La communauté musulmane alertée

Photo de Frederic Marcoux
Par Frederic Marcoux
La communauté musulmane alertée
Des tracts faisant la promotion d’idées de l’extrême droite ont été distribués à Drummondville. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Des tracts faisant la promotion d’idées de l’extrême droite ont été distribués sur la rue Moisan, à Drummondville, mercredi. La Sûreté du Québec (SQ) a été avisée de la situation et la communauté musulmane de la région a été invitée «à faire attention» dans les prochains jours.

Les tracts distribués à plusieurs résidences de la rue Moisan – et possiblement ailleurs – dénoncent l’immigration au Québec. Un phénomène qui «fait des ravages», selon l’auteur des documents. Ceux-ci invitent la population à se mobiliser en se joignant à divers groupes identitaires et citoyens. «Soyez dans l’action, ne subissez plus», est-il inscrit. Un tract suggère à la population de consulter un site internet de «réinformation» sur les questions identitaires. Le site Rebel Media, connu pour ses positions anti-islamiques et identitaires, figure parmi les suggestions.

Le directeur général du Regroupement interculturel de Drummondville (RID), Normand Bernier, admet être préoccupé par la situation. Il rappelle que tout le monde peut donner son opinion, mais il est d’avis que la situation présente un risque.

«C’est le même document qui a été placé dans des boîtes aux lettres de Sherbrooke, avance M. Bernier. Tout le monde a le droit à la liberté d’expression. Il n’y a pas d’appel à la violence. Mais ce qui est troublant, c’est qu’il peut toujours y avoir quelqu’un qui peut aller plus loin avec ça. C’est arrivé à Québec et ça s’est produit ailleurs dans le monde. C’est alarmant. On a avisé les communautés musulmanes de faire attention.»

Il constate que les tracts appellent à la mobilisation, sans toutefois préciser de quelle façon y parvenir.

«Ça pousse les gens à réagir. Agir peut vouloir dire aller voir son député pour que ça change, mais ça peut vouloir dire plein de choses. Les gens ont parfois l’interprétation facile», laisse-t-il entendre.

Citoyenne préoccupée

La Drummondvilloise Luce Sicotte  a informé L’Express, dès la réception des tracts, mercredi. Elle n’a pas caché son inquiétude, considérant que les documents ont été distribués quelques jours après une tuerie en Nouvelle-Zélande. Un suprémaciste blanc a fait 50 victimes dans deux mosquées.

Luce Sicotte .

«Ces messages de haine et de rejets peuvent inciter n’importe quel crackpot comme Alexandre Bissonnette ou l’auteur de la tuerie en Nouvelle-Zélande à sortir une arme et à faire la même chose à Drummondville, soutient Luce Sicotte. On ne peut pas demeurer inactif. À Drummondville, il y a des gens qui croient tellement ces choses-là, au point où ils sont prêts à faire du porte-à-porte.»

Elle ajoute : «C’est troublant de voir des tracts comme ça une dizaine de jours après une tuerie. Il faut se réveiller. C’est de la désinformation de la part de l’auteur des qui appelle ça de la “réinformation”. Il n’y a pas le mot “haine” dans les documents, mais c’est préoccupant de voir qu’il y a des gens qui font la promotion de sites de suprémacistes blancs […]. Quel que soit le problème, l’approche par la haine n’est pas la solution».

La SQ

Jeudi avant-midi, la porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ), Aurélie Guindon, ignorait la nature des tracts distribués dans quelques résidences de la région. Elle a toutefois appelé la population à informer les forces de l’ordre de la situation, si le besoin se fait sentir.

«Si les gens reçoivent des documents inquiétants, ils n’ont qu’à appeler les policiers qui feront des vérifications. Les policiers vont recueillir de l’information et porter une attention particulière, si cela est nécessaire», a-t-elle expliqué.

Une source interne au sein de la SQ a toutefois confirmé que l’organisation a bel et bien été saisie du dossier. Qui plus est, des documents semblables auraient été distribués dans plusieurs villes du Québec.

Partager cet article