Sylvio Fréchette : un modèle sans pareil pour la jeunesse

Sylvio Fréchette : un modèle sans pareil pour la jeunesse
Sylvio Fréchette (Photo : archives, Ghyslain Bergeron)

BASEBALL. Le baseball possède une riche tradition à Drummondville, mais peu de joueurs auront marqué l’histoire de cette discipline comme Sylvio Fréchette. Portrait d’un athlète passionné, un gagnant dans l’âme et un modèle sans pareil pour la jeunesse sportive d’ici.

Originaire de Saint-Majorique, Fréchette a gravi les échelons du baseball mineur à Drummondville. Le puissant frappeur gaucher s’est vite imposé comme l’un des arrêt-courts les plus talentueux de sa génération. Son impressionnant parcours l’a mené jusqu’au plus haut niveau de baseball en Australie.

«J’ai eu la chance d’avoir de bons entraîneurs, parmi les meilleurs au Canada. Daniel Manseau a été très important pour les joueurs de mon époque. On formait un groupe très fort. À partir du moustique AA, on a monté les échelons ensemble. Notre gang a forcé la création d’une équipe midget AAA, puis d’une équipe junior majeur à Drummondville. C’est dans ces années-là que j’ai fait partie de l’équipe du Québec qui a gagné le championnat canadien junior à Terre-Neuve», se remémore celui qui a également évolué au hockey jusqu’au niveau junior AAA.

C’est un peu par hasard que Fréchette s’est ensuite retrouvé au pays des kangourous, où il a été proclamé joueur par excellence lors de son unique saison au sein de cette ligue. Puis, après un périple d’un an au volant d’une moto à travers plusieurs pays d’Asie, le globe-trotteur est revenu s’installer au Québec, où il a aidé les équipes de Montréal-Nord et de Sainte-Julie à remporter six championnats des séries éliminatoires dans le circuit de baseball senior de la région de Montréal.

Sylvio Fréchette (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

Rentrant à la maison à la faveur d’un emploi au pensionnat de Saint-Guillaume, Fréchette a effectué un retour triomphal avec les Dodgers de Drummondville en 2004, à l’âge de 30 ans. Les années suivantes ont toutefois été marquées par une hernie discale qui l’a tenu à l’écart du jeu pendant presque trois saisons. Des campagnes durant lesquelles les Dodgers ont connu des difficultés au sein du circuit québécois de baseball senior élite.

«Le baseball a connu un creux à Drummondville dans ces années-là, puis Mathieu Audet est arrivé. Il a fait un travail incroyable pour repartir ça. Le baseball mineur aussi est en santé présentement à cause de gens comme Christian Tourigny, Carl Drouin et Yannick Powers.»

Une véritable vocation

Athlète polyvalent, Fréchette agit depuis quelques années comme responsable du programme multisports au Collège Saint-Bernard. «C’est un programme qui fonctionne super bien. Je joue avec les jeunes. Ça me garde en forme. C’est vraiment ma vocation. J’adore ça! J’ai toujours cru qu’il fallait pratiquer plus qu’un sport. Depuis que je suis jeune, je joue au beach-volley, au golf, au tennis, au badminton… Les qualités athlétiques développées dans un sport te permettent d’évoluer dans l’autre», explique-t-il.

«Tu dois t’ennuyer de chaque sport. Là, c’est le printemps : la pelouse sort et je sors mon gant de baseball. J’ai hâte d’aller sur le terrain.»

Père d’une grande famille d’accueil comptant cinq enfants, Fréchette s’implique également dans le baseball mineur drummondvillois. En plus de diriger son fils depuis quelques années, il donne généreusement de son temps dans le cadre de cliniques s’adressant aux jeunes joueurs d’âge atome ou moustique.

Parmi les notions ce qu’il souhaite inculquer aux jeunes sportifs, Fréchette insiste sur celle de la visualisation mentale. «Je crois beaucoup en ça. C’est une habitude que j’ai depuis que je suis jeune. Avant un match, je mets de la musique. Je suis nu pieds dans la pelouse et j’imagine les meilleurs lanceurs devant moi. J’imagine chaque lancer possible… et je n’en manque pas une! Rendu au match, mes adversaires ne peuvent pas me surprendre, parce que j’ai déjà vu chaque lancer. C’est important d’avoir de la confiance en soi et de prendre l’avantage psychologique sur l’adversaire, peu importe le sport», fait valoir le bouillant athlète, qui s’est assagi au fil des ans.

