Les cuisines collectives; bien plus que de la nourriture

Les cuisines collectives; bien plus que de la nourriture
Plusieurs groupes de cuisiniers se partagent le local de la cuisine collective située au centre-ville. (Photo : Erika Aubin)

CUISINER. Au-delà d’aider les gens à préparer leurs repas, la cuisine collective du Carrefour d’entraide Drummond est un endroit rassembleur où les participants voient en ces lieux une opportunité de reprendre leur vie en main.  

«Les cuisines collectives sont essentielles, car elles permettent aux personnes d’apprendre la cuisine, de manger mieux, d’économiser, de développer des aptitudes et de briser l’isolement», a expliqué Sophie Dionne, coordonnatrice de la cuisine collective située au cœur du centre-ville à Drummondville.

Le principe est simple : un groupe planifie ses repas, achète les ingrédients nécessaires puis fait la préparation ensemble. Chacun repart chez eux avec des plats prêts à être congelés et mangés.

Sophie Dionne gère 26 groupes, comptant entre 5 à 10 personnes, qui bénéficient du soutien de la cuisine collective à Drummondville. Annuellement, ce sont près de 200 participants qui prennent part aux ateliers.

«Ce sont des gens de n’importe où et de n’importe quelles classes sociales qui s’inscrivent. Parfois, j’ai des personnes âgées qui doivent apprendre à cuisiner à la suite du décès de leur conjoint. D’autres fois, ce sont de jeunes adultes en réinsertion sociale ou encore des immigrants, a soutenu Mme Dionne. Nous avons aussi beaucoup de gens qui bénéficient de l’aide sociale pour plusieurs raisons et quand on comprend leur passé, on comprend pourquoi ils sont là.»

Davantage qu’une cuisine

Celle qui occupe le poste de coordonnatrice depuis 11 ans n’a pas hésité à souligner que l’activité a des bénéfices sur plusieurs aspects de la vie des participants.

D’ailleurs, lorsque L’Express les a questionnés à propos des avantages des cuisines collectives, l’aspect «alimentation» n’a pas été le premier sujet abordé. «Ça me permet de voir du monde, de connaître de nouvelles recettes et de bien manger même si j’ai un faible revenu», a lancé une dame.

«Ça change mon quotidien. Je n’ai pas une vie parfaite et ici j’ai comme une autre vie. Ça m’aide beaucoup à garder le moral, car j’aime travailler avec mon groupe», a renchéri un homme qui s’affairait à couper des légumes.

Si le concept est intéressant, les cuisines collectives sont victimes de leur popularité. «Nous avons une grande liste d’attente qui s’étire sur plusieurs mois, voire plusieurs années. Nous recevons toujours plus d’appels, mais nous manquons de ressources. C’est la réalité du communautaire», a fait savoir Mme Dionne. Comme tout autre organisme à but non lucratif, la cuisine collective dépend des dons et des subventions gouvernementales.

Toutefois, les participants n’ont pratiquement pas à débourser pour se joindre à un atelier. Si avant ils devaient acheter leurs ingrédients, la cuisine collective de Drummondville s’approvisionne désormais grâce aux surplus des supermarchés de la région.

«Les épiceries donnent au Comptoir alimentaire et à la Tablée populaire, puis on va chercher ce qu’ils restent. Les supermarchés jetaient leurs surplus alimentaires, mais maintenant grâce au Programme de Récupération en supermarchés (PRS), on peut les reprendre», a conclu Sophie Dionne.

Un peu d’histoire

Les cuisines collectives ont vu le jour en 1982 dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal. Elles sont nées de la débrouillardise de trois femmes qui se réunissaient régulièrement pour planifier et cuisiner leurs recettes, tout en partageant les coûts.

Leur idée s’est transmise de quartier en quartier, puis à travers tout le Québec. Rapidement, les cuisines collectives se sont regroupées en une seule voie, le Regroupement des cuisines collectives du Québec. On compte environ 1382 cuisines collectives dans la province.

Le 26 mars prochain sera dédié à la Journée Nationale des cuisines collectives. Le thème de cette année est le droit à une saine alimentation.

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