Les producteurs bio veulent séduire le Centre-du-Québec

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Par Frederic Marcoux
Les producteurs bio veulent séduire le Centre-du-Québec
Bryan Denis. (Photo : Gracieuseté)

AGRICULTURE. Si l’industrie laitière biologique veut séduire et s’implanter pour longtemps dans la région, beaucoup de travail reste à faire.

Le Centre-du-Québec compte près de 15 % de la totalité des fermes laitières du Québec sur son territoire. Toutefois, la proportion est moins élevée au chapitre des entreprises laitières biologiques. La région est l’hôte de 15 des 136 fermes laitières biologiques de la province.

«Il y a un potentiel pour avoir plus de fermes laitières biologiques dans la région, convient le président du Syndicat des producteurs de lait biologique du Québec, Bryan Denis. Cependant, l’enjeu est différent. Pour des régions comme le Centre-du-Québec, cultiver des grandes cultures biologiques est plus payant que d’utiliser la terre pour le pâturage. La prime laitière ne justifie pas la transition pour un agriculteur.»

M. Denis rappelle que les producteurs biologiques reçoivent un montant plus élevé de 25 à 27 % pour leur lait. C’est donc dire qu’ils sont payés près d’un dollar par litre de lait vendu. Selon le président du Syndicat des producteurs de lait biologiques du Québec, la crainte de voir la production du troupeau chuter et le défi d’utiliser une médecine alternative refroidissent particulièrement les ardeurs des agriculteurs du Centre-du-Québec, lorsque vient le temps de songer à se tourner vers une approche biologique. Rappelons que la région centricoise est reconnue dans le domaine pour la qualité de plusieurs de ses troupeaux laitiers.

Malgré tout, Bryan Denis croit que l’agriculture biologique a tous les atouts pour séduire les plus jeunes.

«Nos valeurs comme l’environnement et le bien-être animal rejoignent la jeune génération. Je pense que c’est ce qui explique l’engouement au Québec.»

L’agriculteur reconnaît que les récents traités de libre-échange ont ajouté une pression sur les épaules des producteurs laitiers. Certains ressentent d’ailleurs le besoin de prendre de l’expansion pour survivre à long terme. Pour les passionnés en quête d’un nouveau défi qui ne souhaitent pas croître le cheptel de leur élevage, la production biologique pourrait être intéressant.

Un agriculteur biologique doit régulièrement envoyer ses vaches au pâturage.

«Pour une entreprise qui ne veut pas grossir, faire la transition de biologique est un défi, exprime Bryan Denis. Si les gens sont intéressés à découvrir de nouvelles façons de faire, le virage vers l’agriculture biologique peut être intéressante. On a des incitatifs à la production, car on a manqué de lait bio pour fournir la demande de 2014 à 2018.»

Miser sur la publicité

Les producteurs de lait du Québec ont lancé une campagne publicitaire intitulée «Le lait bio fier de sa nature», le 27 mai dernier. Malgré une popularité croissante, beaucoup de travail reste à faire pour les producteurs biologiques du Québec, selon Bryan Denis.

«On a une croissance de plus de 50% des ventes depuis plus de cinq ans, souligne-t-il. Si on est capable de poursuivre de cette façon, ça nous rendrait très fiers. On met beaucoup d’effort pour la qualité de notre produit et on veut que le consommateur réponde présent. Le Québec a encore des croûtes à manger pour se comparer avantageusement aux autres provinces. La Colombie-Britannique et l’Ontario en consomment à un niveau plus élevé que le nôtre.»

Le producteur laitier de Rivière-du-Loup insiste sur la fierté des producteurs biologiques. Ces derniers doivent respecter plusieurs contraintes.

«Nos pratiques au niveau de la culture des champs sont différentes, indique Bryan Denis. On fait des contrôles mécaniques des mauvaises herbes et on valorise les fertilisants produits par les animaux. On utilise la médecine alternative pour soigner les vaches et on mise beaucoup sur la prévention dans l’étable. Le lait biologique a les mêmes nutriments que le lait conventionnel, mais on le produit à cause de nos convictions et de nos valeurs.»

Trois années sont nécessaires pour permettre à un producteur laitier conventionnel, afin d’obtenir la certification biologique. La belle province compte près du deux tiers des troupeaux laitiers biologiques du Canada. Le Québec produit plus de 58 millions de litres de lait biologique annuellement.

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