«La victime doit s’armer de patience et de ténacité»

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Par Frederic Marcoux
«La victime doit s’armer de patience et de ténacité»
LE GHB est encore tabou pour plusieurs victimes. (Photo : Simulation, Ghyslain Bergeron)

PRÉVENTION. Pour les victimes agressées sexuellement à l’aide du GHB, le combat est long et pénible. Le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), La Passerelle de Drummondville, l’a constaté.

«La victime doit s’armer de patience et de ténacité, parce que les démarches judiciaires sont longues. C’est faisable. Il y a un centre médicolégal qui fait des recherches sur le GHB, mais ça prend du temps. Le processus judiciaire n’est pas simple quand la victime a conscience de ce qui lui est arrivé. C’est encore plus long pour les victimes dans les cas de GHB. Souvent elles n’osent même pas porter plainte», résume Jocelyne Desjardins, une intervenante de La Passerelle depuis 1995.

Le CALACS drummondvillois signale que 10 % des victimes qui sollicitent son aide après avoir été agressées sexuellement disent avoir été intoxiqué au préalable. «On pense que la réalité dépasse nos statistiques», souligne l’intervenante.

L’alcool est la substance la plus fréquemment utilisée dans les cas d’agression. Pour ce qui est du GHB, l’organisation inclut la drogue dans les cas d’intoxication, puisqu’il est difficilement détectable. Celle-ci est présente dans le sang et dans l’urine pendant quelques heures seulement. Le GHB peut toutefois se retrouver dans une mèche de cheveux pendant plusieurs semaines.

Un tabou

Fondée en 1990, la Passerelle de Drummondville mise sur la prévention pour lutter contre la problématique. Jocelyne Desjardins constate qu’un tabou persiste au sujet du GHB.

«Il y a beaucoup de victimes qui n’osent même pas en parler du GHB, déplore l’intervenante. C’est presque tabou, parce que c’est difficile à démontrer en justice. On croit les victimes quand elles nous disent avoir perdu la carte après seulement une bière. Ça se manifeste souvent comme ça.»

«Les victimes savent qu’elles ont été intoxiquées, mais elles ne sont pas capables d’identifier la drogue, ajoute-t-elle. Une victime ne peut pas porter plainte si elle ne se souvient pas. C’est important de prendre des prélèvements dès qu’on a un doute qu’on a été drogué. Il peut aussi y avoir un recours si l’agresseur l’a fait consommer à son insu.»

Jocelyne Desjardins aimerait voir la législation évoluer, afin de faciliter la vie aux victimes, lorsqu’elles décident de porter plainte. La Passerelle de Drummondville considère qu’il y a agression sexuelle dès que la victime n’est pas en état de donner son contentement. Celle-ci est soutenue par l’organisation, peu importe si elle décide de porter plainte ou non.

«On va soutenir la victime, peu importe la décision qu’elle va prendre. Avant tout, on veut qu’elle reprenne le contrôle sur sa vie. C’est ce qui est le plus important», rappelle Jocelyne Desjardins en terminant.

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