La peur de mourir ne l’arrête pas

La peur de mourir ne l’arrête pas
(Photo : gracieuseté Paul Boucher)

DÉFI. Après avoir combattu en Afghanistan en 2009 et frôlé la mort, lorsque son véhicule blindé a roulé sur une mine, l’ancien militaire des Forces armées canadiennes, Keven Martel, s’apprête à livrer une autre bataille. Le 1er juin prochain, il traversera le Canada d’est en ouest, sans moyen motorisé, un parcours de 10 000 km.

En traversant le Canada, Keven Martel réalisera son rêve qu’il a en tête depuis bientôt dix ans. Le Drummondvillois demeurera toujours au nord du 50e parallèle. Sa décision l’obligera à sortir des sentiers battus. Il commencera son périple à Cape Spear à Terre-Neuve, le point le plus à l’est qui est aussi au sud du 50e parallèle, avant de remonter au nord et compléter son aventure huit mois plus tard. Celui qui est âgé de 33 ans devra redoubler de prudence, afin d’affronter des prédateurs comme le loup, l’ours noir et le cougar.

«Pour donner une image aux gens au sujet du 50e parallèle, c’est comme si on traçait une ligne à partir de Chibougamau et Port-Cartier explique celui qui se démarque par sa détermination et sa résilience. J’ai pris cette décision pour augmenter le niveau de difficulté. Je voulais faire une vraie traversée du point le plus à l’est au point le plus à l’ouest. En m’imposant le parallèle 50, je n’ai pas le choix de quitter les routes. Ça pose un problème au Québec et en Ontario, je vais être dans le bois avec une boussole.»

Trois ans de préparation ont été nécessaires. Keven Martel a d’ailleurs quitté les Forces armées canadiennes, en avril dernier, ce qui lui permet de se consacrer à fond à sa préparation. Il s’entraîne 18 h chaque semaine pour se préparer à traverser seul le pays en combinant la marche, le kayak de mer et le vélo, selon les secteurs. Il sera armé d’un fusil pour affronter les prédateurs, lorsqu’il sera à l’ouest du Canada.

«Ma plus grande crainte est de mourir, laisse-t-il entendre avant d’échapper un rire nerveux au téléphone. Pour le reste, je suis quand même bien préparé.»

Motivé pour plusieurs raisons

(Photo : gracieuseté, Paul Boucher)

Keven Martel estime que chaque individu peut gagner en sortant de sa zone de confort de cette façon. Celui qui est aussi conférencier juge qu’il est parfois nécessaire de souffrir pour devenir une meilleure personne.

«Je fais la traversée pour Sans limites, une organisation qui vient en aide aux militaires blessés physiquement ou mentalement en service, confie Keven Martel. J’amasse de l’argent pour eux. Je connais des gens qui profitent aussi.»

Le principal intéressé a lui-même vécu des moments difficiles au sein de l’armée. Il était ami de la caporale Karine Blais décédée à ses côtés à l’âge de 21 ans en Afghanistan à ses côtés. Keven Martel avait ramené le corps de son ami, avant d’être chanceux dans sa malchance trois semaines après l’événement; il s’en est sorti indemne après avoir roulé sur une mine avec un véhicule blindé.

«Je le fais aussi pour l’aspect humain, la plupart de mes points de ravitaillement sont dans des communautés autochtones, poursuit-il. Je veux apprendre de leur savoir et de leur culture. La troisième raison, c’est pour sortir de ma zone de confort. Les gens qui me suivent sur les réseaux sociaux disent que je suis malade de faire ça.»

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