(Tribune libre) Manque de personnel soignant : où en sommes-nous?

(Tribune libre) Manque de personnel soignant : où en sommes-nous?
Lettre ouverte (Photo : Photo Deposit)

Où en est-on avec le problème du manque de personnel soignant au CHSLD George Frederick?

Rien n’a changé. Après quelques efforts de solidarité, les cadres sont retournés à leurs propres problèmes, non-négligeables eux aussi.

Mais le personnel soignant est encore à bout de souffle. Rien n’a bougé.

Nous, en tant que peuple, avons la mémoire courte. L’été dernier, on clamait haut et fort que le problème de manque de personnel soignant à notre CHSLD était une urgence, on allait «y voir», qu’on ne pouvait pas abandonner nos aînés sans les soins appropriés, ni le personnel dans un état de fatigue et de détresse, à faire du temps supplémentaire obligatoire…

L’hiver est arrivé, et il semblerait que cette situation soit maintenant devenue acceptable… puisque rien ne s’est passé. Et on n’en parle plus beaucoup.

Ah oui, c’est vrai, il faut un peu de patience, il y a un nouveau gouvernement, il faut bien qu’on lui laisse une chance, et puis, durant la campagne, la CAQ avait bien «la santé» comme priorité.

Voyons où on en est.

Dans son discours d’ouverture, cette semaine, notre nouveau premier ministre affirme que l’éducation est la priorité. Noble priorité. Et on le presse de traiter de l’environnement. La santé? Comme pour les autres «priorités», aucun détail, aucun échéancier, aucun programme. Nos aînés devront attendre.

Oh, et n’oublions pas que le PDG de la «CIUSS-MCQ» est parti en tournée dans la région, question de faire face à population et de la convaincre qu’il avait pleinement évalué la situation, il a promis «d’y voir».

Voyons où on en est.

La nouvelle est tombée : voilà qu’il quitte le navire. Il faut bien laisser la chance au nouveau PDG de refaire une autre fois l’évaluation de la situation. Nos aînés devront attendre.

Bien sûr, il est fort possible que des mesures soient actuellement élaborées, prises, mises en action. On est peut-être même en train de concocter un tout nouveau sigle pour remplacer l’impressionnant CIUSS-MCQ. On est peut-être aussi en train d’estimer que si l’attention est portée ailleurs, on ne se préoccupera plus de la détresse profonde des humains qui s’occupent de nos parents et de nos conjoints, eux aussi «humains».

Peut-être est-il trop demandé de voir à l’éducation, à l’environnement et à la santé en même temps. Autrement dit, de mâcher de la gomme pendant qu’on marche en parlant au téléphone, trop compliqué, pas assez payant. Notre nouveau premier ministre dit, apparemment, ne pas aimer le mot impossible. Parce qu’il est capable de réaliser l’impossible, ou alors parce qu’il préfère ne pas s’occuper des cas difficiles? Faudra voir.

Peut-être aussi que si on regarde ailleurs assez longtemps, les aînés vont finir par mourir, les infirmières, assistantes, et préposés vont finir par quitter le boulot, soit pour trouver un autre emploi ou en congé de maladie, et ils vont arrêter de chialer.

Encore une fois, il faut se rappeler une évidence qui nous pend au nez.

Un jour, c’est nous qui serons appelés à vivre au CHSLD. Peut-être qu’alors… on regrettera de n’avoir rien fait.

Dernière heure : la protectrice du citoyen, apparemment la seule membre de notre classe dirigeante à comprendre et à reconnaître le problème, mentionne que la situation en CHSLD se rapproche dangereusement de la maltraitance. Sur un ton un peu agacé qui dit «Allumez, groupe!» Merci, madame. Ça fait du bien à entendre.

Notre nouvelle ministre des aînés est désolée. Désolée. Elle est… désolée et révèle qu’en secret, elle visite déjà les CHSLD. Autrement dit, elle va «y voir».

Un jour, il faudra arrêter de voir, et commencer à agir.

Lise Tessier, Drummondville

 

 

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