Louise Rajotte : une carrière dédiée à la défense des droits des aînés

Louise Rajotte : une carrière dédiée à la défense des droits des aînés
Depuis plus de trente ans, Louise Rajotte est une citoyenne très engagée dans la défense des droits des personnes retraitées et préretraitées. Pour elle, il ne faut jamais baisser les bras dans le combat pour un monde meilleur, même s’il faut parfois prendre un repos. (Photo : Véronique St-Amand, photographe))

Par Jean-Claude Bonneau

Depuis une trentaine d’années, elle travaille non seulement à la reconnaissance mais aussi à la défense des droits des personnes âgées à vivre en toute dignité. Elle a été la fondatrice de la section drummondvilloise de l’Association québécoise des droits des retraités et préretraités Centre-du-Québec et, la semaine dernière, elle était décorée de l’Ordre de Drummondville pour sa longue carrière dans le domaine communautaire. Son nom : Louise Rajotte.

Le parcours de cette Drummonvilloise est tout simplement ahurissant. Aujourd’hui âgée de 72 ans, Louise Rajotte demeure toujours très active comme directrice-intervenante de l’AQDR Centre-du-Québec, mais elle ne se gêne pas pour dire qu’elle s’est donné comme mandat de préparer «sa relève» afin de profiter un peu plus de la vie qui lui sourit.

Pour plusieurs, dont le réputé avocat Jean-Pierre Ménard, l’histoire de Louise Rajotte, c’est celle d’une femme visionnaire, une personne en avance sur son temps, qui, déjà en 1987, constatait que la maltraitance des personnes âgées, ce n’était pas des cas isolés mais une situation qu’il fallait déjà regarder en face pour trouver des solutions afin d’assurer le respect et la dignité des aînés. Comme le mentionne Me Ménard, trente ans plus tard et d’immenses réalisations, Louise Rajotte peut être fière du travail accompli et de la force du mouvement qu’elle a su enclencher.

Femme de conviction et de valeurs, Mme Rajotte s’est tout de même dite étonnée d’être décorée de l’Ordre de Drummondville. «C’est avec humilité et beaucoup de gratitude que j’ai accepté cette reconnaissance qui rejaillit sur tout le regroupement AQDR. Plusieurs aînés travaillent dans l’ombre et portent de nombreux projets et de recevoir pareille reconnaissance, c’est très spécial», avoue ce grande dame de chez nous.

Une carrière dédiée aux aînés

Détentrice d’un bac en pédagogie de l’Université de Sherbrooke, c’est comme enseignante au primaire que Mme Rajotte a amorcé sa carrière. Puis, elle a enseigné le français à des adultes, plus précisément à des «pensionnaires» de l’Établissement Drummond. «On est loin des personnes âgées», comme elle le dit si bien elle-même.

Louise Rajotte. (Photo d’archives – Erika Aubin)

Elle a quitté le monde de l’enseignement après quelques années seulement. «À cette époque, mon conjoint, qui travaillait à l’Aide juridique, a été transféré à Matane. Donc, qui prenait mari, prenait pays et je me suis retrouvée en Gaspésie. Là-bas, avec l’aide de la communauté, j’ai lancé une petite entreprise de spectacles. Je me souviens qu’on avait présenté, entre autres, Michel Fugain et le Big Bazar. Puis, j’ai travaillé à l’aide juridique et c’est là que je me suis rendu compte que bien de gens, particulièrement les aînés, ne connaissaient pas leurs droits. Ça m’a bouleversé et c’est probablement ce qui m’a poussé à m’intéresser davantage à la cause de personnes âgées. Dès lors, j’ai dédié une partie de ma vie au secteur communautaire», précise celle qui agit également aujourd’hui comme aidante naturelle.

Début des années 1980, Louise Rajotte s’inscrit à l’École des services sociaux de Québec, pour obtenir un diplôme en gérontologie. Ayant toujours été attirée par le goût d’une justice sociale, Mme Rajotte revient à Drummondville en 1985 et amorce son travail en promotion et défense des droits des aînés.

«J’étais plus jeune et très passionnée et j’étais déterminée à travailler pour prévenir les abus envers les aînés. C’était une question de droits humains et ça, ça venait me chercher. Il fallait briser le silence et passer à l’action. Avec l’engagement de quelques autres personnes, il a été possible de former un comité provisoire qui a mené éventuellement à la création de l’AQDR Drummond. Aujourd’hui, plus de 40 sections AQDR au Québec travaillent entre autres à prévenir les abus envers les aînés», mentionne celle qui croit de plus en plus à l’engagement de personnes aînées au sein de notre société.

Certes Louise Rajotte est fière du chemin parcouru, mais elle est encore plus fière d’avoir travaillé avec des gens de toutes les générations au cours des vingt dernières années. Encore aujourd’hui, la directrice de l’AQDR se plaît à promouvoir l’intergénération, en donnant des conférences dans les écoles ou à l’intérieur de différentes associations.

«La lutte pour le mieux-être des aînés, c’est un combat de tous les jours qui interpelle toute la population, jeune et moins jeune, regroupements de bénévoles ou de professionnels. En fait, c’est le rôle de tout citoyen de répondre aux besoins des gens plus vulnérables. Au fil des ans, c’est devenu pour moi un travail motivant, valorisant et d’être régulièrement en contact avec des jeunes, c’est encourageant pour l’avenir», mentionne cette dame qui s’est battue farouchement pour faire reconnaître les grands principes de l’AQDR.

Un peu de repos

Même si le combat se poursuit et se poursuivra toujours, Louise Rajotte aimerait bien ralentir la cadence.

«Je n’ai pas pris de vacances depuis cinq ans. J’ai besoin d’un petit repos pour prendre soin de moi, pour faire des choses que j’aime comme voyager, écrire, revoir des gens que j’ai déjà fréquentés ou même faire de la coopération internationale.  Je veux toutefois demeurer active dans plusieurs regroupements de défense, trois jours semaine. J’ai encore plein de projets en tête.

2019 sonnera peut-être le repos de la guerrière mais je resterai toujours présente dans la communauté, d’une façon ou d’une autre. Je resterai toujours très fidèle à mes convictions», conclut Mme Rajotte qui sourit en pensant qu’aujourd’hui, l’AQDR est présente dans toutes les régions du Québec et que de nombreux projets ont été lancés ici et là, comme la Journée de la Gentillesse, pour l’amélioration de la qualité de vie des aînés.

 

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