Fentanyl : le détenu de l’Établissement Drummond qualifié de «marchand de morts»

Photo de Frederic Marcoux
Par Frederic Marcoux
Fentanyl : le détenu de l’Établissement Drummond qualifié de «marchand de morts»
L'Établissement Drummond. (Photo : Archives, Ghyslain Bergeron)

JUSTICE. L’ex-détenu de l’Établissement Drummond, le Colombien Daniel Vivas Ceron, a reconnu avoir expédié des centaines de livres de fentanyl aux États-Unis et au Canada, alors qu’il était incarcéré, entre 2013 et 2017.

En plaidant coupable à trois chefs d’accusation, vendredi, dernier devant un tribunal de Fargo au Dakota du Nord, l’homme âgé de 38 ans a évité de subir un procès qui était prévu le 1er octobre prochain. Il a admis avoir dirigé une organisation qui a importé des centaines de livres de fentanyl, alors qu’il était détenu à Drummondville.

À l’aide d’un cellulaire et d’une application de communications cryptées, il a été en mesure d’importer du fentanyl aux États-Unis et au Canada avec des complices. La drogue provenait de la Chine. L’enquête américaine a commencé en janvier 2015, après la mort d’un jeune homme âgé de 18 ans au Dakota du Nord en raison du fentanyl. Les opérations clandestines de Vivas Ceron et de ses acolytes ont causé une quinzaine de surdoses, dont quatre mortelles, dans différents états américains comme le Dakota du Nord, le New Jersey, l’Oregon, la Caroline du Nord et le Rhode Island.

Marchands de morts

Dans un communiqué de presse, le procureur du district du Dakota du Nord, Drew H. Wrigley, a insisté sur la menace qu’a représentée Vivas Ceron, en compagnie des autres accusés dans cette histoire.

«(Daniel Vivas Ceron) et ses complices ont construit une organisation qui a fait d’eux des marchands de morts régionaux, nationaux et internationaux, et le plaidoyer de culpabilité d’aujourd’hui (vendredi) est une étape importante dans la quête de justice au nom de ceux qui sont morts ou blessés par la quête de profit de l’accusé», a indiqué Drew H. Wrigley.

Le fautif risque une peine de prison à vie. Toutefois, Le West Fargo Pioneer, un journal du Dakota du Nord, rapporte qu’en échange de son plaidoyer de culpabilité, le 8 juillet dernier, Daniel Vivas Ceron pourrait éviter de passer le reste de sa vie derrière les barreaux. La peine minimale serait de 20 ans d’emprisonnement.

Santé Canada indique que le fentanyl est un puissant analgésique opioïde. Le risque de surdose mortelle accidentelle est très élevé, puisque cette drogue est de 20 à 40 fois plus forte que l’héroïne et 100 fois plus puissante que la morphine. En guise de comparaison, une quantité de fentanyl de la taille de quelques grains de sel pur est suffisante pour tuer un adulte moyen, précise l’agence de santé.

Cette dernière révèle que 73 % des décès au Canada reliés aux opioïdes en 2018 impliquaient le fentanyl. Au pays de l’Oncle Sam, le fentanyl est un fléau. Le nombre de décès annuel relié au fentanyl est passé de 1163 en 2011 à 18 335 en 2016.

Son histoire

En 2002, Daniel Vivas Ceron a fait face à la justice après avoir joué un rôle dans le trafic de 984,3 grammes de cocaïne qui provenaient du Panama. Selon un texte de Daniel Renaud publié dans La Presse, l’homme a été condamné au Québec à deux ans et sept mois d’emprisonnement, avant d’être plus tard condamné à 15 ans de prison pour avoir été impliqué dans une tentative de meurtre.

La Presse ajoute que Vivas Ceron devait être extradé en Colombie le 17 juillet 2015, mais que son avion s’est posé au Panama pour faire le plein d’essence. Or, dès l’atterrissage de l’appareil, des policiers panaméens ont procédé à son arrestation. Toujours selon le texte de Daniel Renaud, Vivas Ceron souhaiterait revenir au Canada pour poursuivre le gouvernement canadien en justice, en raison de cet épisode.

L’homme est demeuré détenu au Panama pendant un an et demi avant d’être extradé aux États-Unis en janvier 2017.

Partager cet article