Yvon Garneau presse le secteur agricole

Yvon Garneau presse le secteur agricole
Yvon Garneau, coroner, est chargé le l'enquête. (Photo d'archives, Ghyslain Bergeron) (Photo : Archives Ghyslain Bergeron)

AGRICULTURE. Le coroner Yvon Garneau espère que des efforts sérieux seront déployés auprès des agriculteurs pour éviter d’autres décès comme celui de l’agriculteur Christian Labonté qui a trouvé la mort le 26 septembre 2017 à Saint-Bonaventure, en raison d’une intoxication survenue dans un silo à ensilage.

La Terre de chez nous rapportait récemment que neuf agriculteurs sont morts intoxiqués dans un silo à ensilage ou une préfosse en moins de 15 ans au Québec. Le temps presse d’agir de façon concrète, juge le coroner.

«Il est temps qu’il y ait une bonne mobilisation auprès des agriculteurs, tranche Yvon Garneau. Je sais que l’Union des producteurs agricoles (UPA) veut s’en charger pour sensibiliser ses membres. Cela n’a pas de bon sens de voir le nombre de décès qui sont toujours causés par le même modus operandi. Dans le cas de M. Labonté, la mort a été causée par une absence de protection individuelle comme un masque à gaz.»

Selon lui, les agriculteurs doivent changer leur philosophie, lorsque vient le moment d’intervenir dans un silo. Ces derniers se trompent s’ils se croient assez rapides pour éviter les effets des gaz en intervenant dans un silo, estime Yvon Garneau. Il rappelle au passage que «les gaz tuent très rapidement» et qu’ils sont «très sournois».

Le principal intéressé n’avait pas émis de recommandations à la fin de son rapport suivant le décès de Christian Labonté. À ses yeux, ce type d’accident est simple à résoudre en faisant preuve de vigilance.

«Ça ne servait à rien de répéter les mêmes recommandations d’autres coroners avant moi dans le passé, insiste-t-il. Il faut donner le temps aux efforts de certains de porter fruit».

Yvon Garneau salue toutefois l’ouverture du milieu agricole, depuis quelques années, pour tenter d’enrayer le phénomène. Il cite au passage l’Association canadienne de sécurité agricole (ACSA) qui a annoncé, le 30 octobre dernier, que dix Services d’incendie de la Saskatchewan recevront des équipements vitaux de sauvetage pour des opérations dans un silo à grains.

«Ce n’est pas simple»

Selon la coordonnatrice en santé et sécurité du travail de l’UPA, Marie Ménard, remédier à ce fléau, «n’est pas simple».

«C’est très intuitif, mais j’ai l’impression que les agriculteurs sont au courant du danger, mais qu’ils sous-estiment le niveau de risque. Pour ce qui est des gaz toxiques dans un silo, ça s’explique par le fait que les gaz ne sont pas là 365 jours par année, mais seulement pendant la période où l’ensilage fermente. Les agriculteurs vont dans le silo toute l’année, donc ils pensent être corrects.»

Elle soutient également que des efforts importants sont déployés pour sensibiliser les travailleurs agricoles depuis quelques années. L’UPA fournit de la documentation à ses membres. Chaque année, un colloque est réalisé par le syndicat pour aborder certains risques associés au travail. En 2016, la prévention aux intoxications dans un silo à ensilage était d’ailleurs le thème de l’événement. Marie Ménard espère voir le nombre de décès au travail diminuer chez les agriculteurs. Depuis le début de l’année 2018, 17 travailleurs ont trouvé la mort dans le cadre de leurs fonctions, informe-t-elle.

«On va continuer de les sensibiliser, c’est certain. Mais la décision de faire de la prévention ou non appartient aux agriculteurs», rappelle Marie Ménard.

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