«De l’argent on en a, ce qui nous manque c’est le capital humain».

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Par Jean-Pierre Boisvert
«De l’argent on en a, ce qui nous manque c’est le capital humain».
Martin Beaumont (Photo : Jean-Pierre Boisvert)

«De l’argent on en a, ce qui nous manque c’est le capital humain».

Cette phrase prononcée par Martin Beaumont, président-directeur général du CIUSSS de la Mauricie/Centre-du-Québec, lors de la séance publique d’information tenue hier soir devant une soixantaine de personnes au Centre communautaire Saint-Pierre, résume assez bien toute la problématique liée aux services de la santé et des solutions possibles qui peuvent être appliquées.

Au cours de la présentation d’entrée de jeu, le PDG a tracé un portrait de l’état de la situation en général, indiquant entre autres que 55 % du budget annuel de 1 417 661 415 $ allait en Mauricie pour 52 % de la population totale et que donc 45 % du budget allait au Centre-du-Québec pour 48 % de la population. Il a également précisé que neuf nouveaux médecins arriveront dans Drummond en 2019 et que 19 signalements sur 1000 jeunes étaient enregistrés à la DPJ au Centre-du-Québec pour un ratio parmi les plus élevés au Québec.

Malgré les bonnes notes que M. Beaumont et le directeur général adjoint Carol Fillion ont bien voulu accorder à leur équipe de 18 000 employés, tout en reconnaissant que «tout n’est pas parfait», c’est surtout le sujet de l’hébergement qui a été amené sur le tapis par les gens assis dans la salle, même bien avant que ne débute la période des questions.

Cause de multiples frustrations tant de la part des infirmières et préposés aux bénéficiaires que des proches aidants, tous surmenés, l’hébergement dans les CHSLD, particulièrement au Centre Frederick-George-Heriot, n’est pas à la hauteur de la dignité que requiert un tel service aux aînés, selon les témoignages entendus au cours de la soirée.Beaumont a semblé bien reconnaître les difficultés qui ont été identifiées, allant même jusqu’à parler d’un «environnement toxique» au sein des équipes d’employés. «Je suis informé de ce qui se passe à Frederick-George-Heriot, j’y suis allé encore la semaine dernière. J’ai fait des recherches dans les archives et ça fait longtemps que c’est comme ça. Il y a une culture à changer. Ça ne se fera pas demain matin, mais je vais régler le problème. C’est ma priorité», a-t-il affirmé sur le ton d’un engagement solennel, ajoutant au passage qu’il y avait beaucoup de blessures indiquées dans les rapports.

Selon ce qui a été possible de constater, c’est que tous les problèmes liés à l’hébergement qui ont été soulevés par les participants ont pour origine la pénurie de main-d’œuvre. «Je veux procéder à des embauches, nous allons procédé à des rehaussement de postes, nous avons rappelé 3500 infirmières retraitées pour leur demander si elles voulaient revenir au travail, il y en a eu 50 qui ont accepté. Il y a une vingtaine de gestionnaires qui entrent la fin de semaine pour venir aider sur le plancher. Moi-même je l’ai fait. De l’argent on en a, ce qui nous manque c’est le capital humain. Je ne peux pas non plus engager n’importe qui, une personne qui n’est prête à faire ce travail, ne nous aidera pas en fin de compte. Je voudrais bien baisser les critères à l’embauche, comme par exemple accepter un secondaire trois au lieu d’exiger un secondaire cinq comme c’est le cas actuellement. C’est certain que j’aurais plus de monde mais quel message ça enverrait à la société et au ministère de l’Éducation? Le jeune pourrait se dire : je n’ai pas besoin d’aller à l’école plus longtemps, je vais aller travailler comme préposé aux bénéficiaires à 22 $ de l’heure. Ça n’aurait pas de sens d’agir comme ça», a fait valoir M. Beaumont.

La question des plaintes a également été abordée. Les personnes qui ont pris la parole ont à peu près toutes dit la même chose : «C’est long faire une plainte… ça prend même un certain courage… mais il n’y a pas de retour, sauf un accusé de réception… au fond, on serait tenté de vous dire, perdez pas votre temps à faire des enquêtes, on le sait que le problème c’est le manque de personnel».

Comme l’a dit un participant à la fin, «j’ai fini par comprendre qu’il n’y avait rien d’autre à faire pour aider nos parents que de s’investir à tous les jours pour donner un coup de main au personnel débordé».

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