Le GODD ne veut plus les déchets des autres

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Par Marilyne Demers
Le GODD ne veut plus les déchets des autres
WM est un site d’enfouissement situé à Drummondville, dans le secteur Saint-Nicéphore. (Photo : Photo d'archives, Ghyslain Bergeron)

ENVIRONNEMENT. Maintenant que les déchets de l’ensemble du territoire de la MRC de Drummond sont envoyés à Saint-Rosaire, des citoyens interpellent les élus afin d’interdire complètement les matières résiduelles provenant de l’extérieur de la région acheminées au site d’enfouissement de Saint-Nicéphore.  

Pour y arriver, le Groupe des opposants au dépotoir de Drummondville (GODD) réclame à la MRC de Drummond de modifier son droit de regard. Ses neuf membres demandent de réduire à zéro le tonnage de matières résiduelles qui y sont envoyées.

Inquiet des conséquences sur l’environnement et des risques sur la santé de la population, le GODD estime que cette action mettrait définitivement fin aux activités de Waste Management à Drummondville. «En le mettant à zéro, c’est sûr qu’il n’y en aura pas», a lancé le porte-parole du GODD, Jean-Guy Forcier, lors de la séance du conseil de la MRC de Drummond ce mercredi.

Dans son plus récent Plan de gestion des matières résiduelles (PGMR), la MRC de Drummond a modifié son droit de regard en l’abaissant à 370 000 tonnes métriques.

Le porte-parole du GODD, Jean-Guy Forcier, a interpellé les élus lors de la séance du conseil de la MRC de Drummond mercredi dernier. (Photo Marilyne Demers)

«On aurait pu le mettre à zéro à ce moment-là. Comme il y avait une autorisation qui était en vigueur jusqu’en 2020, on voulait s’assurer que jamais il [Waste Management] ne dépasserait ça», a indiqué le préfet de la MRC de Drummond et maire de Drummondville, Alexandre Cusson, questionné à ce sujet par le GODD.

Obligations

Selon le Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), 75 municipalités sont desservies par le lieu d’enfouissement technique de Waste Management à Drummondville.

Pour modifier son droit de regard, la MRC de Drummond doit tenir compte de leurs besoins. «Si on veut réduire le droit de regard et l’amener à zéro, le ministère de l’Environnement va vérifier si ça va créer des problèmes ailleurs. Il doit avoir une vision plus macro que nous», explique Alexandre Cusson.

Lorsque la MRC de Drummond a décidé d’abaisser le droit de regard à 370 000 tonnes métriques, des vérifications ont été réalisées auprès des six principales municipalités qui utilisent les services de ce site, soit Québec, Sherbrooke, Asbestos, Granby, Magog et Richmond. La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a aussi été consultée.

Ces municipalités, de même que la CMM, ont fait savoir que la diminution du droit de regard n’aurait que peu ou pas d’impact sur leurs besoins en enfouissement du secteur municipal. Une seule municipalité a démontré des inquiétudes quant au secteur des industries, des commerces et des institutions (ICI), celles-ci se chiffrant à environ 7 000 tonnes métriques, en raison de l’augmentation des coûts d’enfouissement et de transports.

Actuellement, en plus des déchets provenant des autres MRC, le site d’enfouissement reçoit aussi les matières résiduelles générées par le secteur des ICI de la région. Depuis janvier dernier, la MRC de Drummond fait affaire avec Gesterra pour la gestion de ses matières résiduelles et organiques.

Exigences

Devant la volonté du GODD de voir fermer le site d’enfouissement de Saint-Nicéphore, Waste Management soutient que leurs installations sont opérées en respect des exigences et des autorisations émises par le ministère de l’Environnement.

«On comprend mal la démarche qui est entreprise actuellement parce que nos opérations, à notre avis, sont exemplaires. Nos opérations sont également une référence en termes de gestion environnementale, de développement durable et d’économie circulaire», indique Martin Dussault, le directeur des affaires publiques de Waste Management.

À titre d’exemple, il cite les Serres Demers, dont les tomates de serre sont produites à partir des biogaz générés par le site d’enfouissement. S’ils n’étaient pas réutilisés, ces gaz seraient rejetés dans l’atmosphère.

Par ailleurs, Waste Management a récemment procédé à l’achat de trois habitations situées sur le boulevard Saint-Joseph, après avoir été approché par leurs propriétaires. Deux d’entre elles ont été démolies.

Questionné à savoir la vocation future de ces installations se trouvant à proximité du lieu d’enfouissement, M. Dussault a fait savoir qu’elles serviront à des fins communautaires. Un projet sera annoncé au cours des prochaines semaines.

Autorisation

Waste Management a l’autorisation d’enfouir des déchets sur le site de Saint-Nicéphore jusqu’en 2020. Pour poursuivre ses activités, la multinationale devra recevoir l’autorisation du ministère de l’Environnement. À ce jour, aucune demande n’a été formulée.

Pour sa part, la MRC de Drummond réitère sa position. «Ultimement, ce n’est pas nous qui prenons la décision, mais notre position est connue. On l’a dit et on le répète, on n’a pas l’intention d’être favorable à une demande d’agrandissement s’il y en a une», soutient le préfet.

Rappelons que la Cour d’appel du Québec entendra la cause opposant Waste Management et le GODD le 27 août, à Montréal. Après qu’un jugement de la Cour supérieure du Québec ait rejeté la demande la compagnie en juillet 2017, celle-ci tentera à nouveau de faire invalider l’article 45 du décret adopté lors de la fusion entre Drummondville et Saint-Nicéphore.

Cet article veut qu’un référendum soit nécessaire pour accepter ou refuser une demande d’agrandissement du site d’enfouissement. Or, lors du référendum consultatif de 2013, la majorité des citoyens avaient rejeté le projet, lequel avait tout de même reçu le feu vert du ministère de l’Environnement.

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