Il faut préserver et entretenir la Forêt Drummond (TRIBUNE LIBRE)

Il faut préserver et entretenir la Forêt Drummond (TRIBUNE LIBRE)
La Forêt Drummond. (Photo : Archives)

Tel que mentionné dans l’article du journal L’Express du 2 janvier 2019, le conseiller municipal John Husk nous dit qu’au cours des prochains mois, l’environnement doit rimer avec prospérité et progrès social à Drummondville.

J’ai soigneusement lu cet article et nulle part je n’ai vu que la Ville de Drummondville avait l’intention de se porter acquéreur de la Forêt Drummond, mise en vente récemment par Hydro-Québec, ou de soumettre un plan d’action pour la préserver (Note de la rédaction : la MRC de Drummond a acquis en Forêt Drummond en 2018). La préservation de ce joyau environnemental de la biodiversité est pourtant ce qui constituerait le meilleur outil de lutte aux GES et aux changements climatiques et je suis entièrement d’accord que Drummondville doit faire sa part.

Le temps presse parce que je pense sincèrement que très bientôt des promoteurs immobiliers voudront s’en porter acquéreur pour la raser et faire de ce territoire un autre quartier résidentiel.

Je donne entièrement raison au botaniste Jasmin Roy quand il affirme que cette forêt est exceptionnelle. Voici pourquoi.

En 1939, la décision avait été prise par la Southern Canada Power de construire un barrage hydro-électrique au niveau des rapides Spicer à Saint-Joachim-de-Courval, ce qui aurait eu pour effet d’inonder une bonne portion de territoire. Pour compenser cette perte, la compagnie avait fait l’acquisition d’un autre territoire pour y planter les arbres de ce qui est devenu la Forêt Drummond. Plusieurs l’ignorent, mais cette Forêt Drummond est à ce jour l’une des plus immenses sinon la plus immense forêt plantée de mains d’hommes en Amérique du nord.
Cette forêt qui constitue un véritable joyau patrimonial est cependant laissée à l’abandon depuis un certain temps et elle doit être entretenue de toute urgence, ce que nos politiciens semblent ignorer. Une forêt, cela doit être géré. Il faut abattre les arbres malades ou contaminés par les parasites car ils sont susceptibles de contaminer les autres arbres. Ces arbres malades peuvent éventuellement être victimes de la foudre ou être abattus par les grands vents. Il faut aussi faire du reboisement d’espèces variées pour compenser les arbres abattus. Si l’homme ne fait rien, la nature s’en charge. Jasmin Roy a raison. Cette forêt doit être préservée mais également entretenue.
Quant au barrage des rapides Spicer, il n’a jamais vu le jour en raison du déclenchement de la deuxième guerre mondiale, qui a modifié les priorités des gouvernements au profit de l’effort de guerre. Après la guerre, le projet n’a jamais été repris par la Southern Canada Power, une société qui de toute façon a été nationalisée par le gouvernement du Québec de Jean Lesage lors de la nationalisation des compagnies d’électricité en 1962. Québec a plutôt réalisé le méga projet de la Manicouagan.

Peut-être que les coûts reliés à l’acquisition et l’entretien de cette forêt par la Ville de Drummondville lui font craindre une augmentation des taxes municipales pour les citoyens. La question est posée. Mais la Ville n’est nullement obligée de s’en porter acquéreur.

En tant que maire de Drummondville et président de l’UMQ, Alexandre Cusson pourrait demander au gouvernement du Québec de s’en porter acquéreur et de la protéger en tant que patrimoine environnemental du Québec.

Cette forêt appartient à Hydro-Québec. L’actionnaire unique d’Hydro-Québec, c’est le gouvernement du Québec. Tout ce que le gouvernement Legault a à faire est d’adopter un décret ministériel enjoignant Hydro-Québec de lui céder cette forêt pour en faire une réserve du patrimoine environnemental du Québec et cela en raison du fait que cette forêt riche en faune et en flore est la plus grande forêt plantée de mains d’hommes en Amérique du Nord. Cette procédure la protégerait pour toujours sans qu’il nous en coûte un sou, enfin si la chose est possible. Mais je ne vois pas à priori où il pourrait y avoir un problème.
Ce qui pourrait rendre le gouvernement frileux face à cette suggestion, c’est qu’il devrait y consacrer des budgets annuels pour la gérer, la développer et l’entretenir. Cette tâche pourrait cependant être confiée à la SÉPAQ (Société des établissements de plein air du Québec) qui a l’expérience de ce genre de travail. En bout de ligne, je pense que cela pourrait se faire à des coûts abordables pour le plus grand enrichissement collectif de tous les citoyens de la région.

Gilles Bugeaud
Saint-Cyrille-de-Wendover.

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