À propos de la relocalisation de l’école de pilotage Select Aviation (Tribune libre)

À propos de la relocalisation de l’école de pilotage Select Aviation (Tribune libre)
(Photo : L'Express)

TRIBUNE LIBRE. Depuis plus d’un an, il y a des revendications de la part des gens habitant le secteur de l’aéroport de Drummondville, en ce qui a trait aux bruits des avions survolant leur environnement, revendications et doléances acheminées aux conseillers municipaux des secteurs touchés, puis déposées au conseil municipal.

Le lundi 17 juin dernier, une motion a été votée, afin de modifier la réglementation relative à l’installation de toutes écoles d’aviation dans le secteur de l’aéroport de Drummondville y compris celle qui y fait affaire actuellement soit Select Aviation. Cette nouvelle réglementation devrait entrer en vigueur, lors du prochain conseil municipal du 15 juillet prochain.

Tout un débat s’est enclenché auprès de la population drummondvilloise, parce que cette motion n’a pas fait l’objet d’un sondage ou d’un référendum sur le maintien ou non de ladite école à Drummondville. Le débat s’est tenu autour du fait qu’une minorité de personnes (122) a réussi à faire passer leurs besoins personnels au détriment d’une opportunité de visibilité exceptionnelle de notre ville autant au niveau de la province, du pays, qu’à l’international. La motion visait principalement à voir aux intérêts des citoyens touchés.

Voici ce qu’une simple citoyenne, qui paye ses taxes, en pense. Lorsque j’ai choisi, il y a près de 27 ans, d’habiter une rue parallèle au boulevard Lemire, je me doutais bien qu’à un moment donné, il y aurait beaucoup plus de circulation, et ce, en raison du développement économique de ma ville. J’ai alors assumé ce choix et je l’assume toujours. Oui, pendant l’été, lorsque les fenêtres sont ouvertes, je me fais réveiller par une circulation beaucoup plus dense.

En raison de sa situation géographique, le boulevard Lemire est devenu, au fil du temps, l’une des artères principales de la ville, où circulent, entre autres, les ambulances, les pompiers, les voitures de police, la circulation plus lourde (camions de livraison) et la circulation régulière. Inutile de préciser que la densité et la diversité de cette circulation génèrent toutes sortes de bruits, plus ou moins agressifs. Pourtant, la population limitrophe ne s’est jamais soulevée contre ces bruits grandissants. Cela fait partie de l’environnement que nous avons choisi.

Dans ce contexte, nous pourrions nous pencher sur plusieurs secteurs où, au fil du temps, les problèmes de bruits se sont accentués. Nous n’avons qu’à penser au quartier Saint-Pierre où j’ai habité, pendant toute ma jeunesse, sur une rue où notre maison était la troisième à être construite. Un beau quartier tranquille qui se développait au rythme des petites familles qui s’y installaient. À cette époque, rien ne laissait présager que de l’autre côté de la rivière Noire (rivière Saint-Germain maintenant), un quartier industriel s’y grefferait, développement économique obligeant. C’est pourtant ce qui est arrivé, la Ville ayant délivré des permis de construction d’usines, selon les besoins industriels de la région et en toute légalité, suite au dézonage des terrains achetés par ces entreprises.

Un développement industriel se doit d’être dynamique, alors, on y a vu apparaître une quantité d’usines extrêmement diversifiées, autant dans les produits ou services offerts, que les bruits associés à leur production. Bien qu’il y ait eu des demandes des citoyens des résidences situées tout près de la rue Birtz, demandes légitimes et adressées à nos dirigeants pour faire diminuer les bruits environnants, tous ensemble, représentants municipaux, propriétaires d’usines et citoyens, ont négocié de bonne foi des mesures d’atténuation, afin d’accommoder, à la fois, lesdits citoyens, les propriétaires d’usines et les élus. Il n’a été aucunement demandé aux usines de déménager d’endroit. Pourquoi en serait-il autrement pour l’école de pilotage? La question se pose!

La Ville, parce qu’elle a su embaucher des personnes extrêmement dynamiques en développement économique, a su tirer son épingle du jeu et bénéficier d’un développement économique enviable et reconnu autant au niveau provincial, national, qu’international, ce qui lui a donné le feu vert pour émettre, au fil des années, des permis divers, en construction de résidences, tout près de secteurs industriels et des axes routiers comme les autoroutes 20 et 55 et inversement, des permis de construction d’usines tout près de secteurs résidentiels. Dans ce contexte, il est difficile, voire impossible, de satisfaire tout le monde, la cohabitation étant la seule voie envisageable, sans nuire indûment à l’une ou l’autre des populations touchées.

La seule façon d’obtenir un semblant de satisfaction est d’adopter des mesures d’atténuation pour les problèmes rencontrés. Cette problématique est directement proportionnelle au nombre de nouveaux habitants accueillis, car l’agrandissement et le développement de nouveaux quartiers résidentiels deviennent alors nécessaires.

Une ville qui se proclame « Capitale du développement économique » (article paru dans Le Soleil du 6 septembre 2018) doit en assumer toute la portée, et refléter l’image qu’elle s’est donnée. Ça signifie de ne prendre aucune décision qui deviendrait avec le temps contradictoire. À titre d’exemple, réaménager l’aéroport à coup de milliers de dollars en prolongeant, entre autres, sa piste d’atterrissage pour ne satisfaire finalement que les propriétaires d’avions ou d’hélicoptères privés au détriment de l’école de pilotage qui attire sa part de clients locaux, provinciaux, nationaux et internationaux. Arrêtons de dire que Select Aviation n’est là que pour l’argent que ça lui rapporte, car si l’on poursuit dans cette veine, force est d’admettre que toute entreprise qui a pignon sur rue à Drummondville est là aussi pour les mêmes raisons. Ce qui est valable pour l’une l’est pour l’autre!

Ma dernière intervention se fera au niveau de tous ceux et celles qui ont un lien direct avec Sélect Aviation. S’il y a relocalisation de cette école qui est, faut-il le rappeler, reconnue par le ministère de l’Éducation en offrant une attestation d’études collégiales à ses étudiants, ce sont des emplois qui seront relocalisés ailleurs (ou perdus, si les personnes occupant ces postes ne souhaitent pas déménager), ce sont également des étudiants qui ont pour la plupart investi toutes leurs économies dans ce beau projet de devenir des pilotes reconnus mondialement et qui devront suivre leur formation dans une autre ville, ce qui créera, pour plusieurs d’entre eux, des dépenses supplémentaires, non prévues à leur budget déjà bien serré. Ces jeunes adultes dynamiques et pleins de potentiel devront faire leurs valises et s’installer ailleurs où ils dépenseront pour leur épicerie, leur loyer et toutes les autres dépenses faites dans le cours normal d’une vie active. En un mot, ils contribueront ailleurs à l’économie de cette nouvelle région. Est-ce souhaitable?

Une ville qui se dit ouverte et visionnaire ne laisserait jamais partir cette belle jeunesse et cette image enviable qu’elle projette mondialement grâce, entre autres, à son école de pilotage. Ils sont nos meilleurs ambassadeurs, ne l’oublions pas! Qu’on se le dise, ce n’est pas permis!

Guylaine Nilsson, citoyenne à part entière et mère d’un élève-pilote

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