Soutien psychologique : «Ça s’annonce difficile chez vous»

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Par Frederic Marcoux
Soutien psychologique : «Ça s’annonce difficile chez vous»
La région aurait besoin d’une vingtaine de psychologues de plus, afin de répondre à la demande, selon le président de l’Association des psychologues du Québec (APQ), Charles Roy. (Photo : Photo : Depositphoto)

PSYCHOLOGIE. Selon le président de l’Association des psychologues du Québec (APQ), Charles Roy, les Drummondvillois peineront à recevoir un service adéquat en ce qui a trait à la santé mentale dans les prochaines années.

Celui qui représente 1600 psychologues québécois déplore les coupes budgétaires qui ont affecté le système de santé. Il estime qu’une vingtaine de psychologues manqueront à la région, dans les prochaines années, pour offrir un service convenable à la population.

«On anticipe qu’il va manquer entre 18 et 23 psychologues pour votre région d’ici trois ou quatre ans, signale Charles Roy. On entend déjà parler d’un gros manque au moment où on se parle et ce n’est pas la seule région où c’est comme ça.  Cela a comme conséquence que les gens ne pourront pas recevoir un service adéquat. On considère que c’est un service de base en santé, au même titre que n’importe quel service médical. Ça s’annonce difficile chez vous, vous n’avez pas l’air gâtés non plus avec ces chiffres-là. Il manque pas mal de monde.»

Un délai d’une année est chose fréquente pour un patient qui souhaite recevoir de l’aide. Le président de l’APQ précise toutefois que, si la vie d’un patient est en jeu, les «services sont assez intelligents» pour servir cette personne en priorité. Cependant, même si un Drummondvillois se tourne vers le privé, il risque de devoir prendre son mal en patience.

«Quand les gens seront en crise, ils devront se diriger vers le privé, mais ils n’auront peut-être pas assez de sous pour le faire, déplore le principal intéressé. Les ressources communautaires ne courent pas les rues. La population peut rester un peu prise sans avoir de services. C’est dommage. Quand le public n’est pas capable de répondre à la demande, ça va être aussi débordé au privé. Il y a de l’attente aussi. Il faut être très patient au privé.»

Un rêve pour les psychologues

Charles Roy, qui est psychologue depuis 31 ans, rêve que le Québec dispose des ressources nécessaires pour offrir un service de qualité. Comme plusieurs psychologues, il doit fréquemment limiter le nombre de séances, en raison des pressions de son employeur, pour économiser. Par exemple, plusieurs psychologues se limitent à 15 séances par patient, tandis que celui-ci en aurait besoin d’une vingtaine. En plus de 30 ans, Charles Roy a vu les mentalités de la population évoluer au chapitre de la santé mentale. Il aimerait cependant que celles des dirigeants en fassent autant.

«Il faudrait une plus grande compréhension des politiciens et des gestionnaires de l’importance de cette ressource pour la santé des gens, juge-t-il. Il faut que l’on comprenne qu’il y a de réelles économies à faire grâce à nous. On n’est pas une dépense : on est un investissement. On économise au niveau du nombre d’hospitalisations, il peut y avoir une réduction de la médication et du taux d’absentéisme au travail. On peut sauver facilement 10 % des frais de santé. On est aussi important que les médecins. Quand ça va mieux au niveau psychologique, il y a de gros impacts pour la santé.»

Charles Roy est d’avis que le Québec devrait suivre l’exemple de pays européens qui accordent une grande importance aux services offerts par un psychologue.

«J’aimerais ça qu’on soit comme plusieurs pays qui offrent une vraie bonne couverture, notamment en Allemagne et en Suède. Il ne faut  pas être comme en Angleterre, où on pense qu’on peut tout régler en trois ou quatre rencontres. Une vraie thérapie, ça peut durer une trentaine de rencontres en moyenne. Il faudrait financer nos services correctement à large échelle et renflouer les ressources dans le réseau public. On aurait une population qui serait pas mal plus en santé, qui serait mieux dans sa peau et qui serait pas mal plus productive. Ça réduirait les coûts de santé. Je rêve de ça», de conclure Charles Roy.

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