L’anxiété n’a pas d’âge

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Par Cynthia Martel
L’anxiété n’a pas d’âge
Maude Trépanier, directrice de Marie-Rivier, Chantal Sylvain, directrice générale adjointe de la Commission scolaire des Chênes (CSDC) et directrice des services éducatifs aux jeunes, et Stéphane Guilbert, directeur de Jeanne-Mance. (Photo : Cynthia Martel)

Des études estiment que les troubles anxieux sont parmi les psychopathologies les plus fréquentes chez les enfants et adolescents, touchant plus de 10 % d’entre eux. À la Commission scolaire des Chênes (CSDC), le personnel est très sensible à ce problème de santé mentale bien présent.

Il n’existe pas de profil type de personnes souffrant d’anxiété. Chez les jeunes d’âge scolaire, l’anxiété peut être causée par plusieurs facteurs, par exemple, les relations interpersonnelles et amoureuses, le contexte familial, la performance sportive et académique et la nouveauté.

«Les parents anxieux peuvent également être une autre source pour l’enfant. On observe aussi de l’anxiété lorsque les parents exercent une pression sur leur enfant pour qu’il performe mieux. Souvent, ce n’est pas pour mal faire, c’est simplement parce que c’est important que leur enfant réussisse bien», indique Chantal Sylvain, directrice générale adjointe de la Commission scolaire des Chênes (CSDC) et directrice des services éducatifs aux jeunes.
Un trouble anxieux amène littéralement un dysfonctionnement chez le jeune affecté et son inquiétude devient disproportionnée aux situations qu’il vit.

Si elle est incapable d’identifier le nombre exact d’élèves affectés et confirmer que cette psychopathologie est en croissance, Mme Sylvain estime toutefois que l’anxiété est un «phénomène de société».

«Je crois bien que ce problème vient avec le rythme de vie que nous avons et toute la pression que nous subissons ou que nous nous mettons.»

Ce qui peut laisser croire que le nombre de cas est en augmentation, selon Mme Sylvain, c’est que depuis quelques années, il est plus facile de mettre des mots sur des manifestations et que les services sont beaucoup plus accessibles.

«Encore là, je ne peux pas confirmer qu’il y a plus de cas.»

De leur côté, Maude Trépanier et Stéphane Guilbert, respectivement directeurs des écoles secondaires Marie-Rivier et Jeanne-Mance, remarquent que les élèves inscrits à un programme particulier, notamment en sport-études et au programme d’éducation internationale (PEI), sont plus affectés.

«L’anxiété de performance chez les jeunes sportifs est bel et bien présente si l’on se fie aux cas référés aux professionnels, fait savoir Mme Trépanier. Ils sont souvent des personnes perfectionnistes.»

«C’est un peu la même chose pour les élèves en PEI, renchérit M. Guilbert. Ils sont compétitifs, ils ont le désir de bien performer et le dépassement de soi est bien important.»

Même constat au primaire : les enfants admis à un programme particulier sont plus susceptibles de développer un trouble anxieux, dans le contexte où les meilleurs de classe se retrouvent ensemble. Certains peuvent ainsi avoir de la difficulté à accepter d’avoir la plus basse note du groupe même si elle est en réalité très haute.
De surcroît, pour les enfants ayant des difficultés motrices et langagières, le monde scolaire s’avère très confrontant.

Des mesures d’aide bien en place

Diverses stratégies d’intervention sont préconisées à la commission scolaire et sont choisies en fonction de la forme d’anxiété, qu’elle soit primaire (trouble anxieux) ou secondaire (symptômes s’apparentant à un trouble anxieux, mais découlant d’autres difficultés vécues au quotidien).

Par exemple, les élèves anxieux bénéficient d’un accompagnement plus serré lors de la passation du primaire au secondaire. Ils peuvent entre autres, aller visiter l’école plusieurs fois pour mieux apprivoiser les lieux et ont droit à une rencontre hâtive avec le professionnel de leur future école.

Une attention particulière est également portée aux jeunes du primaire pour éviter que l’anxiété se cristallise.
De surcroît, il n’est pas rare que les enseignants fassent preuve de souplesse.

«Par exemple, si on est devant un élève qui est extrêmement angoissé avant sa production orale, le professeur peut proposer la récupération, c’est-à-dire que le jeune devra quand même la faire, mais devant deux ou trois élèves. La même chose si un élève pleure devant un examen et qu’il n’est pas capable de fonctionner. On ne lui laissera pas entre les mains. On lui proposera de le faire la semaine suivante. Par contre, toutes ces mesures sont prises en considérant qu’il ne faut pas faire de l’évitement, car ça va nuire à l’enfant. Il faut le faire progresser vers l’atteinte d’objectifs», laisse entendre Mme Trépanier.

À la CSDC, plusieurs professionnels sont qualifiés pour aider les enfants et leurs parents, mais lorsque ça dépasse leurs compétences, les cas sont référés à des professionnels externes du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.

Et comme le rappelle Mme Sylvain, la collaboration et l’écoute des parents sont primordiales, comme dans toute intervention d’aide, tout en étant consciente que ce n’est pas toujours facile.

«Parfois, ils n’ont pas la même vision que nous, mais il faut qu’ils sachent que nous voulons que le bien de leur trésor. De plus, c’est difficile pour des parents de concevoir que leur enfant n’est peut-être pas notre priorité numéro au moment où ils ont besoin d’aide. Nous avons des échelles de priorité selon les cas qui sont portés à notre attention», précise-t-elle.

Par ailleurs, elle remarque que de plus en plus de parents demandent la scolarisation à la maison, une solution pour calmer l’anxiété de leur enfant, selon eux.

Des ateliers

Depuis deux ans, des ateliers ont été mis sur pied à La Poudrière, Marie-Rivier et Jean-Raimbault. Donnés sur l’heure du dîner durant six semaines, ces ateliers sont adressés aux élèves ciblés par les professionnels (psychologue, psychoéducateur et travailleur social).

«La séance est divisée en deux parties, la première est consacrée aux échanges tandis que différents sujets sont abordés lors de la deuxième moitié, dont les perceptions par rapport au stress, les sources de stress, apprendre à mieux connaître les signes et comment les gérer, travailler les pensées et stratégies adaptatives, etc. Il y a de belles réussites», indique Maude Trépanier, directrice de Marie-Rivier.

Au terme des six semaines, des suivis individuels sont proposés, si nécessaire.

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