Les différents gouvernements doivent agir pour promouvoir l’agriculture, selon la présidente de la Relève agricole de Drummond, Joanie Courchesne. Le manque de valorisation des agriculteurs canadiens se fait ressentir dans le milieu.
L’éleveuse de bovins de boucherie révèle qu’il est parfois difficile pour un jeune agriculteur de garder le moral, dans le contexte actuel. La mission de la Relève agricole est d’ailleurs de promouvoir l’agriculture, tout en offrant des occasions aux jeunes éleveurs d’acquérir de l’expérience à l’aide de formations pour se perfectionner et des soirées pour socialiser.
«Le gouvernement doit penser à sa relève agricole et il doit la valoriser. Le nombre de fermes baisse dans tous les secteurs. Il doit aussi aider les jeunes entreprises à démarrer parce que tantôt ça va peut-être être compliqué nourrir sa population», insiste Joanie Courchesne.
Celle qui est agricultrice depuis sept ans estime que le défi est d’éduquer la population sur les réalités de l’agriculture et sur les aliments qu’elles consomment. Elle déplore le fait de voir l’agriculture constamment sacrifiée pour d’autres volets de l’économie nationale. L’agricultrice âgée de 28 ans a le sentiment que le pays perd grandement, sans gagner énormément en retour, lors des dernières négociations de libre-échange.
La qualité d’un produit et l’empreinte écologique de celui-ci écopent, lorsqu’un aliment doit parcourir une longue distance avant de se rendre dans une assiette de la région, atteste celle qui réside à Saint-Cyrille-de-Wendover; ce qui n’est pas le cas avec des produits locaux.
«Il ne faut pas dévaloriser notre agriculture pour un gars comme Donald Trump, avise-t-elle. Il faut que les gouvernements comprennent qu’un produit américain n’est pas le même qu’un produit canadien. Il n’y a pas les mêmes normes et il n’y a pas les mêmes conditions. Le Canada est capable de nourrir son peuple par lui-même et ça devrait être valorisé. Ce n’est pas normal de manger de la viande australienne si on est capable d’avoir le même produit à quelques rues de chez nous.»
Joanie Courchesne a fait savoir sa volonté de discuter prochainement avec le député de Johnson et ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne. Elle espère vivre assez longtemps pour voir le gouvernement et ses citoyens placer l’achat local au sommet de la liste de ses priorités.
Le goût de faire la différence
Présidente de la Relève agricole de Drummond depuis trois ans, Joanie Courchesne consacre plusieurs heures chaque semaine pour tenter de faire une différence auprès des jeunes agriculteurs.
«Avant, on entendait moins parler de la Relève agricole, mais maintenant, on est plus dynamique et on réalise qu’on est plus fort quand on se mobilise en gang. Nous sommes 2000 membres à l’échelle provinciale, dont 75 membres à Drummondville», mentionne celle qui s’implique également au sein du syndicat de la Relève agricole pour la région du Centre-du-Québec.
Son objectif est de partager sa passion en aidant de jeunes éleveurs qui souhaitent se lancer en agriculture. La principale intéressée et son conjoint ont chacun un emploi en ville le jour pour joindre les deux bouts avec leur élevage de 34 vaches à bœuf.
«L’agriculture, c’est important! J’ai la passion et je n’ai pas hésité à m’impliquer», assure Joanie Courchesne.
En tant que femme, elle n’a cependant jamais eu le sentiment de devoir se battre davantage pour se faire entendre. Dans son environnement immédiat, elle constate même un plus grand nombre de femmes que d’hommes engagés en agriculture.
«On est rendu équitable dans le domaine, selon moi. L’égalité des sexes en agriculture, ce n’est pas tabou du tout. Je n’ai pas eu à travailler pour me faire entendre, mais je remercie ceux qui l’ont fait avant moi.»
