«Ce n’est pas triste les soins palliatifs»

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Par Frederic Marcoux
«Ce n’est pas triste les soins palliatifs»
Denise Roy-Jolicoeur et la présidente de l’Association des bénévoles de l’hôpital Sainte-Croix, Lise Fillion. (Photo : Frédéric Marcoux)

Passer un quart de siècle aux soins palliatifs et apprécier l’expérience au point d’envisager d’y être 25 autres années. Ce qui peut sembler une idée tordue pour plusieurs est pourtant la réalité de Denise Roy-Jolicoeur.

Âgée de 72 ans, Denise Roy-Jolicoeur, originaire de Durham-Sud, a commencé à faire du bénévolat à l’hôpital Sainte-Croix de Drummondville à l’âge de 47 ans. Mardi, son implication a été soulignée, dans le cadre de la journée reconnaissance, un événement organisé par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.

«Tout ça a commencé quand ma belle-mère était aux soins palliatifs, raconte Denise Roy-Jolicoeur. Elle voulait que je vienne le jeudi, parce qu’il y avait un chanteur qui venait et qui jouait de la guitare. Elle aimait vraiment ça. La journée de sa mort, j’étais là quand il a chanté pour elle. Je me suis dit que j’étais capable de faire comme lui.»

La principale intéressée occupait alors un travail de caissière. Cela ne l’a pas empêché de réserver quelques heures de sa semaine pour du bénévolat. Elle a continué l’expérience par la suite, à la retraite. Contrairement à ce que plusieurs peuvent croire, l’environnement de travail est loin d’être morose, et ce, même si les patients sont en fin de vie.

«Ce n’est pas triste les soins palliatifs, opine Denise Roy-Jolicoeur. C’est déstabilisant et confrontant, mais c’est un beau département. C’est impressionnant de pousser les portes et de voir à quel point c’est doux à l’intérieur.»

Même si elle sait qu’elle ne peut changer la situation des personnes en fin de vie, puisque le temps est compté, la septuagénaire fait de son mieux pour qu’un patient puisse quitter le monde en toute sérénité.

«L’ambiance a changé, parce que les gens sont là moins longtemps, précise-t-elle. Ma belle-mère a passé trois mois à cet endroit et maintenant, les patients y sont seulement près de trois jours. On ne chante plus, mais on essaie de supporter et d’aider les patients qui arrivent. La vie de la personne est déjà hypothéquée. On a un rôle de soutien avec la famille. On doit se faire plus discret que dans le passé, parce que les gens veulent profiter des derniers moments.»

Est-ce que la bénévole a l’intention de s’investir à l’hôpital pendant plusieurs années encore ? À cette question Denise Roy-Jolicoeur est catégorique.

«Il n’y a pas de fin, convient-elle. C’est facile donner aux gens. J’ai été gâtée par la vie et j’essaie juste de redonner aux autres. Je ne me pose pas de question.»

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