les grandes épiceries. Il faut aller en Afrique pour se rendre compte de ça. Je ne suis pas en train de vous dire que c’est le paradis, quoique, assis dans la savane africaine, au milieu d’une vaste plaine, avec un verre de scotch dans les mains, ça nous en rapproche drôlement.

J’ai vu aussi que la corruption est dans la vie de tous les jours et beaucoup moins subtile qu’ici. Un jour que mon ami Gilles s’est fait arrêter par la police, pour vitesse, le policier lui a simplement dit : j’ai faim. C’est un code pour signifier que je prendrais du cash au lieu de te donner une contravention. Gilles lui demande combien? Le policier de répondre : combien tu peux me donner? Il lui remet un billet de 10 000 shillings tanzaniens (environ 5 dollars) et, après quelques secondes, lui demande : y a pas de change? Le policier réplique : euh… combien? Et mon ami d’enchaîner : je ne sais pas, combien tu peux me donner? Ce genre de conversation ne peut avoir lieu que dans un pays où les salaires sont faméliques.

Bien évidemment, en Afrique orientale, le safari s’impose. Et il n’est pas nécessaire de se rendre dans l’onéreux Serengeti, il y a plusieurs autres parcs nationaux où l’on peut approcher certains animaux. Le quart de la superficie de la Tanzanie est en territoire protégé. Dans le parc Tarangire, il est très impressionnant de voir les éléphants évoluer doucement dans leur habitat naturel. Étant assez près pour entendre le bruit que fait le mouvement avant-arrière de leurs grandes oreilles, j’ai été médusé par l’incroyable sérénité que dégagent ces mastodontes. L’effet est thérapeutique. Je ne m’attendais pas à me sentir aussi bien en leur compagnie. J’aurais eu le goût d’aller donner un câlin au bébé éléphant qui se trouvait au milieu de la troupe, mais je n’ai pas cherché le trouble…

La République unie de Tanzanie, qui comprend l’archipel de Zanzibar, est l’un des rares pays d’Afrique qui a obtenu son indépendance au début des années 1960 sans effusion de sang. Une soixantaine de tribus y cohabitent, dont les superbes Masaïs. La Tanzanie n’est pas riche, mais elle est en développement, mettant l’accent sur la construction de routes et l’instauration de réseaux électriques.

Un mot sur le voyagement. Les avions sont bondés et les aéroports, que ce soit à Amsterdam, Charles-de-Gaule, Nairobi ou Dar es Salam, sont très achalandés. Attendre en file pour la carte d’embarquement, ensuite pour les bagages, ensuite pour le passeport, toujours au milieu de centaines de personnes; il faut savoir prendre son mal en patience. Ça devient pesant à la longue, surtout quand ton voyage de retour s’échelonne sur 24 heures!

Il reste que c’est en voyageant qu’on peut mieux distinguer notre propre image. Je dirais qu’il faut parfois s’éloigner du Québec pour mieux le voir.

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