Les Voisins débarquent à la Maison des arts

Les Voisins débarquent à la Maison des arts
Les Voisins fouleront les planches de la Maison des arts 29 fois cet été. (Photo : Ghyslain Bergeron)

CULTURE. Toupets frisés, vêtements aux couleurs extravagantes, blagues à la limite du machisme, préoccupations futiles et discussions dénuées de sens… il n’y a plus aucun doute, Les Voisins sont enfin débarqués à la Maison des arts.  

La pièce Les Voisins, présentée dans le cadre du théâtre d’été, était grandement attendue à Drummondville. Tellement que les billets se sont envolés comme des petits pains chauds, et ce, malgré l’ajout de deux supplémentaires.

Les Voisins, une pièce mise en scène par André Robitaille, réussit à faire sourire et à répondre aux attentes du public envieux de se replonger dans l’univers des années 1980.

Même s’il n’avait pas «l’intention de toucher à une seule virgule du script», André Robitaille a livré une adaptation renouvelée et inédite de la version originale.

Les Voisins est une pièce écrite par Claude Meunier et Louis Saïa et mise en scène par André Robitaille. Photo Ghyslain Bergeron)

Une mise en scène unique

Sans surprise, le texte de Claude Meunier et Louis Saïa est resté intact, sauf que les époques ont bien changé depuis son écriture – les mentalités aussi, au plus grand bonheur des femmes. Les années disco ont réussi à se transposer en 2019, le temps d’une soirée.

Remarquons ici les afros que portent Georges (Jean-Michel Anctil) et sa femme Laurette (Brigitte Lafleur) ou encore le toupet roulé de Luce (Marilyse Bourke). La scénographie est complètement kitch et les papiers peints floraux côtoient allègrement les cinquante nuances de vert.

Les nombreux décors changent efficacement au fil de la pièce, amenant le public devant la haie de Bernard, dans la chambre de Georges et Laurette, le garage de Georges, au centre d’achat et dans la maisonnée de Bernard (Guy Jodoin) et Jeanine (Marie-Chantal Perron), bref dans l’intimité de ces voisins si attachants.

Soulignons d’ailleurs le choix judicieux d’André Robitaille quant à la distribution d’acteurs. À leur tour, chaque personnage réussit à faire croire que ses petits problèmes sont d’une importance capitale.

Quand ce n’est pas les varices de Jeanine, c’est la haie de cèdres de Bernard qui retient l’attention. Guy Jodoin frôle la perfection en incarnant un banlieusard quelque peu soupe au lait.

Sans oublier Junior, joué par le talentueux Pier-Luc Funk, un jeune adulte geek qui ne veut pas quitter le nid familial — lire ici : il ne veut pas quitter son papa — au point où Laurette, sa mère, en fait une dépression. Quant à Georges, le mari candide de Laurette, il pense que la dépression de sa femme «se passe dans sa tête» et qu’une sortie au salon de coiffure essuiera ses larmes.

Silences et malaises

Il n’y a pas que la mise en scène qui nous ramène 40 ans en arrière; il y a les sujets de conversations. Impossible de passer outre les blagues machistes.

Les Voisins.
Photo Ghyslain Bergeron

«Elle a tout qu’un jugement pour une femme. L’autre jour, elle m’a expliqué pourquoi elle lavait les verres avant les chaudrons et je vais te dire, je n’y aurais pas pensé», de dire Bernard, d’un air très sérieux, en parlant de sa femme. Le public a ri à gorge déployée. Il faut comprendre l’humour de Meunier pour savoir qu’il s’agit heureusement que d’une blague dérisoire.

Il y a quand même quelque chose de remarquable à écrire un scénario dont les sujets de conversations sont plus loufoques les uns que les autres et qui est tout de même hilarant. Il faut le dire, les conversations sur le centre d’achat, la haie parfaitement taillée de Bernard et les plats Tupperware sont nombreuses et pourtant, un fou rire n’attend pas l’autre. «C’est du génie d’écriture», comme l’avait si bien décrit André Robitaille lors d’une entrevue avec L’Express.

Les Voisins ne se sont pas réinventés, 40 ans plus tard ils se parlent encore sans s’écouter. Et les conversations vides de sens sont ponctuées par les mêmes malaises. Les silences font rire et rappellent que nous ne sommes jamais bien loin d’un long soupir… Une chance que la météo est là pour sauver la donne.

Les Voisins.
Photo Ghyslain Bergeron

Impossible de ne pas sortir de la salle de spectacle sans analyser ses prochaines conversations. Oui, nous sommes tous victimes de ces conversations futiles qui servent à combler les silences.

 

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