Les écoles privées se mobilisent contre le sexto

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Par Jean-Pierre Boisvert
Les écoles privées se mobilisent contre le sexto
Nancy Brousseau (Photo : Jean-Pierre Boisvert)

PRÉVENTION ­–Ce n’est pas une bonne idée pour une ado de se prendre en photo à demi-nue pour l’envoyer ensuite à son petit ami. Quand la relation est rompue, la photo existe toujours et elle risque de se promener dans l’univers numérique.

C’est ce genre de situation, qu’on appelle sexto, qui était au centre de la conférence qui s’est tenue la semaine dernière au Centrexpo Cogeco sous la gouverne de la Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP), en partenariat avec le Centre canadien de protection de l’enfance (CCPE), le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) et le Service de police de Saint-Jérôme.

Cette conférence, intitulée «mieux comprendre pour mieux agir», était offerte aux directions générales et aux responsables de ce dossier dans les écoles privées. Elle avait pour but d’offrir les outils nécessaires à l’adoption des meilleures pratiques ainsi qu’à la prévention et la gestion prompte et efficace des situations de sextage impliquant des mineurs.

«Le phénomène est inquiétant, reconnaît Nancy Brousseau, directrice de la FEEP. Depuis 2015, les statistiques sont en hausse sur les cas de sextage». Ce que confirme René Morin, du CCPE : «On a recensé 4500 signalements par mois au Canada, dont 25 % au Québec. C’est certain que la solution passe par la prévention. Il faut que les jeunes comprennent qu’ils deviennent producteurs et diffuseurs de matériel pornographique», met-il en contexte.

Selon les experts, c’est un problème qui peut dégénérer rapidement mais les jeunes qui sont affectés doivent savoir qu’il faut réagir rapidement. «Il ne faut pas garder ça pour soi, précise Mme Brousseau. Il faut le dire le plus vite possible. Une photo ça circule et rapidement. Il y a moyen d’agir, on peut, à l’aide d’un logiciel approprié, effacer ces photos compromettantes. Elles peuvent être retirées du circuit».

Comme le souligne David Bowles, président de la FEEP et directeur général du Collège Charles-Lemoyne, bien que la production et l’échange de sextos se fasse rarement à l’école, le personnel des écoles a un rôle clé à jouer dans la prévention et la gestion de ces situations délicates. «C’est souvent le personnel de l’école qui remarque qu’un élève vit une situation difficile. De même, c’est souvent vers un membre du personnel de l’école que les jeunes se tournent pour obtenir de l’aide lorsqu’ils se trouvent dans une situation délicate. Aussi, il arrive parfois que les échanges de sexto se fassent entre des élèves d’une même école et nous avons alors le devoir d’intervenir rapidement pour protéger les éventuelles victimes. Nous sommes sur la ligne de front dans la lutte aux sextos et nous avons la responsabilité d’être prêts à intervenir efficacement pour limiter les dégâts», a-t-il fait observer.

La conférence a permis d’aborder différents thèmes tels que les responsabilités et les obligations légales de l’école; les meilleures pratiques pour intervenir auprès des élèves concernés et leurs parents; la collaboration avec les policiers et les autorités judiciaires; la prévention; le Programme Sexto et le plan de formation et le service d’accompagnement de la FEEP.

«L’ère numérique offre des possibilités extraordinaires en éducation pour personnaliser l’enseignement, engager davantage les élèves dans leurs apprentissages et amener à la réussite des élèves qui ont des difficultés importantes. Il est toutefois important d’enseigner aux jeunes à utiliser le numérique avec discernement et de façon sécuritaire» a dit M. Bowles.

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