Centricois : où est notre fierté ?

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Par Frederic Marcoux
Centricois : où est notre fierté ?
(Photo : Archives, Ghyslain Bergeron)

CHRONIQUE. Après ma première année à Drummondville, j’ai rencontré plusieurs individus tous plus intéressants les uns que les autres, j’ai vu quelques parcs et de nombreux paysages. Il y a du travail en masse. Le Centre-du-Québec est en plein essor.  Mais il y a une chose que je cherche encore : où est notre fierté d’être Centricois ?

Un passage professionnel au Saguenay—Lac-Jean, après avoir passé tout mon secondaire à Plessisville, m’a fait découvrir à quel point les gens sont fiers de leur région. Le sentiment d’appartenance est fort. À un certain point, «le Bleuet» exagère même un peu trop. Je disais à ma copine saguenéenne à la blague «qu’il y a de la vie l’autre bord de la route 175» et que le monde ne tourne pas seulement autour de Chicoutimi ou Alma.

Ce qui est dommage, à mon retour en sol centricois, c’est de constater à quel point le sentiment d’appartenance à la région est absent. Il y a cette espèce d’aura autour de Drummondville. Comme si le seul endroit digne de mention dans la région était la ville fondée par Frederick George Heriot en 1815. Si le sentiment d’appartenance au bataillon drummondvillois est bien présent, les résidents du secteur ont tendance à faire cavalier seul.

Où est la synergie entre les Centricois ? Oui, il y a certaines rivalités dans d’autres régions du Québec. En Abitibi-Témiscamingue, ne confondez pas Rouyn-Noranda avec Val-d’Or; idem au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Le gars du Lac ne passera pas par quatre chemins pour vous dire qu’il ne reste pas à Chicoutimi, mais au moins il y a cette fierté de partager une région commune. Ici, qu’est-ce qui nous rassemble ? Qu’est-ce qui nous rend fier du Centre-du-Québec ?

Lorsqu’on nous demande les bons côtés de notre région, on entend les mêmes clichés : c’est proche de Québec et de Montréal, on n’est pas loin de tout et la poutine est bonne…!

Se respecter pour être respecté

Ce n’est pas avec si peu de fierté et un pitch de vente aussi faible qu’on va attirer les touristes. Ce n’est pas avec une estime aussi basse qu’on va attirer la sympathie des politiciens. Plusieurs constatent que la région est considérée comme un no man’s land. Quelque part entre Montréal et Québec. Un secteur qu’on peut omettre de respecter en le rattachant à la Mauricie ou à l’Estrie. Bref, une zone qu’on peut se permettre d’oublier.

On l’a vu lors de la dernière campagne électorale provinciale, cette constatation était partagée par nos élus. Voyant que le Centre-du-Québec n’avait toujours pas son Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS), le député de Drummond-Bois-Francs Sébastien Schneeberger a déclaré : «Est-ce que vous nous prenez pour des demi-citoyens? Puisque partout ailleurs, il y a des CIUSSS.»

Pour mobiliser la population, la Coalition avenir Québec (CAQ) a promis un CIUSSS dans la région. Près d’un an plus tard, on ne semble pas beaucoup plus proche de cette reconnaissance.

Visiblement, «les demis-citoyens» du Centre-du-Québec ne devront pas se fier sur leurs élus pour être respectés davantage. J’ai pour mon dire que pour être respecté dans la vie, il faut se respecter soi-même.

La région est riche en histoire. Une destination qui mélange à merveille la ville et la ruralité comme nulle part ailleurs. Elle est en mesure de séduire n’importe qui et elle a de quoi faire des envieux. On peut se servir de nos forces pour se démarquer à l’échelle provinciale, mais avant tout, il faut y croire!

Comment attirer un projet d’envergure, si les citoyens ne croient même pas en ce qu’ils offrent ? Dans les prochains mois, j’espère réaliser que je me suis trompé. J’espère trouver notre fierté.

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