SOCIÉTÉ. Bien qu’elle ne soit pas toujours visible, l’itinérance est présente partout, même à Drummondville. Pour donner un coup de pouce aux personnes sans domicile fixe, Jessica Pinard souhaite confectionner des matelas à partir de sacs de lait.
La Drummondvilloise a fait un appel à tous afin de recueillir une quantité suffisante de sacs de lait. Elle estime qu’il lui faudra environ 400 sacs pour lui permettre de fabriquer un seul matelas.
Lorsqu’elle en aura suffisamment récolté, elle les découpera en lanières, avant de les rabouter et les enrouler comme une pelote de laine. Les matelas seront fabriqués à la main – avec amour – à l’aide d’un crochet ou d’un métier à tisser.
Celle qui offre des services de soutien à domicile pour les personnes en perte d’autonomie compte se mettre à la tâche lorsque le temps lui permettra. «J’aime mieux faire ça que de ne rien faire et de me tourner les pouces. Je ne réussirai peut-être pas à en faire 200 dans mon année, mais si je réussis à en faire 30, ça va être au moins ça de plus.»
Donner au suivant
Soucieuse du bien-être d’autrui, Jessica Pinard a choisi de s’impliquer pour les jeunes de la rue. «Dans le réseau d’amis de mes deux garçons, ils ont des amis qui ont passé par là, dormir dans la rue. Je me suis dit : qu’est-ce que je pourrais faire pour essayer de leur donner un peu de confort? Ce n’est pas énorme, mais c’est déjà mieux que rien», explique humblement la mère de trois enfants.
Une fois terminés, les matelas seront remis au Refuge La Piaule qui vient en aide aux jeunes de la rue et en difficulté. «J’ai souvent vu des vidéos de telles initiatives sur les réseaux sociaux. Souvent, ce sont les Cercles des fermières qui confectionnent les matelas pour des pays sous-développés. Je trouve ça très bien et c’est vrai qu’ils en ont besoin, mais je trouvais ça dommage qu’une aussi belle action ne puisse pas servir aux gens proches, aux gens de la communauté», fait savoir la femme de 39 ans.
Le lit d’environ un demi-pouce d’épaisseur, créé à partir de sacs de lait qui se veulent à la fois résistants et imperméables, pourra être facilement transporté. «Tu te rends compte qu’on est rendu en début décembre, qu’il fait froid et que la personne dort dans un portique d’immeuble. Ce n’est pas fait pour dormir. C’est sale, c’est poussiéreux et c’est bruyant. Je me dis que si on est capable, au moins, de mettre un petit plus à leur portée, ça va être déjà ça de gagné», soutient-elle.
«On n’a pas à juger le pourquoi la personne passe par ce bout difficile. On ne sait pas ce qui l’a porté à être rendu là. On a juste à essayer de l’aider. Une fois qu’on a fait ce qu’on est capable, c’est à la personne de prendre en charge le reste et d’essayer d’aller vers l’avant», ajoute Jessica Pinard, s’inspirant de sa mère, une femme qui a toujours été présente pour les autres.
Conscience écologique
En plus d’offrir un minimum de confort aux jeunes de la rue, l’initiative de Jessica Pinard vise à donner une seconde vie aux sacs de lait pour les détourner du dépotoir ou du recyclage.
«À la maison, quand on est capable de réutiliser, on le fait. On essaie de gaspiller le moins possible. On essaie d’aider quand on peut et de la façon qu’on peut», souligne la Drummondvilloise.
Comme le projet se veut de nature écologique, il lui était naturel de collaborer avec le Domaine Coquelicots, soucieux de l’environnement. Les propriétaires, qui donnent notamment des cours d’autosuffisance et des trucs pour tout confectionner soi-même dans les installations à Saint-Eugène-de-Grantham, recueillent les dons de sacs de lait.
Une boîte est également installée au Refuge La Piaule, sur la rue Marchand. Les personnes qui choisiront de prêter main-forte à Jessica Pinard devront lisser et plier en deux les sacs de lait, une fois ceux-ci propres et secs.
L’an dernier, les travailleurs de rue du Refuge La Piaule ont effectué plus de 1000 interventions, notamment dans les différents milieux de vie fréquentés par les jeunes.