Maisons intergénérationnelles : plus besoin de demander un changement de zonage

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Par Jean-Pierre Boisvert
Maisons intergénérationnelles : plus besoin de demander un changement de zonage
Denis Jauron, directeur du Service de l’urbanisme. (Photo : Photo d'archives, L'Express)

DRUMMONDVILLE. Le phénomène des maisons intergénérationnelles n’ira pas en diminuant à Drummondville alors que le changement de zonage n’est plus obligatoire pour obtenir un permis pour en aménager une.

Denis Jauron, directeur du Service d’urbanisme à la Ville de Drummondville, parle d’une modification majeure qui pourra inciter des gens à regarder de plus près cette possibilité, après analyse des avantages et des inconvénients.

«Depuis 15 ans que la Loi provinciale existe, permettant l’ajout d’un logement secondaire dans une résidence principale, devant être occupé par une personne ayant un lien familial, nous avons étudié chacun des projets à la pièce et avons constaté que ça s’est toujours très bien passé. Par conséquent, le comité consultatif en urbanisme a recommandé de ne plus faire un changement de zonage pour un permis, ce qui va accélérer le processus administratif», a dévoilé M. Jauron précisant que la modification entre en vigueur maintenant.

Il n’en demeure pas moins que l’aménagement d’un logement intergénérationnel ou même la construction d’une annexe à la bâtisse principale est une question délicate qui demande réflexion.

«Bien entendu, c’est une belle façon pour des parents âgés de vivre près de leurs enfants et de leurs petits-enfants au lieu d’aller habiter dans une résidence pour les aînés après avoir quitté leurs domiciles. Ils peuvent partager non seulement des frais mais également des tâches comme s’occuper des enfants au retour de l’école ou faire des commissions durant le jour. En plus, cela peut donner l’occasion à un jeune couple d’avoir accès à la propriété», de faire valoir l’urbaniste.

Outre la dimension sociologique, qui exige à tout le moins une discussion entre les conjoints et des règles claires de cohabitation, afin d’éviter que le climat ne devienne problématique, la décision d’investir plusieurs dizaines de milliers de dollars dans la construction d’un logement intergénérationnel à même la résidence principale n’est pas à prendre à la légère.

Il faut d’abord savoir que ce logement ne pourra être occupé que par une personne ayant un lien familial avec le propriétaire, de sorte qu’il faut prévoir la suite des choses.

Car, comme le soumet Yves Carignan, de Dessins Drummond, la demande est là mais «il est souvent difficile à se rendre à la réalisation en raison des règlements des villes. Le multigénérationnel est souvent considéré comme un multi-logement car une fois que la famille l’aura utilisé, l’acheteur futur peut s’en servir comme duplex en effectuant quelques modifications».

Denis Jauron confirme cette crainte. Le danger, selon lui, est que le logement intergénérationel devienne un duplex déguisé dans un quartier de maisons unifamiliales, qui aura perdu tout son cachet.

«Le voisinage est un enjeu important, il faut penser à l’aire de stationnement pour les autos supplémentaires et se conformer aux critères comme la superficie et la hauteur de l’annexe. Il y a des règles à respecter et cela va demeurer. C’est pour ça qu’il faut prévoir la suite des choses. Lorsque, par exemple, les grands-parents auront quitté ce logement, il ne pourra être utilisé à des fins de revenus supplémentaires, à moins d’être loué à une personne ayant un lien familial. Voilà pourquoi il est recommandé de ne pas construire trop gros, de façon à ce que le logement, devenu inoccupé, puisse être transformé en salle familiale ou autres pièces utiles (agrandissement d’une cuisine, nouvelles chambres à coucher, garage etc.)».

Autre détail à considérer, si la vente devient plus tard la seule option valable, une maison intergénérationnelle prend un peu plus de temps à trouver preneur et elle coûte en moyenne 15 % plus cher. En revanche, par le biais du programme RénoVert, qui a été reconduit jusqu’au 31 mars 2019, le gouvernement du Québec offre un crédit d’impôt aux ménages qui transforment leur résidence en maison intergénérationnelle.
Concernant l’expression «lien familial», la définition juridique se trouve à l’article 113 de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme.

Des chiffres…

Nombre de maisons intergénérationnelles à Drummondville : 50

La croissance des maisons intergénérationnelles au Québec depuis 2010 est de 12 %.

De 18 % en 2016, la proportion des Québécois de 65 ans et plus passera à 26 % en 2036.

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