AGRICULTURE. Depuis un an et demi, la travailleuse de rang Hélen Bourgoin sillonne le Centre-du-Québec pour offrir un soutien psychologique aux agriculteurs. La situation progresse, mais le défi reste entier.
Devant une dizaine d’intervenants du milieu agricole, Hélen Bourgoin a offert une conférence pour présenter l’essentiel de son travail, le 5 avril dernier, au restaurant le Canadien, à Notre-Dame-du-Bon-Conseil. La travailleuse de rang a constaté que de plus en plus de gens savent que l’aide est disponible.
«La plupart du temps, les gens m’appellent quand ils ne sont plus capables d’endurer une situation et qu’ils ont tout essayé, met-elle en relief. Le téléphone sonne beaucoup. Des comptables et des banquiers m’ont contacté pour me recommander un client. Il y a une belle sensibilité présente dans le domaine pour soutenir les agriculteurs sur le plan psychologique.»
Elle réalise toutefois qu’il reste beaucoup de travail à faire, puisque «les producteurs laitiers, par exemple, ont le réflexe d’appeler le vétérinaire pour faire soigner leurs vaches, mais ils n’ont pas encore l’habitude d’appeler pour se faire aider, lorsque ça ne va pas». La principale intéressée ne cache pas que les mauvaises nouvelles qui ont frappé l’agriculture, après les derniers partenariats de libre-échange négociés par Ottawa, pèsent lourd sur le moral de plusieurs.
«C’est sûr que le contexte actuel ajoute au stress et à l’incertitude des éleveurs qui ne savent pas à quoi va ressembler la journée de demain, avance Hélen Bourgoin. Généralement, on voit les mêmes problèmes que ceux de monsieur ou madame tout le monde, mais on ajoute l’entreprise à tout ça. On voit souvent des conflits de famille et des conflits d’actionnaires. C’est un défi de sensibiliser les intervenants sur le terrain. Je fais des visites aléatoires, mais je ne peux pas me mettre à cogner à toutes les portes.»
Elle comprend les réalités
Ayant elle-même un conjoint producteur laitier, elle est en mesure de saisir rapidement les réalités du secteur. Employée par l’organisme Au cœur des familles agricoles (ACFA), une organisation financée en partie par le gouvernement provincial et par des dons, la travailleuse de rang est prête à tout pour faire la différence. À une occasion, alors qu’un producteur agricole l’a contacté en larmes parce qu’il croyait perdre son employé une fois de plus, la diplômée en éducation spécialisée n’a fait ni une ni deux et elle a sorti ses bottes de travail pour aller faire la traite chez lui.
«C’est une fierté pour moi d’aider ce milieu-là qui est plus marginal et moins connu de plusieurs personnes en ville, indique Hélen Bourgoin. Souvent j’arrive avec une vision différente chez les producteurs. Le fait de venir du monde agricole me permet de gagner du temps.»
Si elle a des raisons de craindre pour la vie d’un agriculteur, ACFA peut contacter d’autres ressources appropriées. ACFA est également présent en Montérégie, en Estrie, en Mauricie et dans la région de Chaudière-Appalaches. Il est possible de contacter l’organisme à toutes heures de la journée au 450-768-6995 pour une assistance immédiate, gratuite et confidentielle.
