Une découverte mondiale pour le dentiste Jacques Véronneau

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Par Cynthia Martel
Une découverte mondiale pour le dentiste Jacques Véronneau
Jacques Véronneau est le seul cariologiste au Canada. (Photo : (Photo Cynthia Giguère-Martel))

SANTÉ. Le dentiste Jacques Véronneau est sur le point de mettre en marché un dentifrice naturel prévenant la carie dentaire et ses lésions. Une première au monde représentant l’aboutissement de 12 ans de démarches et de recherches.

Au fil de ses essais cliniques qu’il a menés dans différents pays, le dentiste et cariologiste (le seul au pays) originaire de Sorel-Tracy, mais oeuvrant à Drummondville a pu démontrer que les fluorures appliqués en surface sur les dents ne donnent aucun résultat significatif.

«J’ai fini par comprendre par ma dernière étude l’an dernier que lorsqu’un patient est fortement infecté par les bactéries cariogènes, les fluorures appliqués ne fonctionnent pas, c’est-à-dire qu’ils ne démontrent presque aucune incidence sur la diminution des lésions carieuses. Pourtant, cela se fait sans égard à l’infection dans des millions de bureaux dentaires dans le monde sans avoir aucune idée de l’effet réel des applications de ces fluorures. Si nous ne changeons rien, le Québec, qui a pourtant le plus de ressources en santé buccodentaire au Canada, continuera à avoir le pire bilan», déplore-t-il, ajoutant que tous les produits vendus actuellement ne font que diminuer les dommages plutôt que de contrôler le processus carieux.

Devant ces constats, M. Véronneau a voulu miser sur un antibactérien d’usage commun par les gens. C’est alors qu’en 2012, il découvre le xylitol, un sucre d’alcool naturel qui ne cause pas la carie dentaire.

«Le xylitol est utilisé partout dans le monde comme édulcorant sucrant. Les Scandinaves ont découvert que le xylitol est un antibactérien naturel sur les bactéries causant la carie. Santé Canada a même reconnu cet effet pour les gommes, mais il faut payer environ 400 $ par année pour ce produit que l’on doit prendre trois fois par jour, dix minutes chaque fois. Une offre élitiste à mon avis qu’aucune personne vulnérable ne peut se procurer», explique celui qui détient les Centres dentaires Véronneau, dont l’une des cinq cliniques est présente à Drummondville.

«Je me suis donc questionné sur le fait que dans un dentifrice, poursuit-il, le xylitol pourrait fonctionner. En parcourant les recherches, j’ai découvert que chaque fois on avait testé le xylitol à 10 % (édulcorant) combiné aux fluorures, il n’y avait pas eu d’effet et on avait abandonné les tests.»

Véronneau a donc eu l’idée de tester en première mondiale les effets d’une pâte à dents au xylitol strict à 25 %. Pour ses essais cliniques, il s’est rendu à Pristina, au Kosovo, où il avait rencontré, un an auparavant, une étudiante au doctorat souhaitant l’avoir à ses côtés à titre de superviseur de recherche.

«Je lui ai suggéré de réaliser des tests auprès de 202 enfants âgés de six mois et de leurs parents que l’on a divisés au hasard en deux groupes. Un groupe contrôle brossait comme d’habitude leurs dents avec des pâtes conventionnelles et l’autre partie brossait deux fois par jour avec la pâte naturelle. Trois ans plus tard, on a analysé les données. J’ai été stupéfait : pour la première fois, on avait découvert une pâte naturelle au xylitol strict agissant comme agent thérapeutique de la carie dentaire! À titre d’exemple, les fluorures ont un effet de prévention tertiaire préventif d’en moyenne 24 % sur les dents d’adulte et 31 % sur les dents de bébé. Avec notre projet, nous avons obtenu un effet de 60 % de différence de lésions entre les deux groupes», raconte-t-il, fièrement.

En somme, cette pâte a la capacité de diminuer les bactéries cariogènes, et ce, même six mois après son arrêt. Elle traite aussi la maladie carieuse en intervenant dans le processus et en renversant des lésions débutantes en bouche en plus de diminuer le risque carieux des patients.

Une demande de licence a été faite auprès de Santé Canada par l’entremise de la compagnie Oral Science située à Brossard. Cette dernière sera responsable de la vente de cette unique pâte dans les pharmacies et les cabinets dentaires, et ce, dans quelques mois.

«Si la pâte existe, c’est en grande partie grâce à mon réseau de collègues partout dans le monde», laisse-t-il entendre en guise de conclusion, ajoutant que ses actuelles recherches s’orientent vers une pâte désensibilisante naturelle.

Son riche parcours en bref

– Jacques Véronneau a obtenu, en 1981, son diplôme de dentiste généraliste.

– Quatre ans plus tard, il a fait l’achat d’une pratique privée située à Saint-Denis-sur-Richelieu où il a été le dentiste pendant 18 ans.

– Il a également oeuvré dans le Grand Nord, dans la ruralité du Québec et en Afrique. Il a même été consultant pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à Washington.

– En 2005, il a terminé un doctorat en sciences spécialisées en cariologie moderne à l’Université McGill. Durant sept ans, il a agi comme chercheur et professeur adjoint.

– Il est ensuite retourné à la pratique dans un modèle plus social, plus précisément comme dentiste itinérant dans les Centres dentaires Véronneau.

– Il est le seul cariologiste au pays (non reconnue comme spécialité au Canada). Il est également le seul dentiste en Amérique formé pour les quatre systèmes de détection moderne de la carie dentaire, lui permettant notamment de différencier les caries actives de celles inactives.

– Il a effectué des recherches sur trois continents impliquant environ 15 000 participants à ce jour.

– Il a aussi formé bénévolement 100 professeurs d’université en Europe et Amérique latine.

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