L’éducation des enfants réfugiés : «il n’y a pas de solution idéale»

L’éducation des enfants réfugiés : «il n’y a pas de solution idéale»
Le nombre d’adolescents réfugiés augmente à Drummondville, posant problème au système d’éducation. (Photo : Photo d'archives)

FRANCISATION. Depuis deux ans, le nombre de familles réfugiées à Drummondville a considérablement augmenté. Mélanie Cardin et Cindy Brouillard, enseignantes en francisation, ont remarqué qu’aucune mesure n’a été mise en place pour assurer l’avenir éducatif des enfants, qui sont analphabètes.

Avant d’immigrer au Canada, la plupart de ces familles se trouvaient dans des camps de réfugiés. Leur cas est particulier. «Chaque enfant a une situation différente; certains sont éduqués, d’autres très peu. Puis, il y en a qui ne savent même pas comment tenir un crayon» a lancé Mélanie Cardin, enseignante à l’école La Poudrière.

Depuis environ deux ans, les types d’immigrants qui s’installent à Drummondville ont changé. Selon le Regroupement interculturel de Drummondville (RID), le nombre de réfugiés dans la région était de 157 en 2014. Quatre ans plus tard, il a pratiquement doublé en passant à 310 pour l’année 2018.

«Avant, il y avait seulement une classe de francisation et c’était pratiquement tous des immigrants, c’est-à-dire qu’ils étaient majoritairement scolarisés. C’était facile de savoir quoi faire avec les élèves après la francisation, ils reprenaient leur éducation là où ils étaient rendus, avant de quitter leur pays. Maintenant que la Ville reçoit beaucoup d’immigrants avec un statut de réfugié, il y a davantage d’adolescents analphabètes», a fait observer Mme Cardin.

Où est la place de ces élèves ?

Le rôle des deux professeures est d’enseigner le français pour que les élèves puissent ensuite retourner dans une classe régulière. «Où placer ces enfants qui n’ont jamais mis les pieds dans une salle de classe?», s’est questionnée Mme Cardin.

«Après trois ans de francisation, les jeunes réfugiés ne sont pas prêts à joindre un groupe de niveau secondaire», a soutenu sa collègue, Cindy Brouillard.

Selon elles, le problème est assez récent au sein de la Commission scolaire des Chênes (CSDC). «Nous travaillons là-dessus. Nous essayons de trouver des solutions avec la CSDC», a manifesté Mme Cardin qui semblait inquiète.

D’ailleurs, Normand Bernier, directeur général du RID, a laissé entendre, lors d’une entrevue avec L’Express, que les professeures ont raison de s’inquiéter. «Le gouvernement s’occupe de la francisation des réfugiés. Après, ce n’est pas clair. Le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion doit avoir une profonde réflexion sur ses programmes scolaires.»

Des questions sans réponses

Questionné à savoir si la CSDC a prévu mettre en place de nouvelles solutions, Jean-François Lussier, coordonnateur des ressources éducatives, a fait savoir qu’il existe déjà des mesures lorsqu’un jeune présente un grand retard scolaire.

«Effectivemment, certains partent de plus loin que d’autres. Il existe des tests comme le «Test du grand retard» pour connaître le niveau éducatif d’un jeune. Puis, on réévalue périodiquement leur cas afin de trouver la bonne place pour eux», a-t-il souligné, sans exposer de solutions concrètes. Selon lui, le but de la CSDC est de faciliter l’intégration des jeunes réfugiés au système d’éducation.

Pendant ce temps, Mme Cardin et sa collègue, Mme Brouillard, sont perplexes. «Je suis très heureuse de les avoir ces étudiants, je les adore. Mais, nous nous demandons ce qu’il va advenir d’eux après leur passage dans nos classes», a soutenu Mélanie Cardin.

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