Le président de la CSDC qualifie de «titanesque» la création de maternelle 4 ans

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Par Marilyne Demers
Le président de la CSDC qualifie de «titanesque» la création de maternelle 4 ans
Jean-François Houle. (Photo : Photo d’archives, L’Express)

ÉDUCATION. Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a déposé jeudi le projet de loi visant le déploiement de la maternelle 4 ans pour tous. Le défi s’avère difficile pour la Commission scolaire des Chênes (CSDC), aux prises avec un manque d’espace.

«Les défis sont titanesques, commente le président de la CSDC, Jean-François Houle. À ce moment-ci, il n’y a aucune possibilité, dans aucune de nos écoles de Drummondville, d’établir les maternelles à 4 ans. C’est quasi-impossible.»

La CSDC devrait octroyer mardi les contrats d’achats des classes modulaires. Cette mesure permettrait d’accueillir quelque 500 élèves dans 28 unités dès septembre.

«Les élèves qu’on est obligé d’accueillir au moment où on se parle, on n’a même pas la place pour le faire. Et ça, ce n’est qu’une première étape parce qu’on est en demande d’ajout d’espace, donc de construction d’écoles secondaires et primaires, depuis très longtemps d’ailleurs. Pour l’instant, on n’a pas de signe positif du gouvernement malheureusement à cet égard», soutient M. Houle.

Chiffres
Actuellement, la CSDC compte quelque 1000 élèves de maternelle sur son territoire. «Imaginez qu’on doit accueillir 1000 élèves de 4 ans. Les classes de maternelle 4 ans, c’est 14 élèves. Il faudrait ajouter 71 nouveaux locaux pour le territoire de la MRC de Drummond», fait observer le président de la commission scolaire.

L’ajout de 71 locaux équivaut à 5 écoles comme celle du Sentier, dans le quartier Saint-Charles. «Bâtir une école primaire, c’est autour de 10 M$. Il faudrait qu’on ajoute 50 M$ aux 80 M$ qu’on est en train de demander au gouvernement pour les projets d’infrastructures.»

En plus de techniciens en éducation spécialisée, la CSDC estime qu’elle devra embaucher 71 enseignants, dont la masse salariale s’élèverait à environ 5 M$.

L’achat de mobilier et de tableaux interactifs s’ajouterait notamment à ces sommes. «Je laisse à tous et chacun évaluer si la chose est faisable. Elle n’est certainement pas faisable dans la MRC de Drummond à moyen terme, à moins d’augmenter de beaucoup les budgets pour les infrastructures», avance le président de la CSDC.

Défavorisation
Le projet de loi déposé par le ministre Roberge prévoit que toutes les écoles publiques ou privées puissent offrir la maternelle 4 ans, peu importe le milieu économique. Actuellement, le service est offert dans les écoles affichant un indice de défavorisation entre 8 et 10.

«Il a été mentionné que dès l’an prochain, les intentions du gouvernement sont de faire en sorte que les écoles ayant un indice de 6 à 10 embarquent dans le rang. Un peu plus tard avec les années, ça va s’enligner sur la totalité des écoles», explique M. Houle, qui a pris part à une conférence téléphonique avec d’autres commissions scolaires, mercredi, avec le ministre Roberge.

Les commissions scolaires devront offrir le service à tous les élèves, quel que soit l’indice de défavorisation de l’établissement. Sur son territoire, la CSDC compte des écoles affichant un indice de défavorisation allant de 0 à 10, sur une échelle de 10.

Agir tôt
Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, devra certainement travailler conjointement avec les commissions scolaires de la province, croit M. Houle.

«Je pense qu’il va faire face à des réalités qui vont probablement faire en sorte que son projet va prendre beaucoup plus de temps qu’il pense à se réaliser. Il va falloir qu’il s’arme de patience malgré toutes les bonnes intentions.»

Toutefois, Jean-François Houle est d’accord sur l’importance d’agir tôt. «Est-ce que c’est la maternelle à 4 ans qui est la solution? Est-ce que c’est plutôt les CPE qui devraient recevoir plus de services? Est-ce que c’est les services sociaux qui devraient être renforcés, par exemple dans le cadre de visites à domicile de certaines familles? Ça reste à discuter», conclut-il.

Syndicat
Le président du Syndicat de l’enseignement de la région de Drummondville (SERD), Guy Veillette, peine quant à lui à imaginer la situation avec l’ajout demandé des classes de maternelle à quatre ans.

«La maternelle à quatre ans, c’est un beau geste pour les milieux défavorisés qui n’ont pas de service éducatif, juge Guy Veillette. On a déjà quatre classes comme ça à Drummondville, mais mettre ça pour tous les élèves de quatre ans, c’est impossible. Cela pendrait une soixantaine de classes de plus dans la région. On est contre le fait de retirer des jeunes qui ont déjà un service éducatif en service de garde ou dans des milieux éducatifs pour les amener à l’école.»

(Avec la collaboration de Frédéric Marcoux)

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