(Tribune libre) Un immense iceberg de plastique à usage unique…

(Tribune libre) Un immense iceberg de plastique à usage unique…
Tribune libre (Photo : Depositphoto)

Chers épiciers,

Je me permets de vous interpeller directement. Pas par provocation, mais parce que je me soucie de notre avenir collectif.

Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Antonio Guterres, a dévoilé il y a quelques semaines que, selon lui, l’humanité a deux ans devant elle pour faire un changement de cap majeur en matière d’environnement, sans quoi «des conséquences désastreuses pour les humains et les systèmes naturels» s’en suivront.

Deux ans, ce n’est pas bien long, vous le savez comme moi. Surtout pour effectuer les changements qui s’imposent en matière d’écologie…

Des gestes doivent être posés. Maintenant.

Nous parlons beaucoup des pailles de plastique, ces derniers temps. C’est bien. Mais ce n’est que la pointe d’un immense iceberg de plastique à usage unique, qui engorge les océans et pollue la terre.

Et pour être franche, je ne vous trouve pas très bons avec le plastique…

Comment se fait-il que tout soit emballé à outrance?

Est-il absolument nécessaire d’emballer un paquet d’haricots verts avec la moitié d’un rouleau de pellicule plastique? Est-il absolument nécessaire d’emballer des bananes? Des oranges? De mettre des pêches dans de jolis contenants de plastique que je décapsulerai une ou deux fois, avant de  déposer, intact, dans mon bac de recyclage? D’utiliser du styromousse, matériel bon marché mais non-recyclable, et qui prend une éternité à se décomposer?

Je l’avoue, je n’ai aucune connaissance dans le domaine de l’épicerie. Ces emballages sont sûrement réalisés avec un souci d’hygiène et de salubrité, ou que sais-je.

Pourtant, ce n’est pas normal que chaque épicerie que je fais me vaille une tonne de plastique à usage unique… Et ce, même si je fais attention. En tant que consommatrice, je n’ai pas l’impression que mes intérêts sont représentés.

Loin de moi l’idée de minimiser le rôle des petits marchés, en particulier ceux qui vendent des produits en vrac. L’idée est géniale, et l’initiative est nécessaire. Avec tout le respect que je vous dois, vous devriez même vous en inspirer, chers épiciers.

Cependant, soyons lucides, la majorité des gens n’y font pas l’essentiel de leurs emplettes hebdomadaires. Ils vont dans les grands supermarchés, dans les IGA, Métro, Super C et Maxi de ce monde. Et, malheureusement, Drummondville n’est pas Montréal. Les possibilités y sont limitées, et malgré toute la bonne volonté du monde, il peut être difficile d’éviter les grands marchés d’alimentation.

Chers épiciers, vous avez un immense pouvoir. Mieux : vous avez une responsabilité.

Oui, les petits gestes individuels sont importants. Mais à quoi servent-ils si les institutions et les commerces ne font rien pour les aider, les encourager?

Je n’ai plus envie de faire mon épicerie comme dans les années 1980. Nous avons évolué jusqu’au plastique, et c’est bien.

Maintenant, il est temps d’évoluer vers autre chose. Et vous pouvez jouer un rôle important dans ce changement de cap.

Je vous suggère de mettre davantage de produits en vrac dans vos allées. De vous renseigner sur les alternatives au plastique à usage unique actuellement disponibles. Elles sont peut-être plus onéreuses sur le coup, je l’admets. Cependant, le plastique a un coût qui ne se limite pas aux chiffres sur un budget : c’est un coût duquel on ne connaît pas encore toutes les variables, et qui risque de se chiffrer en vies perdues d’ici quelques années.

Et de cesser d’emballer les fruits et légumes qui le sont déjà naturellement, nom de Dieu.

Josyane Cloutier

 

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