L’enseignement au masculin singulier

L’enseignement au masculin singulier
Jonathan Goupil, futur enseignant. (Photo : Erika Aubin)

ENSEIGNEMENT. Dans sa cohorte, Jonathan Goupil est le seul homme parmi une cinquantaine de femmes. Il étudie au baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire à l’Université du Québec à Trois-Rivières, campus de Drummondville. Même si l’on pourrait croire que davantage de garçons choisissent le métier d’enseignant, son cas n’a rien d’unique.  

Le pourcentage de professeurs masculins au préscolaire et au primaire ne dépassent pas les 10 % au sein de la Commission scolaire des Chênes (CSDC). La tendance, qui s’observe à travers toute la province, est que les enseignants sont encore bien discrets.

Même en enseignement au secondaire, les chiffrent sont loin de l’équité à la CSDC. 70 % du corps enseignant est formé par des femmes contre 30 % par des hommes.

Selon Jonathan Goupil, il est primordial d’avoir davantage d’hommes dans le milieu scolaire, pour permettre aux élèves d’avoir accès à des figures différentes, mais complémentaires.

«C’est clair qu’il y a un consensus : ça prendrait plus d’hommes dans les écoles. Ça offre aux enfants des modèles variés, mais surtout qui se complètent. Imaginez, il y a encore des manuels écrits au féminin, comme si ce travail était exclusivement réservé aux femmes», a lancé Jonathan Goupil qui a décidé de faire un retour sur les bancs d’école après plusieurs années en restauration. Il a toutefois ce sentiment que de lever la main pour défendre la condition masculine «n’est pas très à la mode présentement.»

«Je voulais entreprendre des études à l’université et en voyant qu’il y avait peu de gars en enseignement, j’ai choisi ce programme particulièrement pour faire partie de la solution», a expliqué M. Goupil.

Yann Lanoie, directeur à l’école Saint-Charles et Bruyère, est du même avis : «L’idéal serait d’avoir un ratio de 50-50». Cela dit, selon ses observations, ce n’est dans ce sens que va la tendance.

Place aux hommes 

Ce dernier, qui a été enseignant pendant 12 ans avant d’occuper un poste en direction, croit qu’il faut davantage «masculiniser» l’éducation pour capter l’intérêt des garçons. Ces derniers font beaucoup parler d’eux dans les statistiques concernant le décrochage scolaire.

«Ça passe par la création de projets plus manuels et qui sont portés vers l’action», a fait savoir M. Lanoie.

«C’est important que les petits gars aient aussi des modèles masculins dans leur parcours scolaire. Ça ne peut être que bénéfique pour eux de voir, par exemple, un autre homme lire ou encore écrire», a expliqué M. Lanoie.

Il trouve cela dommage qu’il n’y ait pas plus d’hommes qui s’intéressent à l’éducation, car pour lui, il s’agit du plus beau métier du monde. «Je suis ému en le disant, mais il y a quelque chose d’unique à montrer à lire ou à écrire à un enfant», a témoigné M. Lanoie.

«Les hommes font de très bons professeurs. Ils sont très appréciés dans les écoles», a ajouté Marylène Janelle, directrice adjointe.

Jonathan Goupil est bien conscient qu’en tant qu’homme, l’enseignement comporte des défis supplémentaires qui ne peuvent être ignorés.

«À ma première journée de stage, j’étais au préscolaire. Une petite se lance sur moi et me fait un câlin. Comment je réagis? Physiquement, je ne me sentais pas bien. Je n’y avais pas pensé avant qu’une telle situation arrive. Mon approche doit être différente, c’est sûr. Je dois simplement trouver une façon d’agir et qui me rend à l’aise», a-t-il expliqué.

Toutefois, ce n’est pas cela qui l’empêchera d’être enseignant. Et M. Goupil prévoit s’amuser avec les jeunes au cours de sa carrière.

«Je remplaçais dans une école où il y avait une kermesse. C’était plus fort que moi, je suis allé jouer avec les petits. Je pense que ce cœur d’enfant, que gardent bien souvent les hommes, peut avoir un avantage en éducation, surtout pour établir des liens parfois avec des garçons qui sont désintéressés de l’école», a conclu Jonathan Goupil.

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