Immigration : plusieurs Québécois «l’échappent»

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Par Frederic Marcoux
Immigration : plusieurs Québécois «l’échappent»
(Photo : Depositphoto)

LES MILLÉNIAUX. La montée de l’extrême droite au lendemain de tueries comme celle de Québec et de la Nouvelle-Zélande constitue un phénomène inquiétant qui me mène à croire que plusieurs Québécois sont en train de «l’échapper». Sur toute la ligne.

Par «l’échapper», je fais référence à ce qu’un ami me disait à l’époque, quand mes réflexions étaient complètement insensées. «Marcoux, tu l’échappes». Cette phrase s’appliquait aussi très bien lors de ces soirées bien arrosées au cégep. Jonquière restera Jonquière quand même !

Malheureusement, le jugement de plusieurs semble également embrouillé par l’alcool ou par un autre aspect qui m’échappe… Ah oui, la peur, c’est ça! Cette fameuse phobie de l’inconnu qui mène quelques fous à craindre le pire, au point de commettre l’irréparable.

La peur nourrit la haine. Il va falloir l’admettre en tant que société. Ce sentiment de panique, après le 11 septembre 2001, a mené plusieurs citoyens à craindre les différentes cultures. Cette même angoisse a nourri la folie d’Alexandre Bissonnette qui a ensuite alimenté un fou en Nouvelle-Zélande. Ce qui est enrageant, c’est de voir les gens qui entretiennent cette peur, sans connaitre une personne d’une autre nationalité et sans s’ouvrir sur le monde. Pour un jugement juste et éclairé, il va falloir éviter de laisser nos émotions prendre le dessus. Comme la peur.

Débattre de l’immigration

Comprenez-moi bien, comme citoyen, je suis préoccupé de voir comment le dossier de l’immigration sera géré. Ma génération devra suivre cette situation de près. Avec les changements climatiques, les migrants seront nombreux à vouloir vivre au Canada. Un pays pacifique, industrialisé, ouvert et libre comme le nôtre sera sans doute très séduisant, d’autant plus que le Canada compte seulement 37 millions d’habitants.

L’Organisation des Nations unies (ONU) prévoit d’ailleurs que 250 millions de personnes seront déplacées dans le monde d’ici 2050, dans une trentaine d’années. Scénario utopique ? Les gens qui doutent de ces changements climatiques n’auront qu’à se laisser séduire par le son de leur auto qui frappera un nid-de-poule ce printemps. Un phénomène qui donnera plusieurs maux de tête à nos élus. Salutations monsieur le maire!

Il sera primordial, en tant que société, de débattre de l’immigration en y allant franc-jeu. D’un autre côté, ce qui est déplorable à notre époque, c’est qu’on ne peut plus soulever des questions sur ce sujet, sans se faire accuser d’être raciste. C’est pourtant essentiel et légitime de débattre. Les questions culturelles et économiques devront être abordées. Il n’y a aucun doute que la Belle province peut être inclusive. Mais elle devra mettre son pied à terre pour se faire entendre, tout en demeurant rationnelle et respectueuse.

Chose certaine, ce n’est pas en faisant valoir son point en mettant tous les immigrants dans le même panier que nous allons progresser comme société. Si la situation ne change pas, le cocktail de peur et de haine pourrait nous causer un bien mauvais lendemain de veille.

 

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