Une conjoncture historique pour Drummondville

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Par Jean-Pierre Boisvert
Une conjoncture historique pour Drummondville
Avec l’élection des deux caquistes, et un maire qui est aussi président de l’Union des municipalité du Québec, le poids politique de Drummondville n’aura jamais été aussi fort. (Photo : Ghyslain Bergeron)

ÉLECTIONS. Pour la première fois de son histoire, Drummondville sera représentée à l’assemblée nationale par deux députés qui seront au pouvoir alors que la Coalition avenir Québec a balayé la province, incluant les quatre circonscriptions du Centre-du-Québec.

Avec d’écrasantes majorités, Sébastien Schneeberger, dans Drummond/Bois-Francs, et André Lamontagne, dans Johnson, ont été réélus de chaque côté du boulevard Saint-Joseph, comme en 2014, à cette différence qu’ils passent de la deuxième opposition officielle à un gouvernement majoritaire que formera leur chef François Legault. Ce qui a fait dire au maire Alexandre Cusson qu’il s’attend à voir au moins un des deux atterrir au conseil des ministres.

Un fait intéressant à noter, qui confirme une tendance nationale, dans les deux circonscriptions, on trouve Québec solidaire comme bon deuxième. Derrière Schneeberger et sa majorité de plus de 14 000 voix (56 %), on voit apparaître Lannïck Dinard qui a récolté 15 % des suffrages. Dans la circonscription de Johnson, derrière Lamontagne et sa majorité de plus de 10 000 voix (53 %), se pointe Sarah Saint-Cyr Lanoie avec 17 % des votes.

Pour Schneeberger, il s’agira d’un quatrième mandat. Celui qui s’est battu pour l’interminable dossier du Centre famille-enfant se trouvera maintenant dans le siège du conducteur pour ramener au Centre-du-Québec le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS), un engagement majeur de sa campagne électorale, et, du coup, atténuer les problèmes d’horaires des professionnels de la santé. «C’est vraiment un résultat extraordinaire, a affirmé André Lamontagne. Il me semble que les gens ont décidé de prendre leur destin en mains».

Avec 74 députés élus, on ne s’étonnera pas de voir la CAQ conserver les deux autres circonscriptions centricoises. Dans Nicolet-Bécancour, Donald Martel, avec 8000 voix de majorité (51 %), a largué tous ses adversaires, y compris la péquiste Lucie Allard (15 %) qui a fini deuxième.  Dans Arthabaska, Éric Lefebvre a conservé le siège qu’il avait conquis en 2016 lors d’une élection partielle rendue nécessaire par le décès de Sylvie Roy. Il s’est vu accorder la confiance de 62 % des électeurs, enregistrant une majorité indiscutable de plus de 20 000 voix. William Champigny-Fortier, de Québec solidaire, a pris la deuxième position avec 12 % des suffrages.

Le député André Lamontagne reçoit les félicitations de ses deux filles. (Photo – Ghyslain Bergeron)

QS est certes la deuxième gagnante de la soirée, tant sur le plan national avec 10 sièges qu’à l’échelle régionale. Mme Saint-Cyr Lanoie en a profité pour envoyer un signal aux caquistes : «Je veux (leur) rappeler qu’ils devront être à l’écoute des citoyens. Les gens ont démontré que l’environnement doit être au cœur des discussions et qu’il est primordial d’agir maintenant». Son collègue Dinnard n’a pas jugé bon de se présenter au rassemblement de Québec solidaire. Même s’il a eu un bon résultat, il a été égal à lui-même en refusant de parler aux médias!

Le revers s’est avéré très cinglant pour les représentants du Parti québécois et, en particulier, pour Jacques Tétreault qui a dit ne pas comprendre que les Québécois viennent d’élire majoritairement un parti qui n’a aucun programme en environnement. Et il fait la morale aux électeurs en déclarant : «Si les gens du comté (de Johnson) ont décidé de redonner (à André Lamontagne) un autre mandat, tant mieux pour lui, mais j’ai presque envie de dire tant pis pour la population». Sa collègue Diane Roy n’a pas été plus tendre : «Au Québec, on est mous! Je suis déçue que les gens n’aient pas compris. Avant de penser à un autre parti, il faudrait qu’ils révisent leur histoire…»

De leur côté, les deux candidats libéraux, François Vaes et Kevin Deland, se sont montrés meilleurs joueurs malgré la défaite. «Je suis positif, mais il faudra que la CAQ collabore avec l’opposition pour l’avenir du Québec. Son mandat est très grand puisque le PLQ a laissé la province dans une situation économique exceptionnelle», a commenté M. Vaes. Il n’a toutefois pu s’empêcher d’ajouter : «Les gens savent qu’ils veulent du changement, mais ils ne savent peut-être pas lequel. Ils ont un intérêt envers la politique, mais ne s’y connaissent pas bien».

Quant au taux de participation, il oscille autour de 68 % dans les deux circonscriptions qui se rejoignent à Drummondville. Le nombre d’électeurs inscrits était de 51 691 dans Drummond/Bois-Francs et de 59 862 dans Johnson. Il est à un peu plus de 66 % à la grandeur du Québec.

On retiendra sans doute que François Legault, le nouveau premier ministre du Québec, a été le seul chef de parti à s’être arrêté à Drummondville, plus précisément au Village québécois d’antan. La nouvelle conjoncture a fait dire au maire Alexandre Cusson qu’il s’attend à voir au moins un des deux députés atterrir au conseil des ministres. Si cela devait être le cas, avec un maire qui est aussi président de l’UMQ, le poids politique de Drummondville n’aura jamais été aussi fort.

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