La laïcité, seulement quand ça fait notre affaire

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Par Frederic Marcoux
La laïcité, seulement quand ça fait notre affaire
(Photo : Archives, Ghyslain Bergeron)

COMMENTAIRE. C’est tellement «beau» de voir les gens se ranger derrière la laïcité. L’occasion en or de voir notre vieil héritage chrétien l’emporter sur toute la ligne, sans que ça nous fasse trop mal.

Au début du mois d’avril, 250 chercheurs et professeurs universitaires québécois ont signé une lettre publiée dans le journal Le Devoir qui dénonce le projet de loi 21 sur la laïcité. Celui-ci compte interdire le port de signes religieux chez les employés de l’État québécois. Les 250 universitaires font remarquer que les nombreuses recherches montrent que la communauté musulmane, surtout les femmes portant le voile, est la principale cible des polémiques sur la laïcité.

Il est là le problème! En s’appuyant sur un grand principe si séduisant comme la laïcité, le gouvernement se retrouve à cautionner le fait de s’en prendre à une minorité. Personnellement, je me fous un peu des religions. Ma génération est passée à autre chose.

Se doter d’un État laïque dans son fonctionnement et dans sa prise de décisions serait même souhaitable, mais les commentaires de plusieurs me laissent présager que la haine domine leur pensée. Dans ce contexte, le projet de loi sert de mascarade qui donne le feu vert pour alimenter les craintes de plusieurs Québécois.

Laïque… à temps partiel

J’en entends plusieurs me dire sur la place publique que la population est fondamentalement laïque. Foutaise! La religion chrétienne fait partie de notre héritage, qu’on le veuille ou non. Louis Rousseau, un professeur émérite du Département des sciences des religions de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), en vient à la même conclusion.

«On a un héritage religieux qui fait partie de nos manières de vivre et de sentir les choses, a-t-il expliqué. Par exemple, il y a des rites festifs qui font que croyant ou non, ce sont les rites avec lesquels on vit. C’est un peu comme si la religion (catholique) s’était imprégnée dans le Québec. On s’est servi des codes religieux pour organiser l’espace et le temps.»

Quand ça fait notre affaire, on est bien content d’avoir congé à Noël, de ne pas travailler à Pâques et de pouvoir rester à la maison, pour certains, lors du Vendredi saint. Pourquoi continuer à réclamer ces jours fériés, si plusieurs persistent à croire que la population est laïque à Drummondville? Pourquoi ces fêtes religieuses viendraient affecter le déroulement des choses au Québec- comme le fera un signe religieux pour le fonctionnement de l’État- si le gouvernement veut réellement placer la religion de côté? Mais s’attaquer à ça, c’est beaucoup moins cute auprès la majorité de la population ayant des racines chrétiennes. On aime bien pouvoir utiliser le prétexte de la célébration religieuse pour prendre quelques bières en famille autour d’un bon repas.

C’est à croire que cette nouvelle loi sur la laïcité nous offre le beurre et l’argent du beurre, sans trop grafigner notre propre héritage religieux.

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