Le virage de l’industrie du textile

Le virage de l’industrie du textile
Le groupe Textile Monterey regroupe plusieurs usines, dont celle de Drummondville. (Photo : gracieuseté)

TEXTILE. Il est faux de penser qu’avec la fermeture d’entreprises comme Dominion Textile et Celanese, qui embauchaient bon nombre d’ouvriers à Drummondville dans les années 1930, l’industrie du textile a tiré sa révérence. Au contraire, la Ville abrite l’usine principale de Textiles Monterey dont les investissements ne cessent de s’additionner.

L’an dernier, Textiles Monterey, situé sur le terrain de l’ancienne Celanese, a fait l’acquisition de nouveaux équipements qui ont permis de perfectionner sa production.

Puis la semaine prochaine, l’entreprise s’envolera vers Barcelone en Espagne, avec une trentaine de compagnies québécoises, pour participer au salon ITMA qui présente les dernières technologies du domaine.

«On va s’informer concernant les plus récentes machines qui pourraient améliorer la rapidité et le contrôle de la qualité. Puis, on garde toujours l’œil ouvert pour de nouvelles possibilités. Le textile est un domaine qui évolue constamment. Par exemple, il y a des machines plus écoresponsables qui se développent et c’est un enjeu très important pour nous», a fait savoir Nicolas Juillard, vice-président des Technologies et recherche et développement.

Il n’y a plus de doute : Monterey, qui emploie près d’une centaine de travailleurs localement, est une entreprise qui a le vent dans les voiles, et ce, même si la Ville a souffert des bouleversements du milieu.

«À Drummondville, à la fin des années 1980, le poids de l’industrie du textile dépassait 50 %. On a su ce que ç’a apporté comme problématique quand, pour toutes sortes de raisons, elle est tombée», a mentionné le maire de Drummondville, Alexandre Cusson, plus tôt cette semaine, lors de l’inauguration du centre d’excellence de CGI.

Alors comment une entreprise comme Monterey, qui possède plusieurs usines en Amérique du Nord, a-t-elle réussi à faire face à la compétition asiatique pour ensuite devenir le groupe tisseur le plus important au Canada?

D’après les dires de Nicolas Juillard, tout est dans la capacité à se réinventer. «La Chine ainsi que des règlements américains ont secoué très fort le milieu, au détriment du Québec. Monterey a survécu en se tournant vers des marchés plus spécialisés ou qui demandent des standards élevés, tels que les vêtements de protection et de sécurité», a souligné Nicolas Juillard.

L’entreprise produit entre autres des rouleaux de tissu qui servent à fabriquer des habits de protection et de sécurité.

Tissus spécialisés

L’entreprise originaire de Drummondville confectionne du tissu à partir de métiers et procède à la teinture, l’impression et la finition. Les rouleaux de tissu qui sortent de l’usine servent ensuite à fabriquer des habits de pompiers, d’agents d’escouades antiémeutes, de travailleurs du domaine pétrolier ou de la soudure. Des travailleurs de partout dans le monde, comme ceux d’Hydro-Québec ou de l’armée canadienne, sont actuellement protégés par les vêtements de Textiles Monterey.

«Il est vrai que l’industrie du textile a souffert au Québec, mais aujourd’hui il est encore très important et elle prend de nouvelles formes. Elle a fait un virage et on ne peut plus l’associer uniquement au domaine de la mode et des vêtements», a expliqué M. Juillard.

D’ailleurs, le textile se retrouve dans tout autant de matériaux de construction que l’on peut l’imaginer. «De nombreuses structures sont faites avec de la fibre de carbone, donc du textile. Je pense aux avions Airbus A340, aux Boeing 787, aux C Series, les trains, les wagons du métro de Montréal… Notre usine de Saint-Jean-sur-Richelieu a même fourni du textile pour réparer le pont Champlain», a-t-il informé.

Selon le vice-président des Technologies et recherche et développement, l’industrie du textile a de grandes ambitions. «Demain, il y aura encore de nouveaux types de marchés», a conclu Nicolas Juillard, rencontré par L’Express dans les mythiques locaux qui abritaient autrefois la Celanese.

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