Femmes tatouées de la tête au cœur

Femmes tatouées de la tête au cœur
Landy Rose, artiste, femme d'affaires et passionnée de tatouage. (Photo : Stéphane Lévesque)

TATOUAGE. Pratique millénaire longtemps associée à des groupes marginalisés (les prisonniers par exemple) et aux rebelles de toutes sortes, le tatouage est devenu, aujourd’hui, commun, entre autres, chez les femmes. Landy Rose incarne ce phénomène social.

En entrant dans sa boutique, rock classique dans les haut-parleurs, vêtements originaux dans les présentoirs et bijoux de perçage en quantité, on n’est visiblement pas dans un salon de thé chez Landy Rose. Rencontrer l’excellente chanteuse du groupe Rose Garage, c’est faire la connaissance d’une personnalité unique, attachante, une tatouée de la tête au cœur entourée de ses semblables.

Dans sa prime jeunesse, la passionnée correspondait en partie au profil rebelle que l’on retrouve chez les habitués du tatouage. Premier dessin indélébile pratiqué sur sa peau à 12 ans par un frère tatoueur de son état, elle était une gentille adolescente un peu délinquante. «Pour moi, avoir un tatouage, c’était être tough.» Sa petite rose (comme son nom d’artiste), elle l’a toujours conservée car pour elle, cet art corporel, c’est un mode de vie. «Les tatouages, ça m’habille, ça fait partie de moi, ça me passionne. J’en ai besoin car je suis une créative, j’ai tout le temps des idées. C’est pour ça que je suis tatouée partout ou presque. Les tatouages, ce sont des œuvres d’art que je porte et que je ne me tanne pas de regarder tant sur moi que sur les autres.»

Évidemment, on le devine, Landy arbore des tatouages qu’elle a eus à l’adolescence, qui ne représentent plus la femme d’affaires et la maman de 36 ans qu’elle est maintenant. «J’évolue toujours, mais ils font partie de moi, ils font partie des étapes de ma vie de femme que je ne peux pas nier.»

Rencontrée en train d’attendre nerveusement l’heure fatidique, de son côté, Frédérique Jamison en est à sa grande première. Jeune quarantaine, elle voulait marquer le fait de renouer avec sa sœur émigrée en Allemagne depuis 7 ans : «On s’est dit : On se fais-tu tatouer?» La réponse a été un « Go » retentissant. Anne-Marie Côté, elle, en est à son quatrième. Interviewée, sur le vif, en train de se faire tatouer, elle est rapidement devenue accro. «Plus tu en fais faire, plus tu en veux!» Future enseignante, elle ne craint pas le jugement des autres. Mais elle demeure prévoyante en se faisant tatouer que sur les bras «Au pire, si ce n’est pas accepté à mon travail, je vais mettre des manches longues.»

L’amour du tatouage trouve écho, on le devine, chez les artistes de la peau. Pour Ady Breault, c’est le métier qui lui permet de combiner les deux passions de ma vie : l’art et les gens. «Faire et se faire un tatouage, c’est une belle relation de confiance. En général, quand les gens sont ici, ils sont heureux. On met du bonheur dans leur vie en faisant ce qu’on aime.» Et parfois, les confidences fusent. On le devine, avec une certaine douleur impliquée qui s’ajoute, c’est un processus souvent émotif. Car, un tatouage sert souvent à souligner un fait marquant, le nom de ses enfants ou un être cher disparu qu’on ne veut pas oublier. Il y a également un sentiment du devoir accompli, fierté qui est partagée par sa collègue Audrey Basque qui fait le métier depuis quatre ans.

Tatoueuse en pleine action

Femme de cœur, mais aussi de principes, Ady Breault a déjà refusé de tatouer certaines personnes. «Ce qu’on voulait se faire tatouer ne convenait pas à mes valeurs. Par exemple, des symboles racistes, je vais toujours refuser de faire ça!»

Fin d’avant-midi, Landy Rose, femme de cœur, s’apprêtait à commander des sushis pour ces femmes tatouées de la tête au cœur.

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