Handicapé du jour au lendemain, il n’abandonne jamais

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Par Frederic Marcoux
Handicapé du jour au lendemain, il n’abandonne jamais
Daniel Mailhot. (Photo : Frédéric Marcoux)

Le 2 décembre 1995, la vie de Daniel Mailhot a radicalement changé, lorsqu’il a perdu l’usage de ses jambes en l’espace de quelques heures. Rien ne l’arrête depuis, le sexagénaire ayant choisi d’être heureux et de foncer dans la vie.

En changeant la couche de sa fille en 1995, Daniel Mailhot a contracté une maladie, la poliomyélite, un virus qui peut se transmettre à l’aide d’un contact avec les selles.

«Les médecins donnaient un vaccin à l’enfant, le sabin, pour qu’il développe des anticorps. Ils nous disaient de faire attention et de nous laver les mains pour ne pas contracter un virus atténué. Il y avait à peu près un cas par année au Québec et c’était moi cette année-là. J’ai commencé à me sentir mal au hockey le soir, quand j’étais gardien de sécurité et le lendemain matin, vers 6h, mes jambes ont lâché. J’ai pu me relever et aller à l’urgence, mais ç’a  recommencé à mal aller à l’hôpital. En l’espace de 24 h, j’avais les deux jambes paralysées», raconte Daniel Mailhot.

Deux jours plus tard, un médecin qui ne s’occupait pas de son dossier lui a lancé dans le corridor de l’hôpital sans avertissement : «je pense que tu ne marcheras plus jamais». Daniel Mailhot, qui se décrit comme un homme optimiste, avait alors toujours espoir de fonctionner normalement. Quelques mois plus tard, en réadaptation à Montréal, celui qui est aujourd’hui âgé de 60 ans a baissé les bras… pendant une trentaine de minutes. Il ignorait de quelle façon il parviendrait à traverser cette épreuve.

«Pendant une demi-heure, je me demandais comment j’allais faire, poursuit le principal intéressé. En réadaptation, il y avait une gang de gars en fauteuil roulant qui riaient comme des fous et j’ai décidé d’aller les voir pour rire avec eux. Le gars qui racontait des jokes était paralysé jusqu’au cou. Et là je me suis dit : “Daniel, tu as juste les jambes paralysées”. Ce gars-là était pire que moi et trouvait une façon d’être heureux. Je me suis dit que je n’avais pas raison de m’en faire et je suis toujours resté positif après ça».

Défier le quotidien

Après quelques mois de réadaptation, Daniel Mailhot s’est donné le défi de préserver son autonomie. Plusieurs banalités quotidiennes sont soudainement devenues un test à ses yeux comme laver le plancher, peinturer et déplacer des meubles. Le père de deux jeunes femmes a toutefois trouvé une façon d’effectuer ces tâches à sa façon. Il lance à la blague qu’il étudie la possibilité «de monter sur le toit pour déneiger la toiture», car il est «sûr que ça se fait».

«Quand je suis sorti de la réadaptation, je me suis dit que jamais je n’allais devenir un fardeau pour ma femme. Je me suis lancé des défis chaque jour par la suite», explique-t-il.

Sur le plan personnel, un divorce quelques années après le mariage ne l’a pas empêché de trouver l’amour un peu plus tard dans sa vie. Daniel Mailhot souligne que plusieurs personnes de son entourage ne remarquent plus son handicap, malgré son fauteuil roulant. Ces derniers voient l’homme fonceur, souriant et déterminer. Quelques mois après avoir perdu l’usage de ses jambes, celui qui gagnait sa vie en taillant des arbres, a obtenu son emploi de directeur à l’Association des personnes handicapées de Drummond.

Actif sur les plans social et professionnel

La clé pour traverser une épreuve comme la sienne, selon Daniel Mailhot, est de demeurer un actif pour la société sur le plan professionnel, en plus de continuer à s’investir sur le plan social. Il est d’ailleurs un des joueurs de l’équipe de basketball en fauteuil roulant de Drummondville. À son travail, au bureau de l’Association des personnes handicapées de Drummond, il rencontre plusieurs personnes qui ont tendance à baisser les bras. Certains cessent de participer à différentes activités et ne sont pas pressés de retourner sur le marché du travail. Il joue donc parfois un rôle de psychologue pour soutenir ceux qui viennent le voir à son bureau situé rue Saint-Marcel, à Drummondville.

«Si vous devenez handicapé demain matin, vous avez deux choix. Si vous voulez trouver la vie longue et plate, restez assis chez vous ou si vous voulez être heureux dans la vie et avancer, soyez positifs et lancez-vous des défis à chaque jour», de conclure Daniel Mailhot.

 

La Ville compréhensive, mais pas tous les citoyens

Daniel Mailhot travaille depuis plusieurs années au sein de divers comités avec la Ville de Drummondville pour s’assurer de l’accessibilité des divers immeubles pour les personnes atteintes d’un handicap. Selon lui, Drummondville s’en sort bien à ce chapitre, même si certains éléments, comme les toilettes, doivent être surveillés.

«Ça évolue beaucoup. Je fais partie du comité d’accessibilité avec la Ville. On a toujours eu une belle écoute de leur part», assure celui qui est natif de Drummondville, mais qui réside à Daveluyville.

Le seul bémol : les stationnements réservés aux détenteurs de vignettes. Plusieurs Drummondvillois ne respectent pas les règles, ce qui complique la tâche aux personnes handicapées.

«Il y en a qui ont de fausses vignettes et il y en a qui se foutent complètement de nous. C’est déjà arrivé qu’une mère d’un enfant handicapé utilise la vignette, en l’absence de l’enfant, pour aller magasiner», indique-t-il, à titre d’exemple.

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