Sylvio Fréchette (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

Aujourd’hui âgé de 43 ans (il célèbrera bientôt son 44e anniversaire), Fréchette est devenu un véritable mentor pour ses coéquipiers du Brock, au sein du circuit senior BB de Québec. À son meilleur lorsque l’automne commence, il a aidé le Duquartier à rafler le championnat des séries dans le circuit de la Vallée-des-forts en 2015 et 2016.

«C’est grâce aux jeunes que je reste jeune de corps et d’esprit. Bien sûr, je sens que je suis moins rapide, mais les gars me font sentir que j’ai ma place dans l’équipe. Je suis tellement fier de les voir grandir et évoluer. Je suis même prêt à jouer les seconds violons, car mon expérience me permet de conseiller les jeunes. Les gars m’écoutent et ils essayent toujours de s’améliorer», affirme celui qui évolue au deuxième coussin depuis quelques saisons.

Son leadership légendaire, Fréchette l’exerce avant tout par des actions. En l’observant, ses coéquipiers n’ont pour ainsi dire pas le choix de le suivre. «Quand j’embarque sur le terrain, je le fais en courant. Je veux être le premier à ma position. Quand c’est le temps de pratiquer, je le fais avec énergie. Je veux que ma technique soit parfaite. Pendant un match, je joue avec agressivité et je suis toujours positif, peu importe la situation. Je veux gagner chaque match. J’ai la même attitude avec les jeunes dans mon programme multisport. J’ai du plaisir sur le terrain. Je ne voudrais être nulle part ailleurs», dit celui qu’on surnomme «le Fresch».

Prendre la balle au bond

Le capitaine du Brock se réjouit de l’entrée en scène de joueurs de la trempe d’Étienne Blanchette et Xavier Tremblay. «Blanchette est un athlète hors pair. Il frappe fort, il lance fort et dans le champ, il n’y a rien qui tombe. Ça va m’enlever de la pression en offensive. Je m’en mettais parfois trop sur les épaules, surtout après une défaite. Tremblay aussi, c’est tout un lanceur. Ce sont des gars passionnés qui mangent du baseball. Ils ne viennent pas ici à reculons. On va être une équipe dure à battre», assure celui qui croit au retour éventuel de Drummondville dans le plus haut calibre de baseball senior au Québec.

Sylvio Fréchette (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

D’autre part, Fréchette espère de tout cœur que le projet de rénovation du stade Jacques-Desautels ou de construction d’une nouvelle infrastructure verra le jour. L’ajout d’un complexe synthétique intérieur le réjouit également. «Je joue ici depuis 35 ans. J’ai vu zéro investissement dans le baseball. Pendant qu’on investissait des millions dans le soccer, la natation, le tennis et le hockey, on nous a enlevé des terrains. On est vraiment en retard par rapport aux autres villes. Ce dont je rêve, c’est un stade avec des terrains de baseball mineur à côté. Je le souhaite de tout cœur pour les jeunes. Actuellement, l’engouement est là : il faut prendre la balle au bond.»

Comme le bon vin, Sylvio Fréchette semble s’améliorer avec l’âge. La saison dernière, le rusé vétéran a même établi des records d’équipe au chapitre des buts volés et des buts sur balle. Jusqu’à quand prolongera-t-il le plaisir? «J’ai encore du fun sur le terrain avec les jeunes. Je sens le poids des années, mais je m’entraîne aussi fort qu’avant. J’aime ça jouer au baseball, mais j’aime aussi être au bon au baseball! Je suis conscient qu’un jour, la cadence va descendre. Il faut que je sois capable de l’accepter. Je vais avoir un rôle différent, mais je sais que les gars se sentent plus fort simplement quand je suis là. Juste ça, ça me donne de l’énergie. Je n’ai pas le choix : je réponds.»

«Pour moi, le baseball va toujours rester un jeu. J’aime ce sport, mais j’aime encore plus les rencontres que j’ai faites grâce à lui. Tous ceux que j’ai croisés durant ma carrière sont restés mes amis. C’est le plus beau cadeau que le baseball m’a donné», conclut le cœur et l’âme de la balle blanche aux coutures rouges à Drummondville.

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