Deux récréations obligatoires : un défi organisationnel pour la CSDC

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Par Marilyne Demers
Deux récréations obligatoires : un défi organisationnel pour la CSDC
Dès la prochaine rentrée scolaire, les écoles offriront aux élèves du primaire deux périodes de récréations d’au moins 20 minutes chacune par jour. (Photo : Archives)

ÉDUCATION. La Commission scolaire des Chênes (CSDC) accueille tièdement la décision de la Coalition avenir Québec (CAQ) d’obliger les écoles du primaire à offrir quotidiennement deux périodes de récréation d’au moins 20 minutes chacune, et ce, dès la prochaine rentrée scolaire.

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a confirmé la semaine dernière que le Régime pédagogique de l’éducation préscolaire, de l’enseignement primaire et de l’enseignement secondaire serait modifié, notamment pour favoriser la santé et la réussite scolaire des élèves du primaire de partout au Québec.

«Tout le monde est d’accord avec le principe, a mentionné d’entrée de jeu le président de la CSDC, Jean-François Houle. Mais il faut être conscient des difficultés d’organisation que ça peut apporter.»

Il estime que cette nouvelle mesure engendra la modification des horaires et des tâches des enseignants, qui ne seront pas sans conséquence pour les élèves. «Si vous mettez deux récréations de 20 minutes dans la journée, ça va mettre une pression sur le temps que les professeurs doivent faire de la surveillance. Nécessairement, il va falloir qu’ils fassent moins d’autres choses. Est-ce que ça veut dire moins de périodes de récupération pour les élèves qui en ont besoin? C’est probablement ça qui va arriver», avance M. Houle.

Si les écoles doivent revoir leurs horaires pour offrir deux récréations de 20 minutes par jour, le transport scolaire devra également être réorganisé, fait savoir M. Houle. Cette modification pourrait nécessiter des coûts supplémentaires.

Pouvoirs
En campagne électorale, la CAQ a proposé de transformer les commissions scolaires par des centres de services aux écoles. Le président de la CSDC estime que les récents changements imposés par le gouvernement caquiste vont à l’encontre de sa volonté de donner plus de pouvoirs aux écoles en abolissant cette entité.

«Par son projet, le ministre de l’Éducation fait exactement le contraire de ce qu’il prêche, c’est-à-dire de laisser aux écoles la liberté d’organiser ses horaires en fonction de la pédagogie, soutient Jean-François Houle. Au moment où on se parle, si les trois quarts des écoles au Québec ont choisi d’enlever par exemple la récréation en après-midi, il y a des raisons.»

«Cela présage peut-être la façon dont le ministre de l’Éducation va gérer l’éducation au Québec avec la disparition de la gouvernance des commissions scolaires», ajoute M. Houle.

«Sur quelle planète vit le ministre de l’Éducation?»
De son côté, le président du Syndicat de l’enseignement de la région de Drummondville (SERD), Guy Veillette, se demande «sur quelle planète vit le ministre de l’Éducation», en raison des récentes modifications imposées ou suggérées à l’ensemble des commissions scolaires du Québec.

Concernant l’obligation d’offrir deux récréations de 20 minutes chacune quotidiennement, Guy Veillette abonde dans le même sens que le président de la CSDC. Il souligne que les horaires devront être modifiés et craint une charge de travail supplémentaire pour les enseignants. Le transport scolaire pourrait aussi devenir plus compliqué, selon lui.

«Encore une fois, le ministre envoie des directives sans consulter les profs, déplore Guy Veillette. En milieu défavorisé, les jeunes ne sont pas toujours habillés pour aller dehors longtemps. Ce n’est pas simple. Laissons chaque milieu le soin de déterminer ce qui est bon pour les élèves. (…) Qui va s’occuper de la surveillance de 1h40 en plus chaque semaine? Est-ce qu’on va couper les récupérations? La tâche des enseignants est déjà pleine au bouchon.»

Le président du SERD mentionne que la récréation de 20 minutes l’avant-midi est déjà présente dans les écoles, mais que celle de l’après-midi varie selon les établissements scolaires.

L’actuel Régime pédagogique de l’éducation préscolaire, de l’enseignement primaire et de l’enseignement secondaire ne précise pas la durée des deux périodes de détente demandées aux écoles.

(Avec la collaboration de Frédéric Marcoux)

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