Une guerre simulée, sans danger, mais impressionnante

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Par Jean-Pierre Boisvert
Une guerre simulée, sans danger, mais impressionnante
L'artillerie donne toujours un effet spectaculaire. (Photo : Ghyslain Bergeron)

On dira ce qu’on voudra, entendre un fusil mitrailleur déballer une centaine de coups en quelques secondes à côté de toi, c’est impressionnant, pour ne pas dire épeurant!

 C’est le genre d’expérience dont ont pu être témoins des journalistes et plusieurs badauds lors d’une opération militaire simulée sur le terrain de l’aéroport cet après-midi à laquelle ont participé une centaine de réservistes de l’armée canadienne, appuyés par l’artillerie. Les obus et les armes étaient chargés à blanc (donc sans projectiles).

Les soldats étaient divisés en deux groupes : les ennemis et les amis (portant un pantalon blanc) qui devaient, selon le scénario écrit d’avance, reprendre le contrôle d’une tour de communication et la protéger par la suite. L’affrontement a surtout eu lieu dans le boisé le long du Chemin de l’aéroport où déambulaient des arbitres, portant un brassard blanc, qui décidaient lesquels étaient tombés sous les balles d’un tireur adverse, donc mis hors de combat.

«Cet exercice, a expliqué le lieutenant-colonel Steve Hétu, est le point culminant après plusieurs petits exercices au cours de l’année servant à confirmer le niveau de capacité de ces réservistes. Nous devons offrir la capacité d’intervenir lors d’opérations nationales ou pour seconder l’armée régulière. On fait ça aussi pour être vus par le public».

La joute, même si ce n’est pas la vraie affaire, demeure rigoureuse et exige une discipline dans le mouvement des troupes. Seulement se déplacer avec un fusil mitrailleur de type C-9, qui peut tirer 10 balles à la seconde, qui n’est pas particulièrement léger, demande un certain entraînement.

C’est dans des occasions comme celle-là qu’on réalise que les reportages télévisés, provenant de régions où la guerre existe pour le vrai, ne disent pas tout sur les habiletés qu’un soldat doit développer pour être à l’aise avec son équipement, incluant une veste anti-déflagration.

Sauter en parachute, ça peut sembler agréable, mais, comme l’a confié un colonel sur place aujourd’hui, sauter en parachute quand il fait moins 52 C avec le vent, ce n’est pas une balade du dimanche !

«Une opération comme celle-ci, a souligné un autre militaire, ne comporte pas de tactique facilitée par la technologie. On sait que l’armée peut compter sur l’imagerie satellitaire pour parfaire ses stratégies ou même sur des drones. Il y a même aujourd’hui des mini-drones qu’on peut lancer avec la main pour nous permettre par exemple d’aller voir au-dessus d’une montagne».

Comme l’a dit un autre, il n’y a qu’un seul général qui n’a jamais été battu, c’est le général hiver. Napoléon n’a pas été capable, Hitler n’a pas été capable. «Le gros problème avec le froid, c’est que tu vas suer après avoir bougé. Et quand tu t’arrêtes, la sueur gèle sur ton corps».

Le major Bérubé, qui a commandé les attaquants, a noté que l’opération d’aujourd’hui a été plus courte que celle d’hier. «Aujourd’hui, ça nous a pris 30 minutes, hier ce fut la bataille durant trois heures. On aurait pu utiliser les bombes fumigènes mais c’était interdit parce que nous avions à traverser la rue et cela aurait créé des problèmes pour les automobilistes».

Le major Bérubé a aussi fait savoir que quelques réservistes reviendront sur les lieux lorsque la neige aura fondu afin de ramasser les douilles éparpillées sur le terrain, dont certaines qui n’ont pas explosé pourraient être dangereuses.

Un véhicule de 1,6 million $

Par ailleurs, une exposition était organisée sur le terrain du stationnement près de la Bibliothèque publique. Des armes, des vestes, des casques et, surtout, un véhicule TAP-V, ont attiré l’attention des curieux.

Le véhicule militaire, dont la valeur est estimée à 1,6 million $, n’est pas du genre à se promener n’importe où, surtout avec ses pneus de près de cinq pieds de haut pesant chacun 700 livres. «Quand on circule avec ça en zone civile, on ne peut dépasser la limite de 80 km/heure mais il peut atteindre la vitesse de 100 km/heure. Ça prend une bonne formation pour savoir le conduire. Il sert pour des patrouilles ou des reconnaissances et il peut tirer des grenades», a-t-on précisé.

Dans de telles circonstances de guerre simulée, ça ne prend pas beaucoup d’imagination pour se croire au milieu d’un conflit armé, odeurs de poudre comprises, et on se surprend à avoir une pensée pour les civils qui, comme en Syrie, doivent se cacher dans leurs caves pour éviter les bombes. À ce jeu-là, le but est de tuer.

C’est John Lennon qui avait raison : make love, not war. C’est vrai que c’est bien plus le fun !

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