AGRICULTURE. André Lamontagne a répondu présent au Congrès de l’Union paysanne, à Québec, samedi dernier, mais avait brillé par son absence à celui du syndicat régional de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de Drummond-Sud, le 3 février. À l’UPA, la pilule ne passe pas.
Quelques heures avant l’Assemblée générale de l’Association régionale de l’UPA à Notre-Dame-du-Bon-Conseil, le député de Johnson et ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), André Lamontagne, avait annoncé qu’il ne pouvait se présenter «en raison d’un empêchement». Le lendemain, il était en point de presse pour expliquer le fond de sa pensée, après sa déclaration stipulant qu’il avait «personnellement autorisé» le congédiement de l’agronome Louis Robert.
Moins d’une semaine plus tard, il s’est rendu au congrès de l’Union paysanne. Une situation que peine à s’expliquer la présidente de la délégation régionale de l’UPA, Patricia Bruegger, d’autant plus que l’Union paysanne «n’est pas la meilleure amie de l’UPA», image-t-elle. Rappelons qu’André Lamontagne est devenu le premier ministre de l’Agriculture québécois à assister à l’événement dans l’histoire de l’Union paysanne.
Déception
La dernière assemblée générale du syndicat régional de l’UPA prévoyait une participation record de la communauté agricole. Les agriculteurs sont toutefois demeurés sur leur appétit.
«Je trouve que son absence est difficile à digérer, admet Patricia Bruegger. Il y avait trois raisons d’assister à notre assemblée : il est notre député, il est ministre responsable du Centre-du-Québec et il est ministre de l’Agriculture. Nous étions tous des agriculteurs et il n’était pas là. (…) J’ai été déçue de voir M. Lamontagne se promener à l’Union paysanne, quand il ne prend pas la peine de venir s’occuper de ses électeurs dans sa circonscription.»
André Lamontagne, qui avait été chaleureusement applaudi à Québec, lors Congrès provincial de l’UPA en décembre, déçoit plusieurs agriculteurs de sa région, juge l’agricultrice de Wickham.
«Je parlais de cette situation avec une madame l’autre jour et elle m’a dit qu’il était “juste un politicien” et je ne vois pas ça comme un compliment, tranche Patricia Bruegger. Je ne pensais pas qu’il était comme ça. Ç’a fait sept ans que je suis à la présidence, je me rends compte que c’est devenu extrêmement rare les gens en qui on peut vraiment faire confiance et croire en leur parole.»
Les photos d’André Lamontagne au Congrès de l’Union paysanne publiées sur la page Facebook du principal intéressé ont fait réagir quelques agriculteurs de la MRC de Drummond qui ne se sont pas gênés pour dévoiler le fond de leur pensée.
Du côté d’André Lamontagne, son attachée politique, Laurence Voyzelle, a rappelé à L’Express que son absence du 3 février dernier est survenue pour des raisons personnelles.
Au sujet des controverses
Après avoir lancé qu’il avait «personnellement autorisé» le congédiement de Louis Robert, un agronome ayant sonné l’alarme au sujet des pesticides, André Lamontagne en a remis, le 9 février, au Congrès de l’Union paysanne. Il a alors qualifié certains fonctionnaires du ministère de l’Environnement d’«ayatollahs». Selon le Larousse, le terme sert à désigner une personne disposant d’un pouvoir considérable qu’elle exerce de manière intransigeante et rétrograde. Questionnée à savoir ce qu’elle pensait des récentes controverses de son député, Patricia Bruegger, estime qu’il peut être difficile de s’exprimer sur la place publique pour tout le monde, même pour un ministre.
«Je ne sais pas s’il fait exprès, lance Patricia Bruegger en riant. Ça peut être difficile pour un ministre de savoir quoi dire. Ça ne doit pas être évident pour lui de toujours dire les bonnes choses.»
