Pascal Gagnon, «le» répondant en santé et sécurité du travail pour 25 000 pompiers québécois

Pascal Gagnon, «le» répondant en santé et sécurité du travail pour 25 000 pompiers québécois
Pascal Gagnon. (Photo : Photo Ghyslain Bergeron)

Par Jean-Claude Bonneau

SÉCURITÉ. Il qualifie lui-même son parcours d’atypique. Il aurait voulu devenir hockeyeur, un rêve qu’il a caressé plus jeune, entraîneur en conditionnement physique, agriculteur ou même pompier. Après avoir touché à toutes ces sphères, c’est plutôt dans les domaines de la biomécanique et de l’ergonomie que le Drummondvillois Pascal Gagnon a débuté sa carrière.

Aujourd’hui, ce résident de Sainte-Brigitte-des-Saults parcourt une grande partie du Québec, de la Rive-Sud de Montréal aux Îles de la Madeleine, en passant par la Baie James, pour le compte de l’APSAM, l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail.

Constitué en vertu de l’article 98 sur la Loi sur la santé et la sécurité du travail, cet organisme à but non lucratif soutient les travailleurs et les employeurs du monde municipal dans leurs actions de prévention, ce depuis 1985.

Membre de l’équipe professionnelle de l’APSAM depuis une quinzaine d’années, comme formateur ou conseiller en prévention, Pascal Gagnon s’est spécialisé en incendie et travaille étroitement avec les associations de pompiers du Québec. Il est devenu le répondant direct de quelque 25 000 pompiers québécois en ce qui concerne les services de prévention des incendies, les risques chimiques, les matières dangereuses (SIMDUT), les mesures d’urgence, les sauvetages techniques spécialisés, la protection respiratoire et les équipements de protection individuelle.

Un parcours particulier

Âgé de 41 ans et père de trois enfants, notre interlocuteur ne se cache pas pour dire que la vie lui a été généreuse.

Ayant joué tout son hockey mineur doubles lettres à Drummondville et son midget AAA dans l’uniforme des Cantonniers de Magog, ce joueur de centre a été invité au camp d’entraînement des Tigres de Victoriaville en prévision de la saison 1992-1993. Retranché avant le début de la campagne, il a reçu une invitation de l’instructeur des Voltigeurs de Drummondville, Jean Hamel, pour joindre l’équipe.

«Jean Hamel m’a vraiment donné une chance. J’ai joué une partie de la saison mais j’ai terminé ma carrière dans le Junior Tiers 2 à Cowansville. Par la suite, j’ai décidé de me concentrer sur mes études», spécifie celui qui a un bac en éducation physique de l’Université de Sherbrooke.

«J’ai commencé à travailler dans un centre de conditionnement physique. C’est d’ailleurs là que j’ai rencontré mon épouse, un classique il va sans dire. Passionné par la biomécanique et l’ergonomie, je me suis davantage intéressé à la santé et la sécurité au travail et c’est comme ça que j’ai décroché quelques mandats dans des entreprises locales comme Multina, Venmar, Lazer Inox. Puis est arrivée la possibilité de me greffer à l’équipe de l’APSAM», spécifie celui dont la conjointe Valérie Jutras est copropriétaire de l’entreprise Les Cultures de chez-nous de Sainte-Brigitte-des-Saults.

De formateur à conseiller en prévention

Subventionnée par la CNESST (la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail), l’APSAM se veut une référence en matière de prévention des lésions professionnelles dans le monde municipal et est reconnue comme un leader dans ce milieu. La mission et la vision de cet organisme meublent aujourd’hui le quotidien de Pascal Gagnon.

«La santé et la sécurité au travail sont devenues mes priorités, et ce particulièrement au niveau des pompiers du Québec. Depuis quelques années, les associations de pompiers sont de plus en plus conscientisées quant aux risques émergents, particulièrement au niveau des cancers. Par exemple, au cours des quinze dernières années, il y a eu pas moins de 87 cas de cancer chez les pompiers de Montréal et une cinquantaine ailleurs au Québec. Lors d’interventions, les pompiers doivent adopter de nouvelles façons de travailler étant donné que les matériaux inflammables sont de plus en plus toxiques et par le fait même plus cancérigènes. C’est pour cette raison que l’APSAM veut apporter, dans le cadre d’un changement de culture, des solutions basées sur des études scientifiques», soutient celui qui, en 2017, a animé une soixantaine de conférences à travers le Québec, conférences mises de l’avant par les différentes associations de pompiers et pompières bien appuyées par l’Association des pompiers de Montréal qui, depuis 2007, a effectué un travail remarquable pour faire reconnaître le haut taux de risques du métier de pompier.

«L’Association des pompiers de Montréal a effectué un travail remarquable pour faire reconnaître le haut taux de risques de développer certains types de cancer en lien avec le métier de pompier. La réalité est bien présente et il faut y faire face. Selon les statistiques, quatre personnes sur dix auront un jour un diagnostic de cancer et un pompier voit son taux à risques augmenter de 9 % par rapport à tout autre citoyen. Le risque 0 n’existe pas, mais il faut trouver les solutions, que ce soit dans la façon de nettoyer les habits des pompiers, dans la décontamination ou autre. Et à ce niveau, le Québec est reconnu comme un leader au sein de toute la francophonie», renchérit Pascal Gagnon qui voit à fournir des services aux 704 casernes incendies du territoire québécois.

De la parole à l’écriture

Après avoir participé à la réalisation du Guide des bonnes pratiques «L’entretien des vêtements de protection pour la lutte contre les incendies» de la CNESST, Pascal Gagnon a récemment vécu toute une expérience alors qu’il a participé au premier congrès de la Zone Nage qui s’est déroulé à Namur en Belgique.

Pas moins de 450 intervenants, médecins, ambulanciers, pompiers, élus, décideurs, participaient à ce congrès dont le sujet était la toxicité des fumées.

«La Zone Nage regroupe quatre grandes villes associées qui desservent en service incendie plusieurs petites municipalités de leur territoire. Les responsables du congrès voulaient connaître les avancés qui ont été faits au Québec et les grandes lignes du travail effectué depuis deux ou trois ans. Cette rencontre a été fort constructive et elle pourrait amener sur d’autres projets au cours des prochains mois et des prochaines années. D’ailleurs, il est fort possible que je retourne en France en septembre», stipule celui qui va également collaborer à l’écriture des prochains numéros de la revue française Soldat du feu.

Des projets

Fortement engagé dans les différents centres de formation, Pascal Gagnon se dit toujours animé par les projets en cours.

«Il y a encore beaucoup de travail à faire et, de concert avec les acteurs du milieu, il faut continuer de valoriser le métier de pompier et surtout fournir à la relève toute la formation nécessaire. Il faut continuer à partager nos bonnes pratiques et aussi de voir ailleurs ce qui se fait. Il faut demeurer à l’affût des nouveautés, des changements. C’est un travail demandant à tous les jours mais combien passionnant», conclut celui qui coiffe des chapeaux de conseiller, de formateur, de coach en plus d’agir comme pompier volontaire à Sainte-Perpétue (il a suivi une formation de 310 heures). Et pour meubler ses temps libres, il aime bien donner de son temps à la cause du hockey mineur de Drummondville, gratter la guitare et suivre ses enfants dans plusieurs de leurs activités sportives.

 

Partager cet article