FRANCISATION. Les deux classes de francisation de l’école secondaire La Poudrière accueillent des immigrants de partout dans le monde. L’objectif principal est d’intégrer ces nouveaux Drummondvillois, en commençant par l’apprentissage du français. Une tâche plutôt ardue, vu les nombreuses barrières culturelles et linguistiques qui viennent s’interposer.
Mélanie Cardin enseigne le français à une quinzaine de jeunes nouvellement arrivés au Canada dont la plupart ont migré de pays différents. Ils parlent pratiquement tous une langue différente, ils ont entre 12 et 17 ans et ils n’ont pas tous reçu la même éducation. Certains sont éduqués, d’autres ne savent pas lire et écrire. En tant qu’enseignante en francisation, elle a une tâche qui sort de l’ordinaire.
«À la rentrée en septembre, j’avais moins de dix élèves. À la fin de l’année scolaire, je devrais en avoir une vingtaine. C’est le regroupement interculturel de Drummondville (RID) qui informe la Commission scolaire des Chênes (CSDC) lorsqu’une nouvelle famille débarque dans la ville. Après, les jeunes qui ont entre 12 et 17 ans arrivent dans ma classe “débutante”. Ma collègue Cindy Brouillard enseigne à ceux qui sont plus avancés dans l’apprentissage du français», a expliqué Mme Cardin qui a accueilli L’Express dans sa classe, pendant que ses élèves préparaient des cartes de Noël. La plus grande difficulté de ces deux professeures est évidemment la barrière linguistique qui se dresse entre elles et les élèves.
«J’ai des jeunes qui arrivent de l’Afrique, d’autres de la Syrie ou encore de pays d’Amérique latine. Parmi ces jeunes, certains sont capables de communiquer en français. À l’inverse, en ce moment, j’en ai trois qui ne comprennent pas un seul mot en français», a-t-elle lancé.
La coopération est nécessaire dans une telle classe
Malgré leur grande différence culturelle, les élèves font preuve d’un grand esprit de coopération entre eux. «Certains parlent la même langue, surtout les jeunes qui arrivent de pays arabes ou hispanophones, et ils s’entraident beaucoup. Si un ne comprend pas une consigne, un autre élève peut lui traduire. C’est plus difficile avec les Africains, car il y a des dialectes différents dans chaque pays», a soutenu la professeure.
Par exemple, Guillome arrive d’une pays d’Afrique, où il communiquait parfois en français. «C’est difficile de comprendre ici. Moi j’aime aller à l’école, car je veux comprendre les gens et avoir un travail plus tard», a-t-il exprimé, toujours sans regarder la journaliste de L’Express dans les yeux en lui adressant la parole. Mme Cardin explique que dans sa culture, ne pas regarder son interlocuteur est une marque de politesse.
Comme c’est le cas pour Guillome, apprendre le français motive beaucoup les étudiants. «Ce sont des jeunes très enthousiastes. Tout ce qu’ils demandent, c’est de s’intégrer à leur nouveau pays d’accueil. Ils savent tous que ça passe d’abord par la langue», a ajouté l’enseignante.
L’objectif : décrocher un diplôme
Quand de jeunes immigrants d’âge de niveau secondaire arrivent à Drummondville, ils passent en premier par une classe de francisation, s’ils ne maîtrisent pas déjà la langue. Selon leur vitesse d’apprentissage, ils sont par la suite envoyés dans une classe «régulière» où ils reprennent leur éducation.
«Ils font un maximum de trois ans en francisation. Après, ils se retrouvent dans une classe ordinaire pour continuer leur éducation. C’est un grand défi pour eux de faire la transition pour réintégrer un groupe. Notre objectif est de faciliter leur retour à l’école pour qu’ils puissent décrocher un diplôme», a fait savoir Mélanie Cardin.
Malgré les défis quotidiens, Mélanie Cardin et Cindy Brouillard «adorent leurs élèves». «Ils sont vraiment motivés à apprendre et ils reconnaissent la chance qu’ils ont d’être dans un pays sécuritaire. C’est une belle clientèle», ont-elles déclaré.
