Missions économiques : loin d’être seulement une dépense

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Par Jean-Pierre Boisvert
Missions économiques : loin d’être seulement une dépense
(Photo : Archives Ghyslain Bergeron)

RECRUTEMENT ­– Les missions de prospection et de recrutement à l’étranger, gérées par la SDED, sont-elles dispendieuses, ou trop nombreuses? Génèrent-elles des revenus, si oui à quelle hauteur? Qui en profite? C’est pour répondre à ces questions que le journal L’Express a fait une demande d’accès à l’information à la SDED. Éclaircissement.

En premier lieu, pour bien comprendre la nature de ces déplacements à l’étranger, il faut distinguer deux types de mission : celles qui se disent de prospection, dont le budget annuel fixé par le conseil d’administration est de 40 000 $, et celles qui concernent le recrutement, mises sur pied à la demande des entreprises en manque de travailleurs.

En 2017, la SDED (Société de développement économique de Drummondville) a organisé sept missions qui ont totalisé des frais de 135 577 $ et généré des revenus de 125 195 $ pour une perte d’environ 10 000 $. Deux d’entre elles, de type prospection (en France), ont coûté respectivement 5614 $ et 14 665 $ et n’ont pas produit de revenus, puisqu’elles avaient comme objectif d’aller préparer le terrain, signer un protocole pour l’incubateur et établir des contacts.

En 2018, dix missions ont été orchestrées par la SDED, dont quatre pour la prospection. Ce sont les six autres (recrutement) qui ont engendré des gains. Le total des dépenses s’est élevé à 514 645 $ et celui des revenus à 621 623 $ pour un profit de 106 978 $.

Le directeur général de la SDED, Martin Dupont, explique que les missions de recrutement sont concoctées à la demande des employeurs. «Quand nous décidons de lancer une mission à l’international, c’est pour répondre à un besoin exprimé par les entreprises. Aucune n’a été annulée jusqu’ici. On ne fait pas ça pour le simple plaisir de voyager. Si on n’avait pas d’employeurs dans nos missions, on n’irait tout simplement pas. C’est la même chose avec Défi Emploi, s’il n’y avait pas d’inscriptions des entreprises, on n’en ferait pas».

En ce qui concerne les dépenses et les revenus, il faut savoir que tous les frais (hôtels, avion, repas) de tous les participants sont réunis dans une même colonne et c’est bien sûr la SDED qui gère le tout. «Il faut réserver les hôtels à l’avance et il faut s’assurer que tous les participants arrivent en même temps, sinon ce serait impossible à gérer si chaque employeur faisait ses propres arrangements. Par exemple, une de nos missions de recrutement en Tunisie en 2018 a occasionné des dépenses totales de 48 000 $ (10 entreprises et deux représentants de la SDED). Pour les revenus, le total a atteint 74 000 $. Ce sont les montants payés par les entreprises participantes, qui incluaient les services que nous leur rendons, tels que la préparation du voyage, les papiers de l’immigration ainsi que l’accueil à l’aéroport quand ces travailleurs, choisis par les entreprises, arrivent au Québec plusieurs mois plus tard. Car, ces immigrants économiques ont besoin de plusieurs mois pour organiser leur départ. Et nous, nous avons à faire un suivi rigoureux pour compléter notre travail au bénéfice des employeurs», a mis en contexte Martin Dupont.

Pour accomplir tout ce boulot, la SDED a créé l’année dernière un département de la main-d’œuvre spécialisé pour l’international. Cette équipe est composée de six personnes, y compris la directrice Julie Biron. Dernièrement, une avocate a été embauchée à plein temps, en raison des exigences d’ordre juridique liées à l’immigration. «Quand on fait un profit, comme ce montant de 106 000 $ en 2018, on l’applique pour aider à payer cette équipe permanente», s’empresse de préciser le directeur général.

Les Journées Québec

Le portrait de cette situation serait incomplet si on omettait de signaler que la SDED joue un rôle très important dans l’organisation des Journées Québec, lesquelles se tiennent deux fois par années à Paris où se rassemblent des entreprises québécoises en croissance qui cherchent à recruter des talents à l’international. Sont ainsi dépistés des travailleurs qualifiés qui explorent la possibilité de relever de nouveaux défis au Québec.

Montréal International, Québec International, Emploi-Québec et Immigration-Québec sont les partenaires de la SDED dans cette initiative unique. La SDED s’occupe en fait d’entreprises provenant des régions (de Granby, Sorel et Rouyn-Noranda entre autres), soit à l’extérieur de Montréal et Québec. En novembre dernier, pour cette mission de deux jours à laquelle ont pris part 25 entreprises (48 personnes) et quatre représentants de la SDED, l’équipe de Julie Biron a pu récolter un profit de plus de 76 000 $.

À titre de président de la SDED, il arrive qu’Alexandre Cusson participe à une mission. «Si c’est à caractère économique, on peut lui demander de nous accompagner. Ce n’est pas automatique. Mais les entrepreneurs apprécient beaucoup quand il est présent. Ils se sentent supportés et, en plus, le maire est un très bon joueur quand il est question de parler de sa ville», fait remarquer Martin Dupont.

En 2019, huit missions sont confirmées, dont deux en Tunisie. «Il y a une forte demande pour la Tunisie. Les employeurs nous disent que le secteur métallurgique y est bien représenté, les travailleurs parlent français et sont bien formés et le taux de chômage est assez élevé. Nous, nous répondons à la demande. Si on ne faisait pas ces missions-là, on serait en dehors du jeu», de conclure le DG de la SDED.

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