Le deuil d’un enfant, une épreuve épouvantable

Jean-Claude Bonneau
Le deuil d’un enfant, une épreuve épouvantable
Nicole Dutrisac anime depuis une vingtaine d’années des sessions pour venir en aide aux personnes endeuillées, et tout particulièrement aux parents qui ont perdu un enfant. (Photo : Ghyslain Bergeron)

DEUIL. «Il n’y a rien de pire dans la vie d’un parent que de vivre le deuil d’un enfant. C’est épouvantable. On réussit peut-être à la longue à l’apprivoiser, mais je reste convaincue qu’il est très difficile de l’accepter.» Ces paroles sont celles de Nicole Dutrisac, une agente de pastorale qui, depuis plus d’une vingtaine d’années, accompagne également des personnes endeuillées à l’intérieur des sessions gratuites du groupe de soutien Harmonie.

Parmi les différents thèmes abordés lors de ces sessions, les participants doivent comprendre qu’il est important et même primordial de ne pas minimiser sa douleur, que la peine est réelle et qu’on est en droit de ressentir de la tristesse quand nous perdons une partie de nous-mêmes. Pour animer ces sessions, Mme Dutrisac a elle-même suivi une formation à la Maison Jean Montbourquette, un prêtre psychologue qui a fondé une maison pour le deuil.

Une détresse profonde

Pour chaque parent, la perte d’un enfant se traduit très souvent par une détresse très profonde.

«D’entrée de jeu, tout parent estime qu’il est anormal que son enfant quitte le monde réel avant lui. C’est quelque chose d’incompréhensible, qui fait très mal. Bien souvent, une mère vit ce drame à sa façon et un père à la sienne. Comme couple, il faut être capable de s’épauler mais ce n’est pas toujours évident, surtout quand chacun des parents a de la difficulté à extérioriser sa douleur», soutient Nicole Dutrisac.

C’est donc pour comprendre, pour se donner des outils que le groupe de soutien Harmonie a été mis de l’avant. Chaque session comprend une dizaine de rencontres qui durent entre 1h30 et 2 heures et il y a deux sessions prévues chaque année. Lors des rencontres, deux personnes, Nicole Dutrisac et Monique Bernier, proposent les différents thèmes.

«On donne de la théorie, dans le plus grand respect de chaque personne. On parle des étapes du deuil, de la façon qu’il est possible de le vivre, de l’accepter et également de prendre soin de soi. Les groupes sont formés de 5 ou 6 personnes (de toute religion). Souvent c’est dans un processus d’échanges qu’il est possible de trouver des solutions, de points de référence.

Quand un parent perd un enfant, il est en colère après tout le monde. Il cherche un coupable. Il vit une détresse surtout lors de certaines périodes de l’année comme le temps des Fêtes ou un anniversaire précis. D’en parler, ça peut devenir une démarche libératrice. Et ça peut prendre 1 an, 2 ans ou même plus avant d’être capable de le faire», renchérit l’animatrice des sessions du groupe Harmonie.

Une bonne démarche

Depuis que le groupe de soutien Harmonie existe, ce sont près de 150 personnes qui ont pu profiter des rencontres de soutien et plusieurs de ces personnes témoignent haut et fort que ces sessions d’accompagnement et de résolution du deuil leur ont été salutaires.

«Le deuil d’un enfant, c’est quelque chose qu’on ne peut pas effacer mais on peut comprendre qu’on peut vivre sans son enfant. Il n’y a pas de recettes miracles. Les gens endeuillés auraient certainement avantage à ne pas vivre pareille situation en s’isolant. Le contact d’autres gens qui vivent ou ont vécu un tel deuil peut apporter beaucoup, peut apaiser les souffrances. Il est souvent plus facile de cheminer en groupe que seul et l’expérience des uns peut permettre aux autres de retrouver le sourire, le goût de vivre… sans oublier, il va sans dire, le drame qui s’est passé», ajoute Mme Dutrisac.

«Quand on vit le deuil d’un enfant, c’est tout notre corps qui est en deuil. Et pour retrouver une certaine joie de vivre, il faut tout d’abord se donner les outils et prendre soin de soi», conclut celle qui invite les personnes endeuillées à consulter, à parler de leur douleur pour, en bout de ligne, retrouver des jours meilleurs.

Ceux et celles qui aimeraient obtenir plus de renseignements sur les sessions d’accompagnement et de résolution du deuil peuvent contacter Nicole Dutrisac au 819 472-4872.

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