«Ah ces maudits journalistes»

«Ah ces maudits journalistes»
Le président américain Donald Trump a récemment qualifié les journalistes «d’ennemis du peuple». Plusieurs de ses partisans portent cette casquette depuis 2016. (Photo : Photo: gracieuseté)

COMMENTAIRE. Ennemis du peuple, corrompus, artisans de «fake news» : les moyens sont nombreux pour s’en prendre à ces maudits journalistes détestés par Donald Trump ! La situation a toutefois atteint la limite de ce qui est acceptable. Aujourd’hui, plus d’une centaine de journaux américains ont publié un éditorial dénonçant les prises de position antimédias du président des États-Unis.

Un grand jour pour les médias qui comprennent qu’une crise se traverse en faisant front commun et non en luttant individuellement chacun de leur côté. La crise des médias est bien réelle. En plus des problèmes financiers, plusieurs méprisent les faits rapportés par les journaux, car ils ne cadrent pas avec leur vision des choses. Cependant, le fait de discréditer les faits est un jeu très dangereux pour la démocratie !

En plus d’insulter les médias et de vouloir en censurer certains en limitant leur accès à la Maison-Blanche, le président Trump a tendance à croire que son opinion est la réalité. Il se proclamait lui-même, en janvier 2017, comme étant l’un des présidents qui a accompli le plus dans l’histoire des États-Unis depuis Franklin Delano Roosevelt qui a relancé l’économie américaine en pleine crise économique dans les années 1930.

Or, comme nous le rappelait le président de l’Observatoire sur les États- Unis à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Charles-Philippe David, dans le cadre d’un cours universitaire, Trump n’avait passé aucun projet de loi à ce moment. Mais à quoi bon ? Le fait de blâmer les journalistes peut potentiellement rassurer sa base électorale qui n’aime pas voir sa vision du monde être rappelée à l’ordre par la réalité…

En limitant l’accès à la Maison-Blanche ou en s’attaquant à la crédibilité d’un journal, Trump cherche à miner la crédibilité de ce dernier. Ce désir de censure se rapproche dangereusement à ce qui a été vu ailleurs pour miner la presse. En 2016, en Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan a fermé trois journaux et une chaîne d’opposition, dans une série de 18 000 licenciements à travers le pays, après un coup d’État manqué. Le chef d’État croyait que ces gens constituaient une menace terroriste. Le cas de la Turquie en est qu’un seul parmi tant d’autres.

Survivre dans un monde en plein changement

Il faut absolument éviter de vivre au Québec ce que nos voisins vivent au sud de la frontière. La presse doit rester forte, les faits doivent triompher, et ce, pour offrir la chance à la population de prendre une décision éclairée pour le bien de la démocratie. À l’approche de la prochaine campagne électorale, j’ai un mauvais présage. Comme un étrange pressentiment qui laisse entrevoir que tous les coups bas seront permis entre les différents partis pour atteindre le pouvoir ou sauver sa peau.

Dans ce contexte, les faits devront primer. Si vous croyez que Facebook vous rend plus libre, permettez-moi de douter des algorithmes qui vous montrent la réalité telle que vous souhaitez bien la voir. Les médias doivent maintenir leur rôle de chien de garde de la démocratie et, pour y arriver, nous devons avoir l’appui de la population. Les critiques constructives et respectueuses de nos lecteurs ont leur place pour traverser une tempête, tous ensemble, à bord du même bateau.

À L’Express, nos propriétaires locaux croient que la crise des médias se traversera à l’aide d’une information de qualité. C’est justement à cause de ça que notre salle de rédaction s’agrandira encore une fois avec l’arrivée d’un nouveau journaliste d’ici quelques semaines. Comme me le faisait remarquer un collègue, Drummondville est une ville importante qui n’a rien à envier à d’autres qui ont leur journal au quotidien.

Ces maudits journalistes sont loin d’abandonner, au contraire, ils seront plus forts !

 

